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La militarisation du virus Ebola

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Alors qu’il est de notoriété publique qu’Américains et Russes sont lancés, depuis des décennies, dans une course à la maîtrise du virus, une nouvelle menace est récemment apparue. Désormais, le risque bioterroriste Ebola ne peut plus être écarté.

Menaces étatiques

L’intérêt russe pour ce virus mortel n’est pas nouveau. Dans les années 1970, les Soviétiques avaient mis en place un programme de développement d’armes biologiques, baptisé « Biopreparat », dont l’objectif était de faire d’Ebola une arme. « Avec la chute du rideau de fer, de nombreux transfuges de l’ex-URSS ont émigré aux Etats-Unis, et c’est ainsi que nous en avons appris davantage sur leurs projets », précise John Dye, virologue à l’Usamriid, une division de l’armée américaine spécialisée dans les recherches sur les maladies infectieuses. 

Mais l’intérêt russe n’est pas mort avec l’URSS. En 2014, un centre de traitement permanent et un laboratoire ont été construits, en Guinée, par la compagnie minière russe Rusal. Là, des recherches sont effectuées dans le plus grand secret. De hauts cadres du ministère guinéen de la Santé se sont d’ailleurs plaints de ne pouvoir accéder aux lieux. « Avec les Russes, c’est le black-out total, regrette l’un d’eux. Ils font ce qu’ils veulent ». Il n’y a aucune preuve d’une implication militaire, mais pour ce haut dignitaire, il n’y a pas le moindre doute.

Côté américain, les recherches à but militaire ne sont même pas secrètes. Elles sont justifiées par le principe du « double usage ».

« Je ne sais pas s’il serait facile de créer de telles armes  cela n’a jamais fait partie de nos objectifs  mais nous devons nous tenir prêts, explique John Dye. Si le virus commence à se répandre par voie aérienne dans un hôpital, nous avons besoin de savoir si nos contre-mesures marchent. L’Usamriid a donc développé une technologie permettant d’inoculer le virus par voie respiratoire afin d’évaluer l’impact de ce mode de transmission sur le cours de la maladie et sur sa prise en charge. »

Le « double usage » permet d’utiliser les recherches aussi bien à des fins d’attaque que de défense. Ainsi, grâce à ce principe, les USA s’autorisent à créer des armes biologiques, pour apprendre à s’en protéger.

Menace terroriste

En France, officiellement, on refuse de croire à l’utilisation du virus Ebola par d’autres états. Les militaires français s’inquiètent plutôt d’une menace bioterroriste. « Quand il y a une épidémie avec des virus comme Ebola, on souhaite s’assurer que n’importe qui ne récupère pas des souches, souligne le médecin-chef Eric Valade, responsable du département de biologie des agents transmissibles de l’Institut de recherche biomédicale des armées (IRBA). Evidemment, vous ne faites pas un attentat au gaz sarin avec ça, mais des gens mal intentionnés avec un peu de bagage scientifique peuvent très bien cultiver le virus dans un garage et l’utiliser pour infecter des gens. On peut même imaginer un kamikaze qui va se l’inoculer et toucher des passagers dans le métro pour les contaminer. »

L’armée française va donc se doter d’un laboratoire de haute sécurité, pour répondre à cette nouvelle menace. Situé à Brétigny-sur-Orge, en région parisienne, celui-ci devrait être opérationnel dans le courant de l’année.

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