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Armes chimiques: le monde et la Syrie séduits par la proposition russe

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La résolution de la crise syrienne a pris un nouveau tournant, lundi 9 septembre au soir, et l’hypothèse d’une frappe internationale menée par les Américains et les Français sur le sol syrien semblerait même s’éloigner, si la proposition russe de placer le stock d’armes chimiques syriennes sous contrôle international était finalement acceptée par les Etats-Unis.

Les Américains intéressés par la proposition russe

L’annonce russe intervient alors même que les membres du Congrès américain étaient réunis à l’occasion de leur rentrée parlementaire et pour commencer trois jours de débat demandés par le président Barack Obama sur l’éventualité d’une frappe militaire en Syrie.

La proposition russe a, pour le moment, été bien acceptée par les Américains, tel qu’en témoigne le commentaire d’Hillary Clinton, ancienne secrétaire d’Etat américaine. « Si le régime mettait immédiatement ses stocks sous contrôle international, ce serait une étape importante », a-t-elle déclaré à la presse, alors même qu’elle venait juste de rencontrer le président américain à la Maison Blanche.

Pourtant, la mise en œuvre de ce contrôle international ne doit pas, ajoute-t-elle, « être une nouvelle excuse pour un délai ou une obstruction ».

L’Europe pourrait également soutenir cette offre

Côté français, la proposition russe est également étudiée avec attention. Et pour que cette démarche soit mise en œuvre, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a déclaré que le régime syrien devait avant tout donner « des engagements précis, rapides et vérifiables » à la communauté internationale.

Même son de cloche côté allemand. La chancelière Angela Merkel qui, dès les premières volontés d’intervention armée des Américains et des Français, a annoncé que les Allemands n’interviendraient pas en Syrie, a jugé la proposition russe « intéressante ».

Le plus important stock d’armes chimiques du Moyen Orient

Bien que peu de chiffres soient disponibles concernant l’arsenal chimique syrien, celui-ci est considéré comme l’un des plus importants du Moyen-Orient. Le régime de Damas n’a jamais signé la Convention sur l’interdiction des armes chimiques.

L’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), en charge de contrôler l’application de cette charte, n’a donc pas de contrôle sur la politique syrienne en matière de fabrication de ces armes.

En dehors du mélange des agents chimiques du gaz sarin, la Syrie possèderait du gaz moutarde. Ce dernier, comme le gaz sarin, fait partie de la famille des organophosphorés, une nature de gaz particulièrement efficace et toxique.

C’est ce stock d’armes chimiques qui pourrait désormais être placé sous contrôle international, puis détruit, selon une annonce surprise du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.

Le régime syrien accueille « favorablement » cette demande

Le régime syrien a accueilli « favorablement » la proposition russe, selon une déclaration du ministre des Affaires étrangères, Wallid Mouallem.

Une bonne volonté qui a été immédiatement enregistrée par le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, qui a appelé à la création de zones supervisées par les nations Unies dans lesquelles pourraient être stockées ces armes avant d’être détruites.

« J’étudie la possibilité de demander de manière urgente au Conseil de sécurité d’exiger le transfert immédiat des stocks d’armes et de précurseurs chimiques dans des zones en Syrie où ils pourraient être entreposés en sûreté et détruits », a indiqué Ban Ki-moon.

Menaces syriennes vers les Etats-Unis

Le matin qui a précédé la proposition russe, le président Bachar al-Assad s’était de nouveau montré menaçant à l’égard de Washington, appelant Barack Obama à la prudence dans une région « perpétuellement au bord de l’explosion » où les conflits peuvent s’enchaîner les uns après les autres.

« Le gouvernement syrien n’est pas le seul acteur de la région », a encore souligné le président syrien. « Il y a différentes parties, différentes factions, différentes idéologies ». « Si vous n’êtes pas prudents, vous en paierez le prix », a encore ajouté Bachar al-Assad, faisant notamment référence aux attentats du World Trade Center.

« Je ne suis pas devin, je ne peux pas vous dire ce qui va arriver » mais une attaque américaine reviendrait à mener « une guerre qui va aboutir à soutenir Al-Qaïda et les gens qui ont tué des Américains le 11 septembre ».

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