Le très républicain Marianne, conçu par Jean-François Kahn et Maurice Szafran en 1997, reste un magazine atypique de la presse nationale française. Secret sur ses chiffres de diffusion qui avoisinent les 300 000 exemplaires, il ne l’est pas sur son engagement idéologique : le parler vrai contre la pensée unique.
Une ligne éditoriale originale
Autour de sa devise, « le goût de la vérité n’empêche pas de prendre parti », citation d’Albert Camus, Marianne cherche à provoquer, en adoptant un traitement de l’information parfois proche du Canard Enchaîné. Critique d’une mondialisation néolibérale, opposé à un excès de gauchisme, Marianne revendique un libéralisme régulé, expression d’Ignacio Ramonet ex- Monde Diplomatique en 1995, quand il taxait de conformisme les idées majoritaires et néolibérales. Que Jean-François Kahn se réclame du centre gauche résume le positionnement du magazine dont il a laissé les rênes à Maurice Szafran.
Pour l’Europe
La meilleure expression de cette position se retrouve lors du débat en 2005 à propos du projet de Constitution européenne. Sans faire campagne pour le «oui », le magazine propose un panorama des opinions pour favoriser une confrontation des idées. Marianne soutint une construction européenne qui ne fût pas l’incarnation d’un projet capitaliste, mais bien l’expression de la volonté des peuples.
Des valeurs qui font son succès
La vigilance républicaine qu’il préconise a été notamment perceptible le 14 février 2008, lorsque le journal décide de lancer l’« Appel du 14 février ». Il se proposait de rallier des personnalités politiques de tout bord (Dominique de Villepin, Ségolène Royal, François Bayrou, entre autres…) autour de valeurs telles que la laïcité ou l’indépendance de la presse. Marianne, conforme à ses options, se montre très rentable grâce à des recettes de ventes au numéro et en abonnement qui constituent 95 % de son chiffre d’affaires, les autres 5 % pour la publicité.
Jean-François Kahn, iconoclaste
Né en 1938, licencié d’histoire, ce fils de philosophe et frère de chimiste et de généticien se dirige rapidement vers une carrière journalistique, au Monde pour couvrir la guerre d’Algérie, à L’Express comme reporter. C’est d’ailleurs lui qui révèle l’affaire Ben Barka, opposant socialiste marocain au roi Hassan II, enlevé devant la brasserie Lipp à Paris en 1965. Après un détour par la radio – Europe 1 –, il devient le directeur de la rédaction des Nouvelles Littéraires. En 1984, il crée L’Événement du Jeudi, qui se distingue par son ton virulent. Trois ans plus tard, il s’associe à Maurice Szafran pour fonder Marianne. Après une candidature et une élection au Parlement européen en 2008 aux côtés de Bayrou, il décide finalement de se retirer de la politique active et se consacre à la création d’un club de réflexion nommé Crréa (Centre de réflexion et de recherche pour l’élaboration d’alternatives). Après ses propos jugés sexistes sur l’affaire DSK, il a annoncé qu’il mettait un terme à son activité d’éditorialiste.
En bref
Pays : France
Périodicité : hebdomadaire
Genre : presse politique
Diffusion : 273 000 exemplaires
Adresse : 32 rue René Boulanger, 75484 Paris cedex 10
Tél : 01 53 72 29 00
Fax : 0)1 53 72 29 72
Directeur de la publication : Maurice Szafran
Directeur de la rédaction : Laurent Neumann
Rédacteur en chef de Marianne2.fr : Philippe Cohen