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«Élus déconsidérés et crise, un cocktail protestataire»

13.02.2013 par La Rédaction

Les 24 et 25 février prochains, les Italiens se rendront aux urnes pour élire leurs députés et sénateurs. En jeu : la présidence du Conseil et la succession de Mario Monti. A moins de quinze jours du scrutin, les sondages sont interdits pour la loi électorale italienne, mais les derniers en date prédisent une victoire serrée de la coalition de centre-gauche de Pierluigi Bersani. L’avis de Fabio Liberti, directeur de recherche à l’IRIS à Paris. Entretien.

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JOL Press : 15 à 20% d’avance pour la gauche il y a deux mois, moins de 5% désormais. Comment expliquez-vous cette remontée ?

Fabio Liberti : Indéniablement, il y a deux mois, la coalition de centre gauche autour du Partito democratico a atteint un sommet dans les sondages. L’élection primaire, organisée à l’automne pour désigner le candidat à la présidence du Conseil, a eu un effet considérable : elle a mobilisé comme jamais les citoyens, a suscité des débats parfois houleux mais souvent constructifs et elle a accentué la popularité des candidats, Pierluigi Bersani, le vainqueur, mais Matteo Renzi, le jeune maire de Florence, son adversaire surprise au second tour. Par ailleurs, ce dernier, avec son discours moderne et résolument réformateur, a attiré vers la coalition des électeurs qui ne votent pas habituellement pour la gauche. C’était donc « le moment du Partito democratico »…

Puis, au mois de décembre, il y a eu « le moment Mario Monti », au mois de décembre, lorsque le président du Conseil a annoncé sa démission, la tenue d’élections anticipées et est descendu dans l’arène politique pour conduire sa propre coalition.

Fin décembre et début janvier, Il Cavaliere, Silvio Berlusconi est réapparu. Il a imposé au cœur du débat la question de la taxation, de la fiscalité. Des propositions radicales à l’écho certain.

JOL Press : Et puis, Silvio Berlusconi agite aussi le chiffon rouge, le risque d’un retour de la gauche. Ce discours a un écho en Italie ?

Fabio Liberti : Historiquement, l’Italie est un pays de forte tradition anti-communiste. Pendant des décennies, la Démocratie chrétienne s’est appuyée sur l’Église catholique pour limiter l’influence d’un Parti communiste très puissant lui aussi. Cet affrontement a laissé des traces et la coupure droite-gauche reste profondément discriminante – même si elle l’est moins qu’avant. Et Silvio Berlusconi en joue.

JOL Press : On se souvient des circonstances dans lesquelles Il Cavaliere a été amené à quitter le pouvoir fin 2011. Silvio Berlusconi a conservé suffisamment de fidèles pour espérer éventuellement l’emporter ?

Fabio Liberti : Il convient de ne pas se méprendre sur la signification des sondages. Si la coalition de droite rattrape son retard sur celle de centre-gauche, le parti de Silvio Berlusconi, Il Popolo della Liberta, n’a jamais été aussi faible : 20% des intentions de vote contre 38% des voix obtenus en 2008.

Certes, Silvio Berlusconi conserve des électeurs fidèles, une clientèle convaincue qu’il demeure le meilleur responsable politique pour l’Italie. Un électorat motivé, souvent, par des intérêts personnels – qui, par exemple, rêverait d’une amnistie fiscale comme celle que promet leur champion.

Au-delà, les sondages montrent que la confiance dont jouit personnellement Silvio Berlusconi est au plus bas. L’opinion publique commence indéniablement à être « vaccinée » contre Silvio Berlusconi.

JOL Press : Au centre, le président du Conseil Mario Monti a échoué. Il Professore ne réussira pas son pari d’une entrée victorieuse dans le jeu électoral…    

Fabio Liberti : Mario Monti rappelle par sa campagne électorale qu’il n’est pas un homme politique. Il n’arrive pas à se départir de son image d’expert, de technicien, de technocrate. Il a tenté une percée politique avec des propositions radicales.

Puis il a commis une erreur stratégique majeure en affirmant que Berlin ou Paris votaient Monti. L’effet a été totalement contre-productif. Le centre-gauche a mis en avant le soutien de la gauche française et les Berlusconiens ont crié au complot européiste contre le peuple italien.

JOL Press : S’agit-il d’un désaveu de la politique conduite depuis 14 mois par le gouvernement technique que dirige Mario Monti ?

Fabio Liberti : Cela me rappelle les élections américaines. Le monde entier appelait à voter Barack Obama et quel ne fut pas l’étonnement lorsque, à un mois de l’élection, l’hypothèse d’une victoire de Mitt Romney cessa d’apparaître totalement farfelue. Là, c’est pareil… si les marchés financiers, si Bruxelles votaient, Mario Monti arriverait premier, et largement.

Mais, ce sont les électeurs italiens, et eux seuls, qui votent. Et l’Italie est un pays fatigué, car les remèdes que lui a imposés le professeur Monti ont été d’une violente inouïe. Imaginez que, malgré la récession, il a réussi à diminuer le déficit. Cela a exigé des mesures d’austérité inimaginables.

Une partie de l’opinion publique lui en est reconnaissant et il aurait sans doute pu espérer davantage que les 15% que lui prédisent les sondages.

JOL Press : Que s’est-il passé ?

Fabio Liberti : Un épisode qui, dès le début, a démontré le manque de sens politique de Mario Monti. Pour créer son mouvement, celui-ci s’est appuyé sur des représentants de la vieille – conservateurs, de surcroît, et anciens alliés de Silvio Berlusconi – Pierfernandino Casini, le leader démocrate-chrétien, et Gianfranco Fini, autrefois leader de l’extrême droite.    

Pas nécessairement, le meilleur choix pour un électorat en quête de changement.

JOL Press : Pour autant, Mario Monti n’est pas totalement hors-jeu pour l’après-élection…

Fabio Liberti : Hormis dans l’hypothèse d’un effondrement spectaculaire dans les sondages, Mario Monti devrait jouer un rôle considérable. S’il recueille entre 10 et 15% des suffrages au Sénat, son soutien et celui de ses troupes pourraient être indispensables au nouveau président du Conseil Pierluigi Bersani – qui, au demeurant, cherche sans doute à échapper à un tête à tête avec la gauche de la gauche et à élargir sa majorité.

JOL Press : Que pourrait obtenir Mario Monti en échange ?

Fabio Liberti : Déjà, Mario Monti pourrait continuer à peser sur la politique du gouvernement. Il serait sans doute intéressé par un poste de ministre des Finances ou de ministre des Affaires étrangères. Mais, je ne crois pas que cette requête puisse être satisfaite.

JOL Press : Mario Monti à la présidence de la république en mai prochain ?

Fabio Liberti : Mario Monti avait sans doute le profil avant de se lancer dans l’arène électorale en décembre dernier. Au cours des derniers mois, il s’est fait de nombreux ennemis et il est fort probable qu’il n’y ait pas, en mai prochain, de majorité pour l’installer dans ce rôle d’autorité morale, supra-partisane qu’est celle du président de la République en Italie.

Par ailleurs, Mario Monti est sans doute destiné à la présidence du Conseil européen ou à la présidence de la Commission européenne, des fonctions plus opérationnelles.

JOL Press : Un autre candidat réussit une percée, il s’agit du journaliste et blogueur Beppe Grillo, à la tête de son Mouvement 5 étoiles. Comment analysez-vous son incursion sur la scène politique ?

Fabio Liberti : C’est un indicateur de l’état explosif dans lequel se trouve la société italienne. Des scandales de corruption, une classe politique qui a démontré ses limites, une décennie de croissance 0… formidable cocktail pour un vote protestataire.

C’est sur ces mêmes ingrédients qu’avait surfé Silvio Berlusconi en 1994. Il s’appuyait sur la télévision, Beppe Grillo s’appuie sur Internet. Au-delà d’un goût pour les médias, ils n’ont pas de point commun. Beppe Grillo promet une démocratie rénovée, moderne, directe.

Et il se pourrait bien qu’il se retrouve, au lendemain du scrutin, à la tête du deuxième parti d’Italie.

Propos recueillis par Franck Guillory pour JOL Press

[image:2,s]Fabio Liberti est Directeur de recherche à l’IRIS, chargé du suivi de divers aspects du fonctionnement et développement de l’Union Européenne : processus institutionnel, principales politiques de l’Union, évolution politique et économique des Etats membres, gouvernance économique, crise de l’euro.

Spécialiste des politiques étrangères et de défense des principaux Etats membres de l’UE, ainsi que de la Base Industrielle et Technologique de Défense (BITD) européenne et des questions d’armement, Fabio Liberti participe à de nombreux programmes de recherche sur les questions liées à la PeSDC, BITD, marché des équipements de défense, menés par l’Agence européenne de Défense et la Commission européenne. Il est également l’auteur de plusieurs études et notes de consultance pour les Ministères français de la Défense et des Affaires étrangères et européennes, ainsi que pour des entreprises privées.

Fabio Liberti est responsable pédagogique du diplôme d’IRIS Sup’ « Défense, Sécurité, Gestion de crises » et est par ailleurs chargé de la rédaction du chapitre Europe dans L’Année stratégique.

Diplômé de l’Università degli studi di Napoli « L’Orientale », cursus « Scienze Internazionali e Diplomatiche » avec une spécialisation en géographie politique et économique, notamment sur les industries et les politiques de défense en Europe. Il a par ailleurs étudié à l’Université Paris XII-Val de Marne (Maîtrise de Géographie).

La Rédaction


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