Le Nigeria a annoncé l’arrestation de trois Nigérians accusés d’espionnage au profit de l’Iran. Mercredi 20 février, la police secrète nigériane a annoncé l’arrestation d’un religieux musulman et de ses deux complices accusés d’être des espions d’envergure de l’Iran au Nigeria.
Abdullahi Berende a été arrêté en décembre 2012 « pour son implication active dans l’espionnage et les activités terroristes« , a déclaré la porte-parole de la Sécurité d’Etat, Marilyn Ogar, en précisant qu’il était accusé d’avoir créé une « cellule terroriste » dans le sud-ouest du Nigeria. Abdullahi Berende aurait suivi un entraînement en Iran et ses soutiens iraniens lui auraient demandé de « rassembler des renseignements sur les lieux publics et les grands hôtels fréquentés par des Américains et des Israéliens afin de faciliter des attentats ».
Il aurait reconnu avoir recherché des renseignements sur des personnalités et des institutions, parmi lesquelles l’Agence américaine pour le développement international (USAID) et le Centre culturel juif de Lagos, selon Mme Ogar.
Un réseau de livraisons d’armes iraniennes à destination de l’Afrique
Les mollahs iraniens sont également impliqués dans un vaste réseau de livraisons d’armes à destination d’Afrique, notamment pour les groupes terroristes islamistes. Récemment, un groupe de chercheurs indépendants sur le trafic d’armes a enquêté sur les munitions utilisées dans les conflits africains ces dernières années. Il a été en mesure de les relier au régime iranien.
Depuis six ans, les chercheurs ont travaillé pour définir exactement d’où provient la source mystérieuse des cartouches de Kalachnikov circulant en Afrique. « Les munitions étaient liées à des exemples spectaculaires de violence d’État et des groupes armés liés au terrorisme », indique le rapport.
Des armes légères et des munitions iraniennes ont circulé, depuis 2006, dans neuf pays d’Afrique, pour la plupart sur le marché noir, avait affirmé le Conflict Armament Research, une société privée britannique qui traque les flux d’armes légères à travers le monde.
Selon les éléments rassemblés par ce groupe (14 cas), l’Iran a fourni des armes à quatre gouvernements africains, au Soudan principalement, en Guinée, au Kenya et en Côte d’Ivoire. Depuis ces pays, les armes ont circulé sur le marché noir vers l’actuel Soudan du Sud, en République démocratique du Congo (RDC), au Niger et au Nigeria.
Carte de la dissemination d’armes iraniennes retrouvées en Afrique par les chercheurs de Conflict Armament Research.
En 2010, déjà, l’Iran avait été accusée par la Gambie et le Nigeria d’avoir tenté de livrer des lance-roquettes, des armes automatiques, des grenades, des obus de mortier et des munitions à des mouvements rebelles sur leur territoire. Deux hommes présentés par les autorités nigérianes et des sources occidentales comme de hauts responsables de la branche spéciale des gardiens iraniens de la révolution, la Force Qods – dont le responsable de sa branche Afrique – avaient été impliqués dans ce trafic.
Les chercheurs ont également retrouvé ces cartouches dans les mains de rebelles en Côte d’Ivoire, de talibans en Afghanistan (un cas documenté par le New York Times) et de groupes affiliés à Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) au Niger.
L’ONU confirme l’implication de l’Iran dans la déstabilisation de l’Afrique
Les islamistes somaliens d’Al Shebab reçoivent également des armes via des réseaux iraniens, rapportait Reuters début février, citant des experts de l’ONU. En janvier, les gardes-côtes yéménites et la marine américaine ont saisi une cargaison de missiles et de roquettes en provenance d’Iran, selon le gouvernement yéménite.
«A Galguduud (centre de la Somalie), les Chabaab reçoivent des armes, notamment des pièces d’IED (engins explosifs artisanaux)», a déclaré un diplomate de l’ONU, évoquant les conclusions des observateurs chargés de veiller à l’embargo sur les armes en vigueur en Iran. Ils reçoivent en outre des mitrailleuses PKM, selon leur rapport de janvier.
Le Yémen joue un rôle de premier plan dans l’armement des Chabaab, non seulement parce qu’il alimente le trafic, mais parce qu’il est devenu une plaque tournante des intérêts iraniens en Somalie et ailleurs, expliquent-ils dans leur rapport.
Les experts s’intéressent également au Yémen et à l’existence de livraisons d’armes iraniennes à destination de l’Afrique, selon des diplomates du Conseil de sécurité.
L’opposition iranienne appelle à une politique de fermeté
Commentant l’entreprise française au Mali dans la lutte contre le fléau terroriste qui sévit en Afrique, la dirigeante de la Résistance iranienne, Maryam Radjavi a souligné lors d’une réunion cette semaine à l’Assemblée nationale française la nécessité de viser la source de l’intégrisme et du terrorisme: l’Iran des mollahs.
Avec « une intervention au Mali, la France a pris, avec le soutien de la population malienne, une initiative courageuse contre le développement de l’intégrisme. S’opposer à l’intégrisme est une politique correcte de défense de la paix et de la sécurité dans le monde. Mais cette politique doit se concentrer sur la source de l’intégrisme et du terrorisme, c’est-à-dire le régime en Iran. Un régime qui finance et arme ouvertement les groupes intégristes au Moyen-Orient et en Afrique, » a-t-elle déclaré.