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Palestine à l’ONU: tour du monde des intentions de vote

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Jour J pour la Palestine. C’est aujourd’hui, jeudi 29 novembre 2012, que la demande officielle de la Palestine pour un rehaussement de son statut à l’ONU doit être examinée par l’Assemblée générale des Nations Unies. Les positions diplomatiques se précisent et les pays du monde s’engagent pour ou contre le projet de l’Autorité palestinienne.

Quatre clans se forment au sein de la communauté internationale autour de la demande de reconnaissance de la Palestine comme État non-membre observateur, un statut similaire à celui du Vatican.

Le groupe des « pour »

Dans le clan de ceux qui sont favorables à cette adhésion, la France fait figure de chef de file. Et, depuis la déclaration de Laurent Fabius lors des questions au gouvernement de l’Assemblée nationale, mardi 27 novembre, les pays européens sont nombreux à suivre le chemin emprunté par la France.

« Ce vote, nous allons le faire à la fois avec cohérence et avec lucidité. Vous savez que depuis des années et des années, la position constante de la France a été de reconnaître l’État palestinien. Cela a été vrai en 1982, avec le discours que François Mitterrand a prononcé à la Knesset. Cela a été vrai l’année dernière, lorsque la France a voté en faveur de la reconnaissance de la Palestine à l’Unesco. […] Jeudi ou vendredi prochains, quand la question sera posée, la France répondra oui, par souci de cohérence. […] Il faut faire preuve dans cette affaire de beaucoup de lucidité. […] Le moment où cette question va être proposée est un moment très délicat. C’est vrai, à la fois parce que le cessez-le-feu est extrêmement fragile, parce qu’il y a des élections israéliennes, parce qu’il y a un changement dans la composition de l’Administration américaine », a déclaré Laurent Fabius devant les députés.

Son homologue espagnol, José Manuel Garcia-Margallo s’est également exprimé devant les députés, affirmant la position de l’Espagne en faveur de cette adhésion.

« L’Espagne votera demain oui à la demande palestinienne, en cohérence avec notre histoire et parce que nous croyons que c’est la solution la plus adéquate pour nous rapprocher de la paix », a ainsi déclaré le ministre des Affaires étrangères.

Même son de cloche au Danemark,Villy Soevndal, ministre des Affaires étrangères, a déclaré, dans un communiqué de presse : « Je suis heureux d’annoncer que le Danemark votera pour [lors du] vote de jeudi. »

« Il est évident que les Palestiniens souhaitent depuis longtemps un statut rehaussé d’État observateur non membre aux Nations unies, et une résolution a finalement été présentée après plusieurs semaines de discussions », a-t-il écrit. « C’est un texte modéré qui souligne le besoin de négociations de paix et une solution négociée de deux États qui garantit aux Palestiniens un État sûr, viable, aux côtés d’Israël. »

Malgré sa traditionnelle neutralité, la Suisse a pris position en faveur de l’adhésion de la Palestine à l’ONU. Par un communiqué de presse, le Conseil fédéral helvétique a affirmé que « ce changement de statut, d’entité avec un statut d’observateur à celui d’État observateur, doit permettre de revitaliser le concept de la solution à deux États dans la perspective des négociations de paix israélo-palestiniennes. »

La Chine et la Russie, deux membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, ont également affiche leur position en faveur de l’adhésion de la Palestine.

Pékin a ainsi estimé que la demande de la Palestine était un « droit légitime inaliénable » des Palestiniens.

Moscou a pour sa part fait savoir, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Alexandre Loukachevitch, que la Russie soutiendrait également la demande palestinienne.

« Nous reconnaissons la Palestine en tant qu’État et soutenons sa demande. Telle est notre position », a déclaré Alexandre Loukachevitch.

Le groupe des « contre »

La Palestine devra néanmoins se confronter à un groupe de pays défavorables à sa demande. Parmi eux, les États-Unis, membre permanent du Conseil de sécurité.

Fervents alliés d’Israël, les États-Unis bataillent contre la reconnaissance de la Palestine. Victoria Nuland, porte-parole du département d’État, a ainsi déclaré devant des journalistes : « Nous sommes opposés à toute prise de position à l’Assemblée générale qui, de notre point de vue, rendrait la situation encore plus compliquée. »

Dans l’Union européenne, l’Allemagne vient soutenir les États-Unis et le ministre des Affaires étrangères, Guido Westerwell a fait savoir que son pays soutiendrait Israël, expliquant : «  je ne veux pas faire planer le doute : la sécurité d’Israël est un intérêt national pour l’Allemagne. »

Selon de nombreuses sources, les États-Unis s’activeraient en coulisse pour convaincre certains États encore indécis de se joindre à leur cause.

Le groupe des « peut-être »

Et ces hésitants sont encore nombreux.

Parmi eux, le Royaume-Uni a indiqué n’avoir pas encore pris de décision définitive. Mardi 27 novembre, l’ambassadeur britannique Mark Lyall Grant a ainsi indiqué que le Royaume-Uni poursuivait ses discussions avec le président palestinien Mahmoud Abbas avant de prendre sa décision.

« Nous discutons de manière intensive avec l’Autorité palestinienne à la fois à New York et à Ramallah », a déclaré Mark Lyall Grant à des journalistes.

En Australie, la question paraissait tranchée, pourtant, la Première ministre Julia Gillard serait en train de revenir sur sa décision. Dans un communiqué, cette dernière a affirmé vouloir soutenir la cause palestinienne, mais être dans l’inquiétude de voir la communauté internationale s’impliquer dans un conflit qui doit être réglé de manière bilatérale entre Israël et les Palestiniens. L’Australie pourrait donc être amenée à s’abstenir.

Le groupe des abstentionnistes

Les Australiens rejoindraient ainsi un quatrième groupe, composé des pays qui ne souhaitent pas prendre position dans ce débat.

La Belgique a affirmé qu’elle s’abstiendrait de toute position, annonçant vouloir le redémarrage des négociations entre Israéliens et Palestiniens avant d’envisager la reconnaissance de l’État.

Dans l’Union européenne, la Belgique est rejointe dans ce choix par la Bulgarie, la Slovaquie, la Lituanie, la Lettonie, l’Estonie et la Roumanie.

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