Site icon La Revue Internationale

L’Arabie Saoudite, le nouveau partenaire privilégié de la France?

[image:1,l]

C’est la deuxième fois depuis son arrivée à l’Élysée que François Hollande se rend en Arabie Saoudite. Dimanche 29 décembre, le président français, accompagné de quatre ministres, a atterri à Riyad pour une visite officielle de deux jours dans le royaume afin de discuter des tensions qui ébranlent le Moyen-Orient – et d’évoquer plusieurs projets commerciaux.

Dernière visite officielle de l’année

C’est dans un climat de bonne entente et de coopération renforcée que s’est déroulé le dernier voyage officiel de l’année 2013.

Un an après avoir déjà rencontré le roi Abdallah d’Arabie Saoudite afin d’« établir des relations personnelles » avec lui, François Hollande a de nouveau été reçu par le roi dimanche soir dans son palais privé de Rawdat Khurayim, situé à 60 kilomètres de la capitale saoudienne.

Le tournant saoudien ?

Après une priorité donnée au partenariat avec le Qatar sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, considéré comme un « cheval fougueux » par le roi Abdallah, la France semble désormais, de l’avis des observateurs, se tourner vers l’Arabie Saoudite, au premier plan dans la gestion des conflits au Moyen-Orient.

« Si le choix se fait sur l’Arabie saoudite, le tournant saoudien c’est sans doute aussi parce que l’Arabie saoudite a repris la main sur les crises régionales, avec un effacement relatif du Qatar justement compte tenu de certains échecs qui ont pu être les siens dans la crise syrienne en particulier », explique David Rigoulet-Roze, chercheur à l’Institut français d’analyse stratégique (Ifas), interrogé par RFI.

Coopération renforcée

Au cours de l’entretien entre les deux dirigeants, « les positions convergentes » des deux pays au sujet des crises en Syrie, au Liban et en Iran ont ainsi été évoquées par l’entourage du président français et confirmées par François Hollande.

« Depuis plusieurs mois, notre coopération s’est renforcée », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse dimanche soir, soulignant que celle-ci s’était d’abord construite « par une compréhension commune des crises régionales ».

L’armée libanaise soutenue par la France et l’Arabie Saoudite

Des crises régionales qui ont récemment connu un regain de violence après l’assassinat vendredi à Beyrouth de Mohammad Chatah, un proche de l’ancien Premier ministre libanais Saad Hariri, hostile au régime syrien de Bachar al-Assad. Le président français s’est ainsi engagé à continuer de soutenir l’armée libanaise.

« La France, depuis déjà longtemps, mais encore récemment, équipe l’armée libanaise et entendra répondre à toutes les sollicitations qui lui seront adressées », a-t-il déclaré, ajoutant que « la sécurité du Liban doit être assurée ». Une position appuyée par l’Arabie Saoudite qui, selon le président libanais Michel Sleimane, se serait engagée à donner trois milliards de dollars à l’armée libanaise afin qu’elle puisse se procurer des armes françaises.

Après avoir rencontré dimanche soir Saad Hariri à qui il a présenté ses condoléances, François Hollande s’est ensuite entretenu avec le chef de l’opposition syrienne, Ahmed Jarba, invitant l’opposition syrienne à participer à la conférence de paix « Genève 2 » prévue au mois de janvier.

Convergence – de principe – sur la Syrie

Tous deux inquiets des possibles « manœuvres » de l’Iran, qui utiliserait son programme nucléaire à des fins militaires, capable d’interférer négativement dans le conflit syrien, François Hollande et le roi Abdallah ont évoqué leur accord de principe sur la question syrienne.

Soulignant la « sagesse précieuse » du roi saoudien, le président français a réitéré la volonté des deux pays de « chercher une solution politique » à la crise, en soutenant « l’opposition modérée » et en favorisant la transition « qui ne doit pas aboutir à une prolongation » du régime d’Assad.

Ombres au tableau

Une divergence de points de vue au sujet du soutien à l’opposition syrienne existe cependant entre les deux pays.

Comme le souligne Georges Malbrunot sur Le Figaro, « alors que l’Arabie saoudite se déclare favorable à des livraisons d’armes aux rebelles – y compris aux islamistes qui viennent de s’emparer du QG de l’Armée syrienne libre (ASL) – la France elle est beaucoup plus réticente, accusant même parfois mezza voce Ryad de jouer « un double jeu » , en aidant tout à la fois les modérés de l’ASL et les radicaux salafistes qui ont le vent en poupe en Syrie ».

Autre ombre au tableau : l’Égypte, dont le soutien inconditionnel de l’Arabie Saoudite au nouveau pouvoir continue d’être rejeté par la France.

Premier client de la France au Moyen-Orient

Outre le volet diplomatique, les deux pays ont également évoqué la « bonne santé » de la coopération économique. François Hollande, accompagné de ses ministres Laurent Fabius (Affaires étrangères), Arnaud Montebourg (Redressement productif), Nicole Bricq (Commerce extérieur) et Jean-Yves le Drian (Défense), a ainsi rappelé que l’Arabie Saoudite était devenue « le premier client de la France au Moyen-Orient ».

Les échanges commerciaux ont d’ailleurs dépassé les 8 milliards d’euros en 2013, dont 3 milliards d’exportations françaises. Plusieurs projets menés par des entreprises françaises ont ainsi abouti en Arabie Saoudite, comme le métro de Ryad (Alstom), une usine de dessalement d’eau de mer (Veolia) et la mise à niveau de la flotte saoudienne (DCNS, Thales et MBDA).

Aucun contrat n’a cependant été conclu lors de cette visite, même si le président français a souligné de « belles perspectives » pour l’année à venir, concernant notamment les secteurs des transports, de l’aéronautique et du nucléaire.

Quitter la version mobile