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La CPI n’enquêtera pas sur les crimes de guerre en Afghanistan

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Vendredi 12 avril, les juges de la Cour pénale internationale (CPI) ont estimé qu’enquêter sur les crimes en Afghanistan ne serait pas dans « l’intérêt de la justice ». Une décision fortement appréciée des Etats-Unis, qui ont tout fait pour dissuader les juges.

« Enquête vouée à l’échec »

Les juges ont rejeté toutes les demandes de la procureure de la CPI, Fatou Bensouda, au nom de « l’intérêt de la justice », un concept qui, selon le chercheur canadien Mark Kersten, « aide à justifier une décision politique dans des formes légales ».

Mais les juges ont tout de même reconnu la compétence de la Cour sur les crimes, et admis leur gravité. Toutefois, puisqu’aucune des parties visées par la procureure n’était prête à coopérer, ni Kaboul, ni les talibans, ni les Etats-Unis, les juges ont estimé que l’enquête était vouée à l’échec, et qu’elle n’aurait pas permis de répondre « aux attentes des victimes ». Les magistrats avaient pourtant sollicité l’opinion des victimes et reçu près de 800 réponses, approuvant en grande majorité l’enquête de la procureure.

Pour Dov Jacobs, professeur à l’université de Leiden, les juges sont donc devenus des sortes de « contrôleurs financiers » du budget du procureur, et des « diseurs de bonne aventure, capables de dire quelles affaires ont des chances d’avenir ».

D’après lui,  aujourd’hui, « seules les situations dans lesquelles les suspects sont appréhendés, et où les éléments de preuves, emballés dans du papier cadeau, sont déposés sur les genoux du procureur » intéressent les juges.

Arrogance américaine

Donald Trump a immédiatement salué la décision des juges, en la qualifiant de « grande victoire internationale », et le secrétaire d’Etat, Mike Pompeo, s’est montré plus autoritaire encore, en faisant le lien avec les mesures punitives américaines.« Je suis heureux que la Cour ait reconsidéré ses actes », a-t-il déclaré impudemment. 

Mais Donald Trump ne se serait jamais contenté de cette simple victoire. Il a donc rappelé que les menaces américaines contre la CPI ne concernaient pas seulement les USA, mais aussi leurs alliés. Il a, par exemple, mis en garde la Cour concernant les poursuites contre des responsables israéliens impliqués dans la colonisation de la Cisjordanie et la guerre à Gaza.

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