Un dimanche électoral à haut risque en Europe. La France élit son président, la Grèce son parlement. Les marchés financiers observent avec attention. N’en déplaise à Paris, c’est le résultat à Athènes qui pourrait peser le plus lourd dans le verdict des investisseurs. L’avenir de la zone euro pourrait en dépendre.
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Deux élections à enjeu en Grèce et en France ce dimanche 6 mai. Quelle sera la nouvelle majorité à Athènes ? Nouvelle Démocratie, la formation de centre-droit, parviendra-t-elle à obtenir une majorité stable ou connaitra-t-elle, elle aussi, le même funeste sort que celui prédit aux socialistes du PASOK ? Les deux formations gouvernementales, jugées par beaucoup responsables de la situation économique du pays qu’elles ont gouverné successivement depuis 40 ans, auront-elles même les moyens de constituer une grande coalition ou dépendront-elles des partis populistes et extrémistes, de droite comme de gauche ? Voilà qui inquiète bien plus les marchés financiers que la perspective d’une alternance à Paris avec l’arrivée de François Hollande à l’Elysée, dont le programme n’est plus perçu comme une menace.
2012 n’est pas 1981
« La semaine s’annonce à haut risque, mais paradoxalement la Grèce pèsera peut-être plus dans la balance que l’élection française », a déclaré à l’AFP, Valérie Plagnol, directrice de la recherche chez Crédit Suisse.
Le 6 mai 2012 n’est pas le 10 mai 1981. La victoire éventuelle du candidat socialiste ne déstabilise pas les marchés. Certes, depuis plusieurs semaines, la Bourse de Paris cède certes du terrain, mais cette tendance est commune à l’ensemble des places financières européennes, minées par les craintes concernant l’économie de la zone euro.
Entre les deux tours de la présidentielle, le coût de refinancement de la dette publique de la France n’a pas augmenté. Paris a emprunté, jeudi 3 mai, près de 7,5 milliards d’euros à des taux en baisse. Confiante, l’Agence France-Trésor a d’ailleurs annoncé, le lendemain, sa volonté d’emprunter une somme similaire lundi 7 mai, au lendemain du second tour de la présidentielle. Cette annonce anticipée est la preuve que ces échéances sont appréhendées avec confiance, quelle qu’en soit l’issue.
Ajouter un volet croissance au traité européen, une mesure devenue consensuelle
« En cas de victoire, François Hollande ne devrait pas remettre en cause le traité européen sur la stabilité financière, mais plutôt y adjoindre un volet sur la croissance. Sur ce point, il n’est plus seul à souhaiter cela en Europe, ce qui a tendance à rassurer », a expliqué Valérie Plagnol.
François Hollande n’est plus le seul à le souhaiter. Mario Monti, président du conseil italien, mais aussi Angela Merkel, la chancelière allemande, ont manifesté leurs volontés d’agir dans cette direction. Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne, a indiqué avoir les mêmes intentions. Et il y a fort à parier que, réélu, Nicolas Sarkozy placerait, lui aussi, la croissance au cœur de l’agenda européen.
Les modalités divergent sans doute, mais les objectifs sont semblables. Et pour les investisseurs, la politique sociale conduite par un gouvernement français socialiste serait modérée en l’absence de marges de manœuvre suffisantes.
Les risques d’une remise en cause du plan international d’aide à la Grèce
La Grèce cristallise en revanche beaucoup d’inquiétudes. « L’incertitude est considérable sur l’issue du scrutin. Sera-t-il possible de dégager une majorité stable ? », a déclaré David Mackie de JPMorgan, interrogé par l’AFP. Les derniers sondages précédant le scrutin créditent les opposants à l’austérité de 45% environ, de l’extrême gauche à l’extrême droite.
Si leur score est important, et s’ils détenaient les clés de toute future majorité, les créanciers du pays (Fonds monétaire international, Union européenne et BCE) pourraient suspendre au moins temporairement leur aide. Dans une telle hypothèse, le gouvernement ne pourrait rapidement plus payer ses fonctionnaires et les retraites, ce qui engendrerait de très vives tensions sur les marchés financiers.
En cas de victoire des deux partis majoritaires – Nouvelle Démocratie et Pasok -, ils pourraient être amenés à renégocier le second plan d’aide accordé en février dans l’espoir d’une reprise alors que le pays subit une cinquième année de récession.
Résultat dans la nuit de dimanche à lundi. Plus encore que le 6 mai, c’est bien 7 mai que tout se jouera pour l’Union européenne et la zone euro.