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Nucléaire iranien: nouveau report pour le compromis

La date butoir du 30 juin ne faisait visiblement pas illusion : la moitié des ministres des Affaires étrangères des grandes puissances impliquées n’étaient même pas présents. Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius initialement attendu à Vienne n’est finalement pas revenu en Autriche tout comme ses homologues britannique et chinois. Seuls étaient présents le Russe Sergeï Lavrov, l’Allemand Franck Walter Steinmeir et bien sûr le secrétaire d’Etat américain John Kerry. Les trois ministres se sont entretenus avec le diplomate en chef iranien, Mohamed Javad Zarif rentré tout juste de Téhéran où il s’était rendu le week-end dernier pour des consultations. Yukiya Amano, le chef de l’Agence internationale de l’Énergie atomique (AIEA), a également rejoint le table des négociations, et il est préssenti comme ayant à jouer un rôle crucial de vérification en cas d’accord. La rallonge de ces laborieux pourparlers a été annoncée, mardi en fin de journée, par Marie Harf, la porte-parole du département d’Etat américain.

Les discussions sans précédent entre Téhéran et le P5 + 1 ont donné lieu en novembre 2013 à un accord intérimaire signé à Genève (Suisse), puis renouvelé deux fois, et servant de cadre aux discussions. Ce « plan d’action conjoint », qui permet une suspension partielle des sanctions internationales contre l’Iran, en échange du gel d’une partie de son programme nucléaire, expirait le 30 juin au soir. Les parties avaient laissé entendre qu’une extension de quelques jours était a nouveau probable. Le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, arrivé mardi, à Vienne, a voulu minimiser la portée de ce nouveau report. « Les négociations progressent dans la bonne direction, a-t-il affirmé. Nous avons toute raison de croire que des résultats sont à portée de main. »  « Les discussions avancent lentement », a reconnu mardi une source iranienne.

La communauté internationale veut s’assurer que le programme nucléaire iranien, révélé au début des années 2000, est à vocation strictement civile et que Téhéran ne cherche pas à se doter de la bombe atomique, en échange d’une levée des sanctions internationales qui étranglent son économie. Mais, après plus de vingt moins de tractations, les négociateurs butent toujours sur des dispositions cruciales. Point d’accrochage : Téhéran ne cesse de souligner qu’elle refuse toute inspection de ses sites militaires et l’interrogatoire de ses scientifiques, alors que les Etats-Unis n’admettront pas d’accord avec Téhéran sur son programme nucléaire en l’absence d’un régime rigoureux d’inspections , a prévenu mardi le Barack Obama « J’ai dit dès le départ que je quitterais les négociations si elles risquaient de déboucher sur un mauvais accord », a-t-il déclaré lors d’une conférence conjointe avec la présidente brésilienne Dilma Rousseff. 

D’autres questions clés restent à régler, comme la durée d’un accord. La communauté internationale veut brider le programme nucléaire iranien pendant au moins dix ans, mais l’ayatollah Khamenei s’est élevé la semaine dernière contre une limitation trop longue dans le temps des capacités iraniennes. D’un commun accord, l’Iran et les grandes puissances ont décidé mardi « de donner plus de temps aux négociations. » Toutefois, personne ne veut d’un allongement durable après vingt mois de négociations épineuses. La date du 7 juillet n’a pas été choisie au hasard. Deux jours plus tard, le 9 juillet, le Congrès américain, où de nombreux élus sont hostiles à un accord avec l’Iran, devra avoir reçu de la Maison Blanche le texte d’un accord final. Si cette date est dépassée, l’examen de la demande de la présidence pourra durer 60 jours au lieu de 30. Un scénario risqué car les adversaires d’un accord auraient alors d’avantage de temps pour faire dérailler le processus.

Un accord définitif aurait des répercussions internationales importantes, ouvrant la voie à un rapprochement déjà entamé entre les États-Unis et l’Iran, et marquerait le retour de la République islamique chiite sur les scènes régionale et internationale. Outre des nombreux adversaires aux Etats-Unis, cet accord est tout spécialement dans le collimateur d’Israël et des régimes sunnites de la région. Le hasard du calendrier veut que l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), le « gendarme » de l’ONU en matière de prolifération nucléaire, doit publier, mercredi, à Vienne, son dernier rapport trimestriel.

 

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