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Pourquoi le Golfe soutient l’armée en Egypte et la combat en Syrie

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Pour de nombreux habitants des pays du Golfe, la politique étrangère de leur gouvernement est aujourd’hui un mystère. En effet, dans ces deux pays en crise, les chefs d’Etats des pétromonarchies de la péninsule arabique tiennent deux discours radicalement différents.

Alors qu’ils condamnent de concert le régime dictatorial de Bachar al-Assad, ils apportent sans compter leurs dollars un soutien des plus affichés au nouveau gouvernement égyptien, soutenu par l’armée putschiste, rapporte Courrier International dans un article récemment publié. Et si la politique du Golfe envers la Syrie est largement comprise et suivie par les populations des différents pays, elle l’est beaucoup moins lorsqu’il s’agit de l’Egypte.

En Syrie, l’armée est une menace pour la paix

En Syrie, le Conseil de coopération du Golfe (CGC), réclame une intervention en Syrie, et ce en vertu de l’article 7 de la charte des Nations Unies qui stipule qu’une opération militaire peut être justifiée lorsqu’un pays représente « une menace contre la paix, de rupture de la paix et d’agression ».

Et c’est donc en réaction à l’attaque à l’arme chimique qu’aurait commise le régime de Bachar al-Assad que les pays du Golfe ont officiellement demandé une intervention armée.

La diplomatie du Golfe envers la Syrie est sans équivoque et témoigne également des complications existantes entre la plupart des pétromonarchies et l’Iran, fervent allié de Damas dans la région.

« Dans ces pays à dominante sunnite, le sentiment est répandu qu’en Syrie se joue une guerre par procuration avec l’Iran chiite, et l’opinion est très mobilisée en faveur de l’opposition syrienne », explique ainsi Courrier International dans son article.

Ces relations plus que tendues entre les pays du Golfe ont récemment été illustrées par la campagne anti-Iran lancée en juin dernier par le Koweit ou encore par les propos du ministre saoudien des Affaires étrangères qui a récemment condamné « l’occupation » iranienne en Syrie.

En Egypte, le Golfe apporte son soutien aux militaires putschistes

Et si les populations du Golfe soutiennent largement leurs gouvernements dans cette politique anti-syrienne, qui se traduit en fait par une guerre du sunnisme contre le chiisme iranien, elles sont beaucoup plus dubitatives lorsqu’il s’agit de la politique menée vis-à-vis de l’Egypte.

« L’armée syrienne combat le peuple syrien; l’armée égyptienne combat le peuple égyptien », estime ainsi un opposant koweïtien, dans un tweet repris par Courrier International.

En effet, dès le lendemain du coup d’Etat du 3 juillet dernier et immédiatement après la nomination d’Adly Mansour à la tête de l’Egypte, les pays du Golfe se sont bousculés pour afficher leur soutien au nouveau président.

Alors que les Etats-Unis s’interrogeait pour savoir s’ils continueraient à financer l’armée égyptienne, les pays du Golfe, Arabie Saoudite en tête, ont immédiatement annoncé que si les Américains se retiraient d’Egypte, le Golfe prendraient le relais immédiatement pour donner à l’armée les subsides dont elle a besoin pour fonctionner – l’aide américaine représente 80% de l’équipement militaire égyptien annuel.

Même le Qatar, qui soutenait pourtant le président Mohamed Morsi et les Frères musulmans au pouvoir s’est rapidement rapproché des laïcs revenus au gouvernement faisant, au passage, de l’Egypte un nouveau champ de bataille entre l’Arabie Saoudite et le Qatar.

« Le sens donc qu’il convient de donner à l’actualité syrienne d’un côté, égyptienne de l’autre, ou bien aux deux ensemble, représente un énorme enjeu pour le débat en cours dans le monde arabe, et plus particulièrement dans les pays du Golfe – Arabie Saoudite en tête », conclut finalement l’article de Courrier International. « Et ce d’autant plus que le régime saoudien se conçoit de plus en plus comme la puissance tutélaire du monde arabe postrévolutionnaire, tandis que les opposants saoudiens font preuve d’un grand dynamisme pour se saisir de ces questions et pour se faire entendre, y compris au-delà ses frontières de leur pays ».

> Lu sur Courrier International

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