Facebook entrera en bourse dans quelques jours. Une opération que de nombreux investisseurs attendent et qui attise la curiosité des experts, impatients d’assister à la réaction des marchés face à Facebook, et prudents devant ce mastodonte qui pourrait bien se révéler plus fragile qu’il n’y paraît.
[image:1,l]Quelques jours à peine avant l’entrée en bourse de Facebook, son créateur de génie, Mark Zuckerberg fête ses 28 ans.
Introduction en bourse, une façon de stimuler la bulle internet ?
Facebook, ce mastodonte américain que tout le monde attend et que tout le monde encourage ne serait-il pas une simple bulle 2.0 ? Le réseau social qui doit entrer en bourse dans les jours qui viennent suscite de plus en plus de doutes concernant sa valeur. Une valorisation initiale entre 70 et 88 milliards de dollars laissait rêveur. On parle désormais du cap des 100 milliards de dollars.
Peter Cauwels, chercheur au département de gestion, de technique et d’économie de l’École polytechnique fédérale de Zurich, interrogé par le quotidien suisse Le Temps estime que la valeur réelle de Facebook ne devrait pas excéder 50 milliards de dollars. Cet expert a élaboré un modèle lui permettant de calculer le prix de l’entreprise. Selon lui, la valeur fondamentale, c’est-à-dire les revenus et les bénéfices de Facebook sont estimés à 25 milliards de dollars. Peter Cauwels ajoute ensuite un facteur « chance » qui représente le potentiel de croissance de l’entreprise, celui-ci peut justifier 25 milliards de dollars supplémentaires. « Au-dessus de 50 milliards, c’est tout simplement une bulle » analyse-t-il.
Six mois, pas plus
Acheter une action Facebook pourrait néanmoins se révéler rentable à court terme, durant les six premiers mois suivant son entrée en bourse. Le titre prendra alors de la valeur mais serait susceptible de baisser après la période dite de « lockup » durant laquelle les investisseurs initiaux ne pourront pas encore vendre leurs titres. Les sociétés Zynga et Groupon en sont les exemples vivants.
D’autre part, Facebook n’est pas sans failles et cet « American Dream » a quelques ombres à son tableau. Il y a quelques jours, alors que Mark Zuckerberg s’apprêtait à entamer sa tournée des investisseurs, certaines rumeurs circulaient selon lesquelles les investisseurs potentiels auraient été quelque peu refroidis par les résultats décevants de la société au premier trimestre 2012.
Facebook n’est pas à l’abri de la décroissance
Depuis le début de l’année, Facebook a réalisé un chiffre d’affaires de 1,06 milliards de dollars pour un bénéfice de 205 millions de dollars, un résultat en baisse par rapport au dernier trimestre 2011, expliqué par une forte hausse des coûts de la société.
« Souvenons-nous de MySpace et de sa disparition rapide, ce monde évolue très vite. Il existe des réseaux sociaux concurrents en forte croissance, tel Pinterest qui a dépassé les 18 millions d’utilisateurs en deux ans, ou Tumblr, en vogue chez les plus jeunes » relève Daniel Pellet, analyste chez Bordier, société de gestion privée, interrogé par Le Temps.
La mode Facebook aura une fin
Une bulle à effet de mode, selon Peter Cauwels qui affirme : « On peut imaginer qu’une société détrônera Facebook dans deux ans. En général, un service devient désuet en une génération. Et dans ce secteur, une génération ne dure pas plus de cinq ans. » La croissance ne sera pas éternelle.