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Les Kurdes, un peuple, de multiples religions

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(Photo : Sadik Gulec/Shutterstock.com)

Au cœur de l’actualité depuis qu’ils sont en première ligne face à l’Etat Islamique, les Kurdes d’Irak se posent en défenseur du territoire qu’ils revendiquent et des minorités religieuses qui tapissent leur pays. Derrière l’actualité, la question des revendications kurdes apparaît également. Considéré comme le plus grand peuple apatride du monde, les Kurdes se battent en effet pour la création d’un grand Kurdistan, qui réunirait leur peuple, actuellement divisé entre l’est de la Turquie, le nord-ouest de l’Iran, le nord de l’Irak et l’est de la Syrie.

Les Kurdes sont d’abord une culture

Un grand Kurdistan qui réunirait tous ceux qui se réclament de la culture kurde et dans cette culture, il n’y a pas une mais plusieurs religions.

En effet, si les Kurdes, qui seraient environ 35 millions, selon une moyenne des estimations qui sont souvent données, partagent une même culture, il n’en n’est pas de même pour la religion.

Bien entendu, 80% d’entre eux sont musulmans et pratiquent principalement un islam sunnite, toutefois différent de celui adopté dans la plupart des pays arabes tandis que certains sont chiites.

Comme le soulignait récemment Kendal Nezan, directeur de l’Institut kurde de Paris pour Le Monde, « chez les Kurdes, le ciment de l’identité n’est pas la religion mais la langue et la culture ». Parmi les 20% de Kurdes non-musulmans, on trouve alors des Yézidis, cette minorité qui, en Irak, a été une des cibles principales de l’Etat Islamique, des Alévis, des Juifs et des Chrétiens.

Les Yézidis, première cible de l’Etat Islamique

Les Yézidis seraient environ 500 000 dans le nord de l’Irak, à la frontière syrienne. Monothéistes, ils sont adeptes d’une religion vieille de plus de 6 000 ans selon leur calendrier, tirant ses racines de l’Iran ancien, proche du zoroastrisme et issue d’un syncrétisme religieux (certains de leurs rites sont proches du christianisme ou du soufisme).

Considérés comme des « hérétiques » par les djihadistes de l’Etat islamique, ils vivent désormais sous la menace de l’extermination des extrémistes sur les territoires irakien et syrien. Hors de l’Irak, les Yézidis seraient également 150 000 en Syrie et 100 000 en Turquie.

Alévis, chrétiens ou juifs

Les Alévis sont également musulmans. Ils seraient entre 10 et 15 millions en Turquie et représentent ainsi la seconde religion du pays. Leur mode de vie et de pratique religieuse a de quoi surprendre dans une région où l’islam rigoriste s’étend. Considéré comme un courant progressiste de l’islam, l’alévisme est une branche du chiisme. Les alévis, qui se définissent souvent comme « libéraux », « laïcs » et « démocrates » n’enracinent pas leur religion sur le Coran mais sur le prophète Mahomet et son gendre Ali.

Les cinq piliers de l’islam ne sont pas non plus les leurs. Ils ne pratiquent pas le Ramadan, n’ont pas l’obligation de prier cinq fois par jour et n’ont pas à effectuer le Hajj (pèlerinage musulman de La Mecque).

Les Kurdes chrétiens sont catholiques, assyriens, chaldéens ou syriaques et seraient environ 150 000. Enfin, s’il y avait auparavant une communauté kurde juive de 25 000 personnes, ces derniers ont aujourd’hui tous fui vers Israël, l’Australie ou les Etats Unis.

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