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Que dire des Instituts de sondage ? Qu’ils se sont trompés ? Qu’ils attendaient une forte abstention qui n’a pas eu lieu ? Qu’ils ont surestimé Jean-Luc Mélenchon, placé à 15%, et sous-estimé Marine Le Pen, nivelée à 14% ?
Succession d’erreurs pour les Instituts de sondage
Depuis 2002, les Instituts de sondage s’égarent avec une amplitude croissante. Pour autant, chaque élection les voient présents autour des candidats, présents sur les plateaux de télévision. En dépit des erreurs d’analyse ils continuent à donner le « La » du comportement électoral.
Ce matin, tout un chacun a les yeux rivés vers le second tour. Les jeux sont-ils faits pour François Hollande ? Nicolas Sarkozy pourra-t-il rallier l’électorat frontiste ?
Nous pourrions être pleins d’espoir si la question pouvait se résoudre en une journée de vote le 6 mai, et ce quel que soit le président élu.
Hélas, les résultats du vote d’hier dévoilent une France plus qu’inquiétante. Une France sécessionniste.
La France est divisée en deux clans
Une France qui se divise en deux, entre d’une part ceux qui attendent tout de l’État et de la prise de pouvoir du « peuple » ; et ceux qui aspirent à une France fermée aux étrangers, nationaliste et protectionniste.
Ces deux positions sont aussi radicales et antagonistes que conflictuelles. Elles ont attiré 30% de l’électorat hier. Cela signe la profondeur de la crise identitaire et sociale qui frappe la France.
Certes la question économique est centrale, mais il est plus que temps de se pencher sur les conséquences sociétales de cette crise. Le pays est en train de se diviser en deux. Ceux qui détestent l’argent d’un côté, ceux qui détestent l’étranger de l’autre.
Apprendre à connaître les Français
Il est temps, pour ne pas dire vital, d’opter pour une approche différente de l’analyse d’opinion. Celle-ci devrait reposer sur une approche scientifique et non approximativement structuraliste : Ce qui signifie :
– Mener des analyses au long cours sur l’ensemble de l’année et non seulement au moment des élections en comparant les années ;
– Opter pour une approche en profondeur mixant l’analyse qualitative (reposant sur des entretiens en vis-à-vis et non téléphoniques et éviter les questionnaires qui conditionnent a priori la réponse) et l’approche démographique ;
– Travailler l’analyse avec des sociologues formés sur le terrain ;
– Mieux réguler les travaux des instituts de sondage. Les débats ces derniers jours sur les sanctions en cas de publications avant dimanche 20 heures sont d’une ineptie dont il vaut mieux sourire. En revanche, il serait peut-être temps et opportun de s’interroger sur le financement des sondages par les partis eux-mêmes. Il semble aussi évident que logique qu’un prestataire de service tende inconsciemment à satisfaire les attentes de son client. Les sondages électoraux seraient peut-être plus nourris, et plus objectifs s’ils étaient diligentés par une Haute autorité indépendante plutôt que par les partis eux-mêmes ;
– Ne pas considérer Internet comme le lieu de la rumeur illégale et potache ou comme le moyen de faire du questionnaire à bas prix, mais comme un espace spécifique requérant une analyse spécifique.
Notre pays est en train de divorcer de lui-même.
Il faut lui apporter des réponses et l’accompagner dans la mutation anxiogène pour elle, que vivent nos sociétés modernes. Mais avant toute chose, il faut le connaître.
C’est ce que nous intime ce premier tour.