La tension est encore montée d’un cran entre l’Égypte et l’Éthiopie au sujet du projet éthiopien de barrage hydroélectrique sur le Nil Bleu, portion du Nil prenant sa source sur les plateaux d’Éthiopie. Le ministre égyptien des Affaires étrangères doit bientôt se rendre à Addis Abeba pour discuter de ce projet qui inquiète l’Égypte.
[image:1,l]
Le 28 mai, l’Éthiopie commençait son projet de déviation du Nil Bleu sur 500 mètres, afin de construire un grand barrage hydroélectrique baptisé « Grande Renaissance », et qui devrait coûter 3,2 milliards d’euros. Ce projet inquiète l’Égypte, qui considère que ses « droits historiques » sur le Nil, garantis par les traités de 1929 et 1959, ont été bafoués.
Ces traités accordent notamment à l’Égypte un droit de veto sur tout projet en amont que Le Caire juge contraire à ses intérêts. La majorité des autres pays du bassin du Nil – dont l’Éthiopie – contestent cependant ces traités et ont conclu en 2010 un accord distinct leur permettant de développer des projets sur le fleuve sans solliciter au préalable l’accord de l’Égypte.
« L’eau est une affaire de sécurité nationale »
Lundi 10 juin, le Premier ministre égyptien, Hicham Kandil, a annoncé la visite prochaine du ministre des Affaires étrangères Mohammed Kamel Amr à Addis Abeba en Éthiopie. « L’eau est une question de vie ou de mort pour le peuple égyptien. L’eau est une affaire de sécurité nationale », a déclaré le Premier ministre.
L’Égypte, qui détient 55 milliards de mètres cubes du Nil, insuffisante pour couvrir tous ses besoins de croissance, est entrée « dans une phase de pauvreté hydraulique depuis cinq ans », a continué Hicham Kandil. Une semaine plus tôt, il avait prévenu son homologue éthiopien que l’Égypte ne cèderait « pas une seule goutte de son quota en eau du Nil. »
Selon la conseillère pour les affaires politiques du président égyptien Mohamed Morsi, « la première étape sera de demander à l’Éthiopie d’arrêter la construction du barrage. »
L’Éthiopie ouverte au dialogue
De son côté, le ministre éthiopien de l’Eau et de l’Énergie, Alemayehu Tegenu, a affirmé que l’Éthiopie n’avait « pas de plan visant à nuire aux pays situés en aval du Nil, et si l’Égypte a une question à examiner avec l’Éthiopie, nous sommes tout à fait prêts à le faire. »
Dans un communiqué, les États-Unis ont encouragé les deux pays « à continuer à travailler ensemble de manière constructive pour minimiser l’impact (du barrage) en aval et pour développer le Nil Bleu pour le bénéfice de tous les peuples de la région. »