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Robert King, emprisonné et détenu à l’isolement pendant 29 ans

05.05.2013 par La Rédaction

Robert King a passé 29 ans isolé dans une cellule de 3 mètres sur 2, parfois jusqu’à 23 heures par jour, dans la prison dite d’Angola, en Louisiane. À 71 ans, l’ancien activiste des Black Panthers est venu témoigner pour la première fois au siège d’Amnesty International à Paris. Il dénonce le système des prisons privées, les discriminations et les humiliations qui y ont cours. Il se bat également pour ses camarades, Herman Wallace et Albert Woodfox, toujours détenus à l’isolement depuis plus de 41 ans.

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Pouvez-vous nous décrire comment sont nés les « Trois d’Angola », en 1972, et quelle était la situation en prison à cette époque ?

Robert King : Pour vous donner une idée assez brève des conditions de détention qui prévalaient aux États-Unis dans les années 60 et au début des années 70, on peut dire qu’elles étaient déplorables, spécifiquement dans mon État, la Louisiane. Vous devez sans doute savoir ce qui se passait aux États-Unis à l’époque : il y avait beaucoup de manifestations, pas seulement dans les prisons, mais partout aux États-Unis.

Les citoyens, les étudiants… Tous se mobilisaient, notamment contre la guerre au Vietnam ; et ces manifestations se déroulaient également dans les prisons. Le gouvernement qualifiait ces soulèvements d’« émeutes ». En fait il s’agissait de manifestations tout à fait légitimes, pour revendiquer de meilleures conditions dans le pays et dans les prisons.

Camp d’esclaves

En 1972, lorsque Herman Wallace et Albert Woodfox ont été incarcérés, et ils l’ont été 6 mois avant moi, les conditions étaient vraiment désastreuses. Et selon les experts, Angola était vraiment l’une des pires prisons aux États-Unis. Nous disions que c’était un camp d’esclaves, où les détenus travaillaient pendant 17 heures par jour, voire plus. D’ailleurs, elle avait été construite sur une ancienne exploitation esclavagiste. Et la plupart des anciens esclaves qui vivaient là à l’époque venaient d’Angola, d’où la prison a tiré son nom.

Dans ce système pénitentiaire, les détenus eux-mêmes s’occupaient de la sécurité. L’État disait qu’il n’avait pas suffisamment de moyens pour rémunérer des gardiens, donc on a instauré ce système de sécurité où des détenus s’occupaient de surveiller les autres détenus, et même d’organiser les « chasses » en cas de tentative de fuite. C’était, en quelque sorte, le filet de sécurité de la prison que tenaient entre leurs mains les détenus eux-mêmes. Cela donnait toutes sortes d’abus, et a engendré énormément de problèmes. En tout cas, c’était le contexte dans lequel Albert et Herman sont entrés dans cet établissement.

Herman et Albert, il faut le savoir, s’étaient déjà politisés avant d’entrer en prison : ils avaient adhéré au parti des Black Panthers. Et en tant que militants de ce parti, ils se battaient pour obtenir de meilleures conditions pour les détenus. Quels que soient les crimes commis, la Constitution américaine leur garantissait en théorie un certain nombre de droits, par exemple d’être hébergés dans des conditions décentes, ou de ne pas travailler pendant 17 ou 18 heures par jour.

« Fresh fishes »

Mais il y a eu toutes sortes d’abus de la part de détenus en prison, dont le viol de jeunes prisonniers. Ces détenus, qui jouaient souvent le rôle de surveillants ou de gardiens, s’octroyaient le droit d’ « acheter » et de « vendre » des détenus à d’autres pour des raisons sexuelles. C’était une pratique très courante dans la prison d’Angola. Et les autorités responsables de cette prison laissaient faire ces pratiques…

Les jeunes détenus qui débarquaient, on les appelait les « fresh fishes » (les « poissons frais »). Ils devenaient automatiquement des victimes aux mains des « prédateurs », sauf s’ils arrivaient à échapper à ces « prédateurs », qui s’en servaient comme s’ils étaient leurs femmes en prison. Herman et Albert cherchaient à sensibiliser les détenus contre ces pratiques, pas seulement pour les détenus noirs, mais aussi les blancs. Ils ont donc organisé un groupe de sensibilisation. Et c’est justement cette initiative qui a fait d’Herman et Albert des cibles aux yeux des autorités.

Herman Wallace et Albert Woodfox ont été condamnés à l’emprisonnement à vie pour le meurtre d’un gardien de prison, malgré l’absence de preuves médico-légales et de témoignages irréfutables. 41 ans après, ils sont toujours en détention en isolement.

Pourquoi avez-vous été placé en isolement cellulaire et comment avez-vous passé ces 29 ans en prison ?

Robert King : C’est l’instance de placement des détenus qui a décidé que, parce que j’avais des affiliations avec le parti des Black Panthers, et que j’avais protesté contre les conditions de détention en général, moi aussi je devais être mis à l’isolement. Je suis donc devenu une cible, même si je ne me trouvais pas sur place au moment de l’assassinat du gardien de prison. J’ai donc passé 29 ans à l’isolement, sur 31 ans de détention au total.

Qu’est-ce que l’isolement cellulaire sur une longue durée ? On est placé dans une cellule pendant 23 à 24 heures par jour, c’est une cellule qui mesure 2 mètres sur 3, de 4 mètres de haut environ. Dans la cellule, il n’y a pas grand-chose : une table et un lit en acier, un matelas, les vêtements auxquels on avait droit, quelques livres – en général une bible, un dictionnaire et peut-être 2 ou 3 autres livres si on avait les moyens de les acheter. Ce sont les conditions habituelles dans toutes les cellules d’isolement.

Au début, on n’avait pas le droit à l’exercice physique, mais à l’époque, les détenus dans le couloir de la mort y avaient droit. En fait, on leur enviait leur possibilité de faire du sport à l’extérieur ! Ce n’est que 7 à 10 ans plus tard qu’on a obtenu le droit de sortir faire un peu d’exercice physique, alors qu’on passait 23 heures par jour enfermés dans notre petite cellule. On a donc obtenu le droit de s’exercer une heure, trois fois par semaine.

Les conditions de détention pouvaient varier un peu d’une année à l’autre, selon la direction  de la prison et notamment la direction de l’unité qui s’occupait des détenus à l’isolement. C’est un peu comme les propriétaires d’esclaves : certains sont plus gentils que d’autres. Mais pour moi les conditions à l’isolement n’ont pas changé, et je pense qu’aujourd’hui ce sont exactement les mêmes. Certains détenus ont pu obtenir quelques privilèges parfois, grâce à des décisions judiciaires, mais cela ne concernait pas les détenus à l’isolement.

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La Rédaction


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