Comme attendu, c’est Bradley Wiggins qui remporte le Tour de France. Une première pour un Britannique au terme d’une Grande Boucle dont il a pris le leadership dès le début, grâce au soutien de son co-équiper Christopher Froome et à la remarquable organisation de son écurie, Sky. Une belle revanche aussi pour celui qui avait été 23ème en 2010 et qui rêvait de remporter le Tour mythique.
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Un Tour taillé pour lui
Les Jeux Olympiques suivant presque immédiatement la fin du Tour, l’édition 2012 de l’épreuve reine du cyclisme avait été quelque peu adaptée. C’est un parcours beaucoup moins montagnard que d’habitude, où le contre-la-montre occupe une place importante, qui a été imposé aux coureurs. Avec en conséquence la déchéance du profil du grimpeur convenable en course, roi traditionnel de l’épreuve, au profit de celui du rouleur convenable en montagne.
Cela tombe bien, Bradley Wiggins rentre parfaitement dans cette catégorie. Lors de la dernière étape de montagne du Tour, le Britannique a su s’accrocher à la roue de son coéquipier, Christopher Froome, qui lui est bien supérieur en montagne, pour confirmer une bonne fois pour toutes son maillot jaune. Car la victoire de Bradley Wiggins est loin d’être celle d’un seul homme.
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Certes, l’homme est un redoutable cycliste. Imbattable sur route, impressionnant face au chrono, le champion olympique de poursuite s’est converti tardivement aux épreuves de haute-montagne, avec à la clé les performances qu’on lui connaît depuis quelques temps. Pas sûr qu’il aurait pu l’emporter sur un Tour plus montagneux, mais le résultat est là.
Le sacrifice de Froome
En revanche, le leader de l’équipe Sky peut remercier le ciel que Christopher Froome soit dans son équipe, et pas l’un de ses adversaires. Par deux fois, le Britanno-Kenyan, deuxième au classement général, aurait pu abandonner son partenaire en montagne et filer vers le maillot jaune. Mais chez Sky, l’équipe des deux hommes, on ne plaisante pas avec les consignes collectives, et le jeune grimpeur, qui a eu du mal à accepter son rôle d’anonyme, a vite été réprimandé dès qu’il a tenté d’attaquer. La formation est arrivée sur la Grande Boucle dans l’objectif de faire gagner Bradley Wiggins. Et c’est lui qui a gagné, qu’importe si son coéquipier a été parfois mieux placé.
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Bradley Wiggins l’a lui-même admis, en nuançant toutefois les performances de son challenger, considérant qu’il n’avait pas eu à supporter toute l’année la pression et les efforts déployés qu’il avait dû subir en tant que leader de l’équipe. Christopher Froome aurait peut-être pu gagner le Tour, mais pas dans cette équipe.
Sky, l’invincible armada
Car Sky est une véritable mécanique de précision, une machine à gagner à la discipline et à la rigueur toute militaire. Sans elle, il est peu probable que Bradley Wiggins puisse renouveler de telles performances. Le sacrifice de Christopher Froome n’est qu’un exemple de tout ce que l’équipe a déployé pour hisser le Britannique sur la plus haute marche du podium. Cette discipline et cet esprit de corps, on l’a moins vu chez BMC, l’équipe du rival annoncé de Bradley Wiggins, Cadel Evans, qui était certes bien moins en forme que d’habitude. Avec des conséquences évidentes au classement.
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Mais la suprématie de son équipe n’enlève rien au mérite du rouleur britannique. Ses excellentes performances sur chrono viennent par exemple confirmer le travail de sape et de soutien mené par les coureurs Sky dans les épreuves de montagne comme de plaine. Étouffer les adversaires en montagne pour les empêcher d’attaquer, puis laisser le reste à Bradley Wiggins. Rien de bien surprenant, rien de plus ennuyeux, aussi. Mais après tout, si le Tour de France était une épreuve individuelle, cela se saurait.