Après avoir banni l’alcool sur une partie de ses vols, puis imposé un uniforme jugé trop conservateur à son personnel, la compagnie Turkish Airlines vient d’interdire à ses hôtesses de l’air de porter du rouge à lèvre trop voyant. Une nouvelle mesure qui suscite la polémique en Turquie où les défenseurs de la laïcité accusent le gouvernement conservateur d’islamiser la société.
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Un nouveau code esthétique critiqué
Décidément, la compagnie Turkish Airlines (THY) ne cesse de faire parler d’elle depuis quelques mois. La principale compagnie aérienne nationale turque a de nouveau suscité la polémique en interdisant à ses hôtesses de porter du rouge à lèvre de couleurs vives, rouges ou roses.
Cette mesure, prise sous la pression du gouvernement islamo-conservateur, selon les laïcs, intervient quelques mois après l’interdiction de la vente d’alcool sur certains ses vols intérieurs. Au pouvoir depuis dix ans, le parti islamo-conservateur turc (AKP) est soupçonné de vouloir islamiser la société.
« Un acte de perversion »
Ce nouveau code esthétique pour les hôtesses de l’air de la première compagnie aérienne a provoqué la colère des défenseurs de la laïcité. Pour Gürsel Tekin, le vice-président du CHP, le principal parti d’opposition, « cette mesure est un acte de perversion ».
La compagnie s’est justifiée mardi 30 avril dans un communiqué, affirmant qu’ « un maquillage simple, soigné et dans les tons pastel est préférable pour le personnel travaillant dans le secteur des services ». En signe de protestation, de nombreuses femmes ont posté leurs photographies avec leurs lèvres maquillées en rouge sur les réseaux sociaux, rapporte l’AFP.
Des uniformes jugés trop conservateurs
Avant la polémique de l’interdiction du rouge à lèvres et de la vente d’alcool, la première compagnie turque, détenue à 49% par l’Etat, avait fait parler d’elle à propos des nouveaux uniformes imposés au personnel, jugés trop conservateur et néo-ottoman. Au mois de février dernier, les images du nouvel uniforme des stewarts et hôtesses de Turkish Airlines avaient fuité sur les réseaux sociaux laissant apparaître des robes tombant jusqu’aux pieds, le fez, un couvre-chef traditionnel symbolisant un certain conservatisme. Interrogé par le site Air Journal, le styliste turc, Vural Gökçayli, avait estimé que ces tenues ne représentaient pas la Turquie : « La Turquie ce n’est pas cela ! » s’était-il exclamé.
« Beaucoup de bruit pour rien »
« Les images de la pré-conception ont été divulguées à la presse sans notre permission, ce qui n’est pas éthique. Il y a eu beaucoup de bruit pour rien », estimait à l’époque Hamdi Topcu, le président du conseil d’administration de Turkish Airlines. Depuis, le projet a été en partie abandonné. Interrogé par le New York Times, Hamdi Topcu a déclaré que « la vision Turkish Airlines correspond[ait] à la vision du gouvernement », soulignant que « le gouvernement de la République turque, qui est arrivé au pouvoir par des élections démocratiques et gagné la confiance de son peuple, représente les valeurs de ce pays ».