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Livraison d’armes en Syrie: comment les rendre périssables?

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Fournir des armes aux rebelles syriens. Depuis quelques jours, les diplomaties française et britannique se sont engagées, à leur manière, à tenter de résoudre la crise syrienne, non par la diplomatie, qui a maintes fois montré ses limites depuis deux ans de conflit, mais par la guerre.

Des armes qui pourraient se retrouver entre de mauvaises mains

« On ne peut pas accepter qu’il y ait ce déséquilibre actuel avec, d’un côté, l’Iran et la Russie qui livrent des armes à Bachar al-Assad et, de l’autre, des résistants qui ne peuvent pas se défendre, » a ainsi déclaré jeudi 14 mars Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères, sur France Info.

« Nous souhaitons que les Européens lèvent l’embargo. Nous sommes prêts à soutenir la rébellion, donc nous sommes prêts à aller jusque-là. Nous devons prendre nos responsabilités, » a pour sa part affirmé François Hollande, lors de son arrivée à Bruxelles, à l’occasion d’un sommet européen.

Depuis, les spécialistes et experts de la question syrienne et terroriste ont tenté de mettre en garde les politiques : les armes livrées aux rebelles pourraient bien se retrouver, et très rapidement, entre de mauvaises mains.

Pour exemple : la Libye. Pour défaire Mouammar Kadhafi, la France et ses alliés occidentaux ont arrosé les insurgés d’armes qui se trouvent aujourd’hui dans les mains des groupuscules terroristes au nord du Mali. Ces armes ont déjà fait cinq morts dans les rangs de l’armée française, beaucoup plus chez les soldats des armées africaines qui combattent également sur le sol malien.

Des armes sensibles et délicates

Une idée a alors émergé, celle des armes périssables. Des armes qui pourraient avoir une durée de vie limitée, au moins pour certains composants, et qui permettraient à l’Occident de se protéger contre des insurgés mal intentionnés, comme il y en a de nombreux en Syrie. Venus d’Arabie Saoudite, du Qatar ou d’ailleurs, les djihadistes sont nombreux dans le conflit syrien.

Certaines armes, telles que les « Manpads », une arme anti-aérienne individuelle et portable, sont dotées de pièces très délicates. Ces composants peuvent se détériorer rapidement et devenir inutilisables si elles ne sont pas utilisées et entreposées avec soin.

« On ne peut pas faire n’importe quoi avec : il faut les entreposer dans des endroits où elles ne vont pas subir des conditions météo trop dures, les batteries sont fragiles, il faut les remplacer assez souvent. Elles se déchargent rapidement et se détériorent facilement, » indique ainsi un ancien chef d’un service français de renseignements à l’AFP.

Rendre une arme périssable

Les experts français et britanniques envisagent également de livrer aux rebelles syriens des armes qui auraient été préalablement modifiées afin de les rendre périssables.

« Il est envisageable de doter ces armes de pièces qui deviennent inutilisables au bout d’un moment, ou les équiper d’un mini-logiciel qui au bout d’un certain temps fait que par exemple vous ne pouvez plus viser. Cela existe déjà sur des systèmes d’armes beaucoup plus sophistiqués et chers, c’est ce que l’on appelle le code-source, ce qui permet d’accéder à la programmation des systèmes d’armes, » indique encore le spécialiste à l’AFP.

Pour contrôler, ou au moins avoir une idée de l’emplacement de l’arme, une puce GPS pourrait être installée dans l’arme. Il est également possible, selon plusieurs experts, d’incruster dans une arme une pièce électronique, une sorte de chronomètre, qui impliquerait qu’au terme de la durée de vie choisi, l’arme devient inutilisable dans l’état.

Les risques restent grands

Si les idées sont nombreuses, les risques n’en sont pas moins grands. La circulation des armes dans cette région est rapide, encore plus lorsque ces dernières sont portables et donc facilement transportables.

Alors que la Grande Bretagne et la France sont déterminées à demander à l’Union européenne de lever l’embargo sur la livraison d’armes en Syrie, les experts s’activent pour trouver une méthode efficace afin de ne pas risquer d’embraser cette région du monde contre l’Occident.

Une méthode qui, pour de nombreux spécialistes, n’existe pas encore.

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