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Hollande et Merkel sauveront-ils la Grèce de la faillite ?

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[image:1,l] Avec un peu de bonne volonté, le nouveau président français, François Hollande, et la chancelière allemande, Angela Merkel, devraient être capables de surmonter leurs divergences pour trouver une balance entre austérité et croissance. Ils sont tous les deux suffisamment conscients des enjeux pour ne pas parvenir à construire rapidement un nouveau partenariat franco-allemand.

Il reste cependant difficile de percevoir autre chose que le chaos émerger du succès des communistes, néo-nazis, et autres formations politiques jusqu’ici marginales, aux élections législatives grecques du dimanche 6 mai. Les partis majoritaires grecs – pourtant favorables à la rigueur – ont déjà demandé la renégociation du prêt de 130 milliards d’euros consenti par l’Union Européenne et le FMI.

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Entre croissance et rigueur

Ailleurs en Europe, la patience envers les Grecs faiblit. Ni Angela Merkel ni les autres dirigeants européens ne reviendront sur les termes d’un accord, dont ils ont péniblement accouché en février dernier, après des mois de tractations. Aussi, et à moins que les différents partis du pays n’arrivent à trouver un terrain d’entente, la Grèce pourrait bien se voir contrainte de quitter la zone euro« La victoire de François Hollande marque le début d’un changement en Europe, mais nous sommes inquiets au sujet de la Grèce », explique Hannes Swoboda, à la tête du groupe socialiste au Parlement européen. « Le résultat des élections grecques sonne comme un avertissement. »

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Contenir la crise grecque

Désireux de mener une politique  pro-croissanceFrançois Hollande risque de devoir, comme les autres dirigeants européens, convaincre les marchés que la crise grecque peut être contenue, qu’elle ne se répandra pas au Portugal, à l’Espagne, à l’Italie et au-delà. « Au Portugal, nous avons une majorité gouvernementale qui garantit la stabilité », a déclaré à la presse, Paulo Portas, ministre portugais des Affaires étrangères. « Les Portugais ont toujours été modérés, ils n’ont jamais sympathisé avec l’extrémisme. C’est positif : cela montre à quel point le Portugal est différent. »

La Grèce sur le palier de la zone euro

La crise à Athènes pourrait empirer dans les semaines à venir. Quel que soit le nouveau gouvernement qui émergera, il faudra qu’il parvienne, ce mois-ci, à réduire son budget de quelques milliards d’euros. S’il échoue, les créditeurs internationaux du pays retiendront l’argent du renflouement, ce qui le conduira à la banqueroute. « Depuis les élections, nous estimons la probabilité d’une sortie de la Grèce de la zone euro à 50-75% » pouvait-on lire lundi dans un rapport publié par les économistes de Citigroup.

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Les Grecs optent pour le changement

Nouvelle démocratie, le parti conservateur, et son rival socialiste PASOK, ont, à tour de rôle, été au pouvoir depuis la fin de la dictature en Grèce, dans les années 1970. Dimanche, les deux partis qui ont accepté les conditions du renflouement, ne sont pas parvenus à recueillir un tiers des votes. Bien que son parti soit arrivé en tête, avec 18,9% des voix, Antonis Samaras, le leader de Nouvelle démocratie, s’est dit, lundi, incapable de former une coalition. La plupart des Grecs ont voté pour toute une gamme de petits partis, qui vont de l’extrême-droite à l’extrême-gauche, et qui sont radicalement opposés aux mesures de réductions de la dette imposés par les pays étrangers. 

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Il est temps d’assumer ses responsabilités

« Il est temps pour ceux qui ont trahi ce pays d’avoir peur » a exulté Nikolaos Michaloliakos, le fondateur du parti néo-nazi, Aube dorée, après avoir séduit 7% des votants. « Nous allons nous battre pour libérer la Grèce des usuriers mondialistes. »

En réponse aux résultats des élections, la bourse grecque a plongé, lundi. L’euro a atteint son taux le plus bas depuis des mois. Depuis BerlinAngela Merkel a expliqué aux Grecs qu’il était « de la plus haute importance » qu’ils s’en tiennent à une politique d’austérité. À Bruxelles, les dirigeants de l’Union européenne les ont prévenus qu’ils devaient « assumer leurs responsabilités » pour rester dans la zone euro. 

François Hollande est attendu à Berlin après son investiture pour parler de la crise avec homologue allemande, Angela Merkel« L’Allemagne accueillera François Hollande les bras ouverts, et puis nous travaillerons ensemble » a déclaré la chancelière, qui avait pourtant soutenu la candidature de son rival déchu, Nicolas Sarkozy. Elle a néanmoins rejeté, une fois de plus, la demande du socialiste français de renégocier le pacte fiscal. Il faut dire que c’est sur lui que compte l’Allemagne pour en finir avec la crise de la dette. 

Une autorité sapée par la rigueur

Malgré leurs différences, les officiels des deux pays ont reconnus qu’un compromis était envisageable: le pacte ne sera pas supprimé mais y sera ajouté, en annexe, un engagement visant à relancer la croissance

Voilà qui pourrait s’avérer risquer pour Angela Merkel. En Allemagne, on s’oppose dorénavant systématiquement à tout effort ou participation imposés aux contribuables. Et pas seulement au sein du parti d’Angela Merkel. La chancelière allemande a toutefois indiqué qu’elle pourrait vivre avec quelques-unes des mesures voulues par François Hollande. Booster la puissance de feu de la banque d’investissement de l’UE, par exemple. 

Angela Merkel avait été prévenue : les mesures draconiennes d’austérité imposées à la Grèce risquaient de saper l’autorité des partis démocratiques au bénéfice des extrêmes. Peut-être aurait-elle dû tenir compte de ces avertissements. L’arrivée de François Hollande et de sa politique pro-croissance pourrait bien apaiser les esprits. Dommage qu’il soit sans doute trop tard pour sauver la Grèce et empêcher son éjection de la zone euro.  

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