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Sensibles manœuvres pour François Hollande en Arabie Saoudite

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Après une première épreuve africaine, François Hollande s’apprête à marcher sur des œufs, quelques kilomètres plus à l’est, à l’occasion de sa première visite en Arabie Saoudite, le 4 novembre prochain.

Alors qu’il se rend à Vientiane, au Laos, à l’occasion du 9ème Sommet Asie-Europe, qui se tiendra le 5 novembre, François Hollande fera une escale dans le royaume wahhabite où il rencontrera le très malade roi Abdallah ben Abdel Aziz ainsi que son éventuel successeur, le prince Salmane, actuel ministre des Affaires étrangères.

Un contrat saoudien à 1 milliard d’euros

À l’occasion de cette première visite de courtoisie du mandat du président, François Hollande sera chargé de négocier le bon déroulement de la signature d’un contrat de défense juteux, puisqu’il s’élève à 1 milliard d’euros sur cinq ans.

Le groupe naval DCNS est sur le qui-vive, si tout se passe comme prévu depuis plusieurs mois, l’Arabie Saoudite devrait apposer sa signature en bas du contrat LEX (Life Extension Sawari 1). Ce contrat vise la modernisation de quatre frégates de classe Al Medinah et de deux pétroliers-ravitailleurs de classe Baraida.

Tous ces engins ont été mis en service dans les années 1985-1986, lors de l’entrée en vigueur du contrat Sawari 1. Alors que cette signature devait avoir lieu au printemps dernier, avant le début du Ramadan, la France espère désormais pouvoir conclure les derniers détails peu après la visite de François Hollande.

Des accords privilégiés

Mais la France voit plus loin, et derrière ce contrat, plusieurs autres signatures seront sans doute négociées durant cette rapide visite. En commercial spécialisé défense, François Hollande sera chargé de défendre l’industrie française sur un nouveau contrat de modernisation, Sawari II, qui pourrait prendre effet dans trois ou quatre ans.

Enfin, il y a également l’espoir de voir naître Sawari III, un contrat qui viserait la vente d’au moins six frégates multimissions Fremm. L’Arabie Saoudite a déjà fait part de son désir d’en acquérir, ne reste désormais qu’à conclure les termes de l’accord.

Une bonne occasion de rupture

C’est donc plein de bonne volonté que François Hollande atterrira à Ryad, le 4 novembre prochain. Animé par la volonté de prouver son volontarisme pour défendre la France, mais également par la possibilité de se démarquer de Nicolas Sarkozy.

S’il voulait créer la rupture avec son prédécesseur, François Hollande trouvera dans son voyage une bonne occasion de renouer avec un pays qui, depuis cinq ans, avait été mis légèrement à l’écart de la diplomatie française. On dit que Nicolas Sarkozy préférait le dynamisme de l’émir du Qatar au vieux roi saoudien ; François Hollande a désormais l’occasion de renouer avec la pétromonarchie.

La diplomatie à l’épreuve du feu et des armes

Mais, tout comme durant son voyage en Afrique, François Hollande devra ménager les intérêts de toutes les parties, tout en faisant passer quelques messages.

Les dossiers syrien et malien, s’ils ne sont pas abordés lors de cette courte visite, ne seront pour autant pas ignorés des deux parties.

Au Mali, où la France s’est récemment prononcée en faveur d’une action militaire internationale pour libérer la partie Nord du pays des mouvements islamistes qui l’ont investie depuis le coup d’État du 22 mars dernier, l’Arabie Saoudite est également présente, non pas du côté du gouvernement instable de Bamako, mais bien du côté des islamistes. Il est de notoriété publique que les riches pétromonarchies, qu’il s’agisse du Qatar ou de l’Arabie Saoudite, viennent en aide, à grands renforts de dollars, aux mouvements islamistes, qu’il s’agisse de fonds directs, où injectés indirectement par le biais d’associations humanitaires.

Une mission de diplomate au service des hautes sphères de l’ONU

Le scénario est quasiment le même en Syrie, où la France s’évertue à appeler à la formation d’un gouvernement provisoire, option inenvisageable actuellement, en face d’une Arabie Saoudite qui, au-delà du soutien des mouvements d’opposition, s’est, depuis plusieurs mois de conflit, fait remarquer en fournissant armes et argent aux rebelles syriens.

Sur ce sujet, l’envoyé spécial de l’ONU, Lakhdar Brahimi, lors de sa visite à l’Élysée le 20 août dernier, a pressé le président français d’agir auprès des pétromonarchies sunnites et islamo-sensibles, afin de leur demander d’arrêter de soutenir, concrètement et matériellement, les mouvements d’opposition en Syrie.

Sensible mission pour le président de la République lors de ses premiers pas à Ryad. Une mission d’autant plus sensible qu’il est sans doute compliqué de demander à quelqu’un qui vous offre un milliard, d’arrêter d’utiliser ses autres milliards pour défendre des mouvements que vous mettez tout en œuvre pour combattre.

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