26 octobre 2011, une date anodine que ne semblent avoir prévu ni Nostradamus ni les Mayas. Pourtant, avec deux énièmes sommets-de-Bruxelles-de-la-dernière-chance pour répondre à la crise de la dette, l’euro, l’Europe… et le monde joueraient leur avenir. Les crieurs de journaux ont disparu depuis longtemps, mais les unes des quotidiens sont à l’unisson.
« La France a peur… » avait lancé un célèbre présentateur du journal de 20 heures à la fin des années 1970. Eh bien, ce 26 octobre au matin, qu’on se le dise, c’est l’Europe qui devrait avoir peur. Peur d’un « quitte ou double » qui, impossible de l’ignorer, se jouera à partir de 18 heures lors de deux sommets successifs, le premier à 27 – l’ensemble des membres de l’Union européenne – sur la recapitalisation des banques, le second à 17 – les pays qui ont choisi l’euro pour monnaie – sur la gestion de la zone euro.
[image:1,s] « L’Europe joue son avenir » en une du Figaro avec la photo des deux principaux protagonistes de ce drame en tant d’actes, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy. Un titre qui résonne comme une incantation. Dans l’éditorial, le journal plaide pour une reconstruction de l’Europe sur les bases d’une saine émulation avec l’Allemagne. La France n’a pas le choix : entre Silvio Berlusconi et Angela Merkel, Nicolas Sarkozy ne peut choisir selon Le Quotidien.
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« Sauver l’euro pour sauver l’Europe » et une autre photo, plus sombre celle-ci, du couple exécutif franco-allemand, à la une de La Croix. Sauver, sauver, sauvez… le quotidien ne se contente pas de prières et rappelle, puisque la peur ne saurait guérir du danger, les enjeux de cette journée.
Les 4 enjeux fondamentaux des sommets européens
– Aider la Grèce et faire accepter une décote de 50 % de la dette souveraine du pays détenue par des acteurs privés, les banques en premier lieu ;
– Doper les moyens du Fonds européen de stabilité financière. Nicolas Sarkozy, qui souhaitait en faire le bras armé de la Banque centrale européenne, a dû céder à Angela Merkel, farouchement attachée à l’indépendance de la BCE ;
– Recapitaliser les banques, y compris en prenant compte des pertes liées à la décote de la dette souveraine grecque ;
– Améliorer la gouvernance de la zone euro et de l’Union européenne…
Ce dernier point pourrait être remis aux calendes… grecques tant on peut imaginer qu’un accord – très probablement tardif – sur les trois points précédents suffirait à permettre aux dirigeants européens de revenir têtes hautes dans leurs capitales respectives.
[image:3,s] L’inquiétude ne se cantonne pas à la presse française. Les quotidiens européens avancent unis sur ce point et partagent leurs inquiétudes. Hors de la zone euro, au Royaume-Uni notamment, l’accent est mis sur un autre enjeu, les marchés financiers, très nerveux dans l’attente d’une fumée blanche bruxelloise. Pour les pays qui ne sont pas dans l’euro, c’est l’impact d’un effondrement de la monnaie unique européenne sur les Bourses mondiales qui inquiète. Et, aujourd’hui, nul ne s’aventure à miser sur le scénario du pire.
Déjà, on attend avec impatience, en retenant son souffle, les unes du jour d’après… jeudi 27 octobre 2011.