Il est deux fois le suspect numéro un… Suspect numéro un dans l’assassinat de l’opposant Mohamed Brahmi et dans celui, en février dernier. Boubaker Hakim est recherché activement par les autorités tunisiennes. Cet islamiste radical serait natif de Paris et serait, par ailleurs, recherché en Tunisie pour détention et trafic d’armes. Ce que les autorités savent de lui.
[image:1,l]
Les autorités tunisiennes ont confirmé, vendredi 26 juillet, que Mohamed Brahmi, député de l’opposition de gauche, avait été tué avec la même arme que celle utilisée pour l’assassinat, le 6 février, d’un autre opposant laïc, Chokri Belaïd. Selon le ministre de l’intérieur, « l’arme utilisée pour abattre Mohamed Brahmi est la même qui a servi à tuer Chokri Belaïd ». Les deux hommes ont en effet été touchés par des balles de 9 millimètres, a indiqué le bureau de procureur de la République. Le ministère de l’Intérieur évoque par ailleurs « un même mode opératoire: des individus armés sur un scooter » organisés en véritables « commandos », ajoute RFI.
Dans un entretien au Monde, le président de la Tunisie, Moncef Marzouki, avait affirmé qu’il n’avait « pas de doute » sur le fait qu’il y avait « un lien politique » entre ces deux crimes : « Déstabiliser la Tunisie, l’empêcher de réussir sa transition et la volonté de semer la zizanie entre les forces politiques ».
Boubaker Hakim activement recherché
Selon le gouvernement tunisien, les responsables de ce double assassinat seraient des extrémistes radicaux, certains appartenant à Ansar Ashariaa, principale organisation salafiste en Tunisie. Vingt-quatre heures après la mort de Mohamed Brahmi, il publiait la liste de 14 suspects dont huit seraient encore en fuite. Parmi eux, Boubaker Hakim, 30 ans, un salafiste né à Paris, présenté comme le « cerveau » des deux opérations. Il serait « un élément terroriste parmi les plus dangereux, objet de recherches au niveau international », selon le ministre de l’Intérieur Lotfi Ben Jeddou.
« Il a pris la fuite, abandonnant ses effets personnels et des armes », a indiqué de son côté Mustapha Taieb Ben Amor, directeur de la sûreté publique. « Des armes à feu, deux bombes artisanales, des munitions et un révolver et des armes blanches ont été saisis », a-t-il précisé. Le Franco-Tunisien, répertorié comme « ouvrier expatrié », était déjà recherché en Tunisie pour détention et trafic d’armes.
La « bande du XIXe » arrondissement parisien
Le magazine « Envoyé Spécial » évoquait son nom et la « bande du XIXe » arrondissement parisien, en Irak, début 2003. « Je suis de Paris, XIXe, tous ceux qui veulent tuer l’islam, on va les tuer. A tous mes potes du XIXe je dis, venez faire le djihâd », lance-t-il sur un enregistrement d’RTL daté de mars 2003. « C’est des tapettes, des bouffons, c’est rien du tout, les Américains… je suis prêt à combattre en première ligne, je suis même prêt à me faire exploser… Nous voulons la mort, nous voulons le paradis… »
Boubaker Hakim aurait en effet grandit dans le XIXe arrondissement et serait devenu islamiste à l’âge de 18 ans. Une reconversion qui l’aurait conduit en Syrie et en Irak à de multiples reprises. Son frère Redouane serait d’ailleurs « le premier jihadiste français à être tué en Irak ». Selon le site tunisien Nawaat, Boubaker Hakim a été « condamné en 2008 à une peine de 7 ans de prison ferme, avec une période de sûreté des deux tiers (…) pour ‘association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ».