Yaïr Lapid, leader de la formation laïque et centriste Yesh Atid (« Il y a de l’avenir »), a créé la surprise mardi 22 janvier en se hissant à la deuxième place des élections législatives israéliennes, derrière la coalition de Benyamin Netanyahou, réunissant le Likoud et Israel Beitenou, le parti de droite nationaliste d’Avigdor Lieberman. Cette surprise, ce succès électoral inattendu, ils s’expliquent en partie par son discours résolument orienté vers les questions sociales et la prise en compte des difficultés de certaines couches de la la société. Portrait du héraut d’un Israël modéré et indigné.
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Yaïr Lapid avait prévenu. En quittant la très populaire émission Ulpan Shishi qu’il animait tous les vendredis sur la deuxième chaîne de la télévision israélienne en janvier 2012, le présentateur vedette avait déclaré vouloir « changer la donne », rapporte Le Monde. Seulement un an après son entrée dans l’arène politique, l’ex-journaliste est désormais un acteur incontournable de la scène politique israélienne.
Des plateaux télé à la politique
Fils de Yosef « Tommy » Lapid, chef du parti antireligieux Shinoui (« changement »), décédé en 2008, Yaïr Lapid débute sa carrière de journaliste comme correspondant militaire pour Ba-Mahane, l’hebdomadaire de l’armée israélienne. Il écrit ensuite pour Ma’ariv, l’un des trois principaux quotidiens israéliens. En 1994, il quitte la presse écrite pour passer devant les caméras, d’abord sur la chaîne Aroutz 1, puis sur Aroutz 2 où il présente un talk show. Depuis 2008, ce quadragénaire au physique séducteur, souvent surnommé le George Clooney israélien, présente Ulpan Shishi, un programme d’information très populaire en Israël. Parallèmement, ce passionné d’arts martiaux écrit des livres et des scénarios pour la télévision.
Mais en janvier 2012, Yaïr Lapid quitte les plateaux télé et décide de suivre les pas de son père – également ancien journaliste – en se lançant dans la politique. Quelques mois plus tard, en avril 2012, il annonce la création du parti Yesh Atid (« Il y a de l’avenir »), classé au centre de l’échiquier politique. Yaïr Lapid se positionne en défenseur des classes moyennes préoccupées par les questions sociales en Israël. Il axe son programme sur la baisse du coût de la vie, la réforme du système éducatif, la lutte contre la corruption, et sur une réduction du prix des logements.
Une équipe diversifiée
Contrairement à son père Yosef Lapid – qui avait remporté 15 sièges à la Knesset en 2003 avec son parti laïc Shinui -, Yair Lapid compose un groupe hétéroclite en réunissant un rabbin ultra-orthodoxe, numéro deux du parti, un journaliste, des maires, d’anciens responsables municipaux mais aussi un ancien directeur du Shin Beth, le contre-espionnage israélien. Pour le rabbin Shaï Piron, Yesh Atid est « le parti de la normalité. Nous avons réuni toutes les composantes de la société, avec l’espoir de changer les choses en Israël », explique-t-il.
Un succès inattendu aux élections législatives
Les sondages ne l’annonçaient qu’en quatrième place des élections législatives, mais avec sa formation politique centriste et laïque, l’ex-star de la télé est devenue mardi 22 janvier la deuxième force politique du pays avec 19 sièges sur les 120 à la Knesset, derrière le parti de Benyamin Netanyahou, le Likoud. « Je suis ravi. Personne ne nous attendait aussi haut », a-t-il déclaré devant le siège de son parti à Tel-Aviv.
La nouvelle star de la politique israélienne pourrait donc participer à une majorité dirigée par Benyamin Netanyahou. Yaïr Lapid n’a d’ailleurs jamais exclu cette idée : « Je serais plus que satisfait si j’avais ma part », dans la reconstruction des politiques sociales, a-t-il toujours affirmé.