Ils sont une quarantaine de scientifiques de l’Inra, du CNRS et de l’Inserm à dénoncer l’étude du professeur Gilles-Éric Séralini, qui tentait de démontrer que les OGM déforment, rendent malades et tuent.
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L’étude du professeur Gilles-Éric Séralini, publiée dans le magazine américain Food and Chemical Toxicology, avait fait l’effet d’une bombe. « Pour la première fois au monde, un OGM et un pesticide ont été évalués pour leur impact sur la santé plus longuement et plus complètement que par les gouvernements et les industriels. Or les résultats sont alarmants », affirmait alors le professeur de biologie moléculaire à l’université de Caen, qui voulait prouver l’absolue toxicité des OGM.
Une étude qui relève plus du « coup médiatique » que de la découverte scientifique
Mais dans une tribune publiée dans l’hebdomadaire Marianne, une quarantaine de chercheurs de l’Inra, du CNRS et de l’Inserm prennent leurs distances avec le travail du professeur Séralini : « Cette étude doit être considérée plus comme un coup médiatique que comme une révélation de résultats scientifiques », écrivent-ils.
L’étude menée par l’équipe du professeur Séralini, publiée par le Nouvel Observateur le 19 septembre, tentait de démontrer les effets dévastateurs du maïs NK603, un OGM développé par la firme américaine Monsanto, présent dans notre consommation de tous les jours. Ses conclusions avaient fait trembler les Français.
L’étude manquerait de statistiques sérieuses et de précisions
Mais les auteurs de la tribune reprennent tous les arguments qui pourraient remettre en cause l’exactitude de l’étude : « Petite taille des effectifs par lot qui ne permet pas de tirer des conclusions statistiques sérieuses », « manque de précisions sur la composition de la nourriture donnée au rats », et « lignée de rats qui développent spontanément des tumeurs ».
Ils se disent par ailleurs « étonnés » du fait que les pouvoirs publics, « pourtant habitués à faire du zèle dans ce domaine », n’aient pas instauré un moratoire immédiat sur le produit concerné. « S’attendent-ils à une invalidation de cette étude par les instances d’évaluation officielles ? », écrivent-ils.
La pétition du CNRS pour un débat raisonné
En parallèle, le site du CNRS lance une pétition qui appelle à « un débat raisonné sur les OGM ». Déjà signée par plus de 140 scientifiques, elle souhaite ouvrir la discussion tout en calmant les esprits : « Il ne s’agit pas ici de trancher un débat mais de regretter amèrement qu’une certaine presse et une partie de l’opinion, malheureusement relayées par les pouvoirs publics qui disposent pourtant de l’expertise des instituts de recherche publics, aient entretenu l’anxiété jusqu’à empêcher les conditions de sa tenue », écrivent-ils.
A leur tour, ils s’insurgent contre la médiatisation des résultats de l’étude du professeur Séralini, qui ne laisse pas de place à la discussion : « L’hypermédiatisation, savamment organisée, de cette étude – dont certaines faiblesses ont déjà été pointées – le fauchage volontaire et systématique des rares parcelles dédiées à l’expérimentation scientifique de long terme conduite par des établissements publics, sont autant d’entraves à un débat serein ».
Une première analyse sur l’étude du professeur Séralini par l’Autorité européenne pour la sécurité des aliments (EFSA) est attendue en cette première semaine d’octobre.