Ai Weiwei crée, de nouveau, une polémique en Chine. Après avoir été accusé de fraude fiscale, le gouvernement chinois enquête désormais sur l’artiste dissident pour « diffusion de pornographie ». Encore une fois, le peuple Chinois se mobilise autour de cet apôtre de la contestation.
« Un tigre et huit seins », une photo « pornographique »
Le gouvernement chinois n’est pas décidé à abandonner la partie contre l’artiste Ai Weiwei. Cette fois-ci, c’est de pornographie dont les autorités ont décidé de l’accuser. Et, au cœur de la polémique, une photo. Baptisée « Un tigre et huit seins » elle met en scène l’artiste, nu, entouré de quatre femmes également nues. Cette photo aurait été prise l’année dernière par l’assistant de Ai Weiwei, Zhao Zhao.
Vendredi 18 novembre, l’artiste a annoncé que la police chinoise venait d’ouvrir une enquête sur son assistant pour diffusion de pornographie. Dans une déclaration à une journaliste de l’AssociatedPress, Zhao Zhao a expliqué que lors de son interrogatoire, la police aurait qualifié la photo « d’obscène » sans être capable de donner les raisons de ce qualificatif. Selon lui, il n’y a pas de doutes, la police chinoise cherche juste à s’attaquer à Ai Weiwei par un moyen détourné.
Les Chinois sont derrière Ai Weiwei
[image:2,s]Mais Ai Weiwei est un des artistes les plus réputés en Chine et encore une fois, le public est derrière lui. Cette histoire a inspiré un élan de solidarité chez les Chinois. Sur le blog « Écoute gouvernement chinois : la nudité ce n’est pas de la pornographie », les partisans de Ai Weiwei sont invités à poster une photo d’eux, nus, ou presque. Actuellement, quelques dizaines d’internautes ont posté leur photo sur le blog.
Ce n’est pas la première fois que les chinois manifestent leur soutien pour ce peintre, sculpteur et plasticien. Accusé de fraude fiscale, il avait été emprisonné pendant 81 jours avant d’être libéré le 22 juin dernier. À sa sortie, il était condamné à rester à Pékin et à payer 15 millions de Yuans (1,4 million d’euros) au fisc. 30 000 Chinois se sont mobilisés en lui envoyant de l’argent, ce qui lui a permis de réunir la somme nécessaire pour payer la garantie et interjeter l’appel de ce redressement fiscal.
Ai Weiwei est devenu rapidement le symbole de la contestation contre le pouvoir communiste en Chine. Et puisqu’il ne compte plus ses actes « insolents », mardi 22 octobre, il révélait, sur son compte Twitter, le numéro de téléphone de Hu Xijin, rédacteur en chef de Global Times, un journal officiel chinois qui vient de publier un article à son sujet. Il semblerait que, depuis, le rédacteur en chef soit harcelé d’appels et de SMS des partisans de Ai Weiwei.