Dans le nord du Liban, un dignitaire religieux sunnite et le cheikh qui l’accompagnait, ont été tués par des tirs de l’armée. Survenue ce 20 mai, la mort de ces deux sympathisants libanais à la révolte syrienne est venue provoquer un regain de tension dans une région du pays, déjà secouée par une semaine de heurts.
[image:1,l] C’est à Koueikhat, dans la région d’Akkar, que le Cheikh Ahmad Abdel Wahed a trouvé la mort ce dimanche 20 mai. Connu pour sa position critique à l’égard du régime syrien, le chef sunnite aurait été tué des militaires, après avoir tenté de forcer un barrage de l’armée. Accompagné du cheikh Mohammad al-Merheb, le dignitaire était attendu à Halba, où il devait assister à une cérémonie de l’opposition libanaise au régime de Damas.
Des tensions exacerbées
Dans le nord du Liban, déjà ébranlé par une semaine de tensions entre sunnites hostiles au régime syrien et alaouites partisans du pouvoir à Damas, l’incident a provoqué de vifs affrontements, faisant au moins 2 morts et 18 blessés. « Nous ne permettrons pas que nous soyons visés ainsi », a averti Khaled el-Daher, député sunnite, membre de l’opposition, accusant l’armée d’avoir visé le dignitaire. « À bas les agents de la Syrie et de l’Iran au Liban », s’est-il écrié, en référence au Hezbollah chiite, allié de Damas et de Téhéran.
Tandis que l’autoroute reliant la ville de Tripoli à Beyrouth, la capitale, était coupée en signe de protestation, le Premier ministre libanais, Najib Mikati, a exhorté au calme, rappelant que le pays avait déjà connu une guerre civile destructrice, de 1975 à 1990, et des affrontements entre sunnites et chiites en 2008.
Une diversion orchestrée par Damas
Le chef de l’État a également exprimé ses craintes quant à la possibilité d’un débordement, au Liban, de la crise en Syrie, pays à majorité sunnite mais dirigé par un clan alaouite. Le Liban, qui a connu 30 ans d’hégémonie syrienne, est divisé depuis le début de la révolte en Syrie, entre adversaires et partisans du président Bachar al-Assad.
Pour Saad Hariri, chef de l’opposition et ex-Premier ministre libanais, le régime de Damas cherche à semer le chaos au Liban pour détourner l’attention de la crise en Syrie. « Il est clair qu’il y a un plan qui cherche à provoquer des problèmes dans l’intérêt du régime syrien (…) et que ceux impliqués dans ce meurtre veulent (…) exporter la crise du régime au Liban » a-t-il dénoncé dans un communiqué.