Des regrets? Vous n’étiez pas à Paris début avril. Vous n’avez donc pas pu assister à l’une des représentations du Béjart Ballet Lausanne. Ce n’est que partie remise si vous voyagez. La compagnie a en effet entamé une tournée mondiale pour célébrer ses 25 ans.
Pour ses 25 ans, le Béjart Ballet Lausanne parcourt le monde
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Et après Paris, ce sera Lausanne, du 5 au 13 mai, Friedrichshafen, les 19 et 20 mai, Lyon, du 30 mai au 3 juin, Athènes, du 6 au 10 juin, Bari, du 19 au 21 juin, Chateauvallon, les 29 et 30 et la capitale de la Slovénie, Ljubljana, les 18 et 19 juillet. Voilà qui vous laisse le temps de vous organiser ! Gil Roman, qui a succédé à Maurice Béjart, décédé en 2007, propose les oeuvres majeures du chorégraphe.
C’est en 1979 que Maurice Béjart engage Gil Roman au sein du Ballet du XXe Siècle. Une compagnie créée à Bruxelles. Il s’y est installé à la fin des années 50 après avoir débuté à Paris (en 1955, il signe sa première création: « Symphonie pour un homme seul »). Béjart remarqué par Maurice Huisman, directeur du Théâtre Royal de la Monnaie, impressionné par « Le Sacre du printemps ». Béjart, pas mécontent par ailleurs de trouver ainsi asile, l’état français lui refusant toute aide financière. Cette période bruxelloise sera très faste avec la création du « Boléro », de « Messe pour le temps présent » ou encore « L’Oiseau de feu ». Elle prend fin en 1987. En désaccord avec le directeur de la Monnaie de l’époque, Gérard Mortier, Maurice Béjart claque la porte. En pleine tournée internationale, il dissout le Ballet du XXe Siècle.
Une fondation installée en Suisse l’accueille. Quelques semaines plus tard, le Béjart Ballet Lausanne est né. Le maître, soucieux de retrouver l’essence de l’interprète, selon sa propre expression, réduit sa compagnie à une trentaine de danseurs. Le succès ne se dément pas pour autant avec « Souvenirs de Leningrad », « Cantique », « Dibouk », « Ring um den Ring », « Le Roi Lear », « La Route de la soie »,« Zarathoustra », « Brel Barbara » et autres chefs d’oeuvre, comme « Le Tour du monde en 80 minutes », sa dernière oeuvre. Béjart poursuit ses tournées sur les scènes les plus prestigieuses: la Fenice, le Royal Albert Hall, le Bolchoï…
C’est cet héritage que Gil Roman entend préserver. Pas question cependant de ne gérer qu’un héritage. Béjart lui-même ne voulait pas qu’après sa disparition le ballet devienne une compagnie musée. D’où l’importance de nouvelles créations. Gil Roman en a signées plusieurs depuis une quinzaine d’années: « L’Habit ne fait pas le Moine », « Réflexion sur Béla », « Echographie d’une baleine ». Après la mort de Maurice Béjart, « Aria » et « Syncope » notamment, saluées par la critique. En 2011, il crée « Là où sont les Oiseaux », ballet présenté en première mondiale au China Shangai International Arts Festival.
Autre compagnie, autre hommage. Jusqu’au 4 mai, le Théâtre de la Ville, à Paris, reçoit le Tanztheater Wuppertal, la compagnie de la chorégraphe Pina Bausch, décédée en 2009. Dans ce théâtre, l’une de ses scènes de prédilection, où elle s’est produit si souvent, elle y donne « 1980, une pièce de Pina Bausch ». Dominique Mercy, proche collaborateur de la chorégraphe, et Robert Sturm, assistant de Pina Bausch, assurent la direction du Tanztheater. Là, pas de créations mais le meilleur de son oeuvre. Pour les nostalgiques. Merce Cunningham, autre monstre sacré de la dance, mort également en 2009, avait, lui, opté pour une approche plus radicale. La compagnie du chorégraphe américain pouvait effectuer une tournée en hommage à son créateur, avant d’être dissoute. Ce qui fut fait jusqu’en décembre 2011. La dissolution fut prononcée. Fin d’une extraordinaire aventure. Il ne vous reste que des souvenirs ou… des regrets.
>BONUS : un extrait du DVD « Après Béjart, le coeur et le courage » d’Arantxa Aguirre qui pose la question de l’héritage laissé par le génial chorégraphe.