Site icon La Revue Internationale

Conseil de sécurité de l’ONU: la réforme ou la mort…

conseil-de-securite-onu.jpgconseil-de-securite-onu.jpg

Sur le plan diplomatique, le G20 de Saint-Pétersbourg ne mérite qu’un seul qualificatif, celui de désastre ! Plus que jamais, c’est la paralysie au sommet et aucun des outils régulant les relations internationales ne paraît en mesure de réconcilier des positions, en apparence, toujours plus irréconciliables.

[image:1,l]

Cela fait maintenant deux ans – bien avant les attaques chimiques du 21 août dernier – que, confrontée à l’horreur en Syrie, l’ONU démontre son impotence, son incompétence à remplir sa mission de maintien de la paix à travers le monde. D’un côté, la Russie résolue à soutenir un régime si bon client de son industrie militaire et aidée en cela, en sous-main, par la Chine. De l’autre, trois démocraties désespérées de « punir » un despote populicide. Et, au milieu, nul part, l’Organisation des Nations-Unies, dont l’inutilité risque, chaque jour davantage, d’en faire le fossoyeur d’un semblant d’ordre international…

Il est temps que cela cesse…

La question n’est plus seulement de savoir s’il faut, ou non, intervenir en Syrie. A titre personnel, j’y suis opposé, convaincu que nous nous trompons d’ennemi et, qu’en l’absence – regrettable – d’une opposition démocratique et laïcisée, « punir » Bachar al-Assad – sans être parvenu à convenir d’une solution pour l’après – c’est donner les clés de la Syrie aux islamistes radicaux en général et à Al-Qaïda en particulier, c’est prendre le risque de déséquilibrer tout le Moyen-Orient et d’offrir à la « peste verte » un atout considérable dans le combat de longue haleine qui l’oppose à la civilisation. Mais, ce n’est plus le problème principal…

Barack Obama et François Hollande peuvent agiter leurs sabres de bois, déplacer quelques destroyers et faire chauffer les moteurs de leurs mirages, leur capacité à interrompre le calvaire des Syriens apparaît bien faible. Et les deux chefs d’Etat prendraient une bien grande responsabilité devant, s’ils convenaient d’agir en dehors du droit international.

Désormais, l’enjeu est clair, il est urgent. A partir du milieu de la semaine prochaine, Barack Obama et François Hollande auront une opportunité pour métamorphoser le fiasco syrien en un succès historique. A New York, s’ouvrira l’Assemblée générale annuelle des Nations-Unies et les « va-t-en-guerre » franco-américains doivent profiter de  cette occasion pour en appeler à une réforme profonde et immédiate du fonctionnement des structures onusiennes, une question de vie ou de mort à courte ou moyenne échéance pour l’ONU.

Le Conseil de sécurité « modèle 1945 » a vécu

Rien ne peut plus justifier aujourd’hui le droit de véto dont disposent au sein de l’instance suprême de l’ONU, son bien mal nommé Conseil de sécurité, les cinq puissances « vainqueurs » de la Deuxième guerre mondiale, Etats-Unis, Royaume-Uni, France, Russie et Chine. Rien.  

Comment tolérer que des pays ayant d’aussi piètres records en matière de démocratie ou encore de droits de l’Homme – je pense à la Chine et à la Russie -, des oligarchies corrompues – je pense toujours à la Chine et à la Russie – puissent à perpétuité avoir carte blanche pour déterminer la nécessité d’un engagement international en faveur de la résolution d’une crise ? Comment comprendre que la plus grande démocratie au monde, l’Inde, n’ait pas voix au chapitre ? Ou qu’aucune nation musulmane n’ait une telle autorité ? Et, comble du comble, pourquoi aucun des 54 pays africains ne détient-il un droit de veto alors que plus des trois-quarts des débats du Conseil sont précisément consacrés à l’Afrique ?

L’ONU de 1945, c’était un club de 50 membres. Aujourd’hui, l’organisation compte 193 membres et plus de 70 d’entre eux n’ont même jamais été invités à siéger pour deux ans, sans droit de veto, aux côtés des membres permanents du Conseil de sécurité… La structure de l’ONU en 2013 est anachronique, dépourvue de représentativité, insultante et porte atteinte à l’autorité et la légitimité de l’ensemble de l’organisation. La réforme est urgente. Pire, elle ne peut plus attendre et les dites « grandes puissances » s’honoreraient à en prendre immédiatement l’initiative dans un même mouvement d’unanimité rare.

Les voies de la réforme

La solution la plus à même d’être menée à bien consisterait sans doute à créer une seconde catégorie de membres permanents, dépourvus d’un droit de veto, puis, progressivement, de retirer le droit de veto aux membres historiques.

La sélection des « nouveaux » membres permanents devrait assurer une représentation aussi équitable des grands ensembles régionaux et des différents « groupes » au sein de l’Assemblée générale. Le Conseil de sécurité deviendrait alors, un peu, l’équivalent du bureau d’une assemblée parlementaire où siègent les chefs des différentes factions représentées. C’est simple, c’est démocratique. En cas de blocage – ou en l’absence du compromis indispensable à la réforme, un « bras de fer » pourrait s’instaurer et le débat se trouverait transposé devant l’Assemblée générale.

Si le statu quo est, à bien des égards, mortifère, la réforme n’est possible que si persiste la volonté de préserver un semblant d’ordre international. Dans le cas contraire, nous assisterions au triomphe du désordre, au retour de la canonnière. Et chacun sait où cela a conduit le monde, où cela le conduirait…  

Quitter la version mobile