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La tension monte au large de Chypre

Mardi 17 décembre, le Congrès américain a adopté deux projets de loi favorisant la République de Chypre. La Turquie a aussitôt mis en garde les Etats-Unis contre des mesures susceptibles de créer « une dangereuse escalade » dans la région. 

Envoi de drones turcs

L’un des projets de loi vise à lever l’embargo imposé il y a trente ans sur la vente d’armes américaines à Nicosie, et l’autre prévoit de renforcer l’aide à la sécurité pour Chypre, tout en condamnant les activités de forage de la Turquie au large de l’île.

Mais la Turquie, qui dispose de 30 000 soldats de son côté de l’île, est loin de se laisser impressionner. Lundi, Ankara a d’ailleurs envoyé des drones de reconnaissance, des Bayraktar TB2, fleurons de l’industrie turque de défense, sur un de ses aérodromes au nord de l’île.

Ce déploiement répond à l’acquisition récente de drones israéliens par Nicosie, qui les utilise pour surveiller sa zone économique exclusive (ZEE). Il devrait, pour le moment, se limiter à « des drones non armés », a précisé le « ministre » des affaires étrangères de la République turque de Chypre du Nord (RTCN) autoproclamée, Kudret Ozersay.

« Mais on ne peut exclure une escalade des tensions et, dans ce cas-là, la Turquie pourrait en effet songer à établir une base aérienne sur l’île », prévient Sinan Ulgen, président du groupe de réflexion Edam, basé à Istanbul.

Obliger à négocier

« A travers cette politique d’escalade, la Turquie veut démontrer que l’exploitation des ressources en hydrocarbures est impossible tant qu’elle s’en trouve exclue. Il s’agit de montrer que la seule vraie solution envisageable est d’accepter de négocier une répartition plus juste de ces ressources », affirme Sinan Ulgen.

En effet, négocier « est la seule issue », estime aussi Ilter Turan, professeur de sciences politiques à l’université Bilgi d’Istanbul. Et selon Sinan Ulgen, l’Union européenne pourrait jouer un rôle dans ces négociations, à condition  « d’adopter un rôle plus neutre, ce qui n’a pas été le cas lors de la dernière déclaration du Conseil européen, très nettement alignée sur la position de la Grèce et de Chypre. Si l’Union continue sur cette voie, elle passera à côté du rôle qu’elle pourrait jouer pour faciliter la résolution de ce conflit au niveau politique ».

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