Les candidates indonésiennes ont moins d’une année pour préparer leur campagne électorale dans le cadre des élections législatives de 2014. Toutefois, si les Indonésiennes veulent s’imposer dans la vie politique nationale et obtenir l’égalité des sexes pour laquelle elles se battent, elles doivent proposer des candidates compétentes qui ont fait leurs preuves et compris la politique publique.
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Aujourd’hui, en Indonésie, le nombre de femmes à des postes importants comme ceux de ministres, juges à la Cour suprême ou maires est en augmentation. Actuellement, la Chambre des représentants compte 18% de femmes. Pourtant, par rapport aux élections de 2009, les candidates pour 2014 devront sans doute gérer l’apathie des électeurs. Les élections locales de 2013 qui se sont tenues dans différents gouvernorats depuis janvier dernier ont en effet montré une baisse sensible du taux de participation.
Par ailleurs, les femmes qui ont été élues en 2009 au Parlement n’ont pas répondu aux espoirs de leurs électeurs et ne se sont pas montrées aussi efficaces qu’attendu pour soulever les questions se rapportant aux intérêts des femmes. Leur impuissance à adopter plusieurs réglementations importantes y compris la loi sur l’égalité et la justice entre les sexes, les modifications de la loi sur le mariage et la révision des lois sur la protection et le placement des travailleurs à l’étranger attestent de ces résultats mitigés.
Des femmes parlementaires en retrait
La majorité des femmes parlementaires sont novices dans le domaine et ont peu d’expérience en politique, en matière d’autonomisation des femmes et de synergie avec des organisations et mouvements féministes.
Les nombreuses contraintes politiques auxquelles les partis se voient confrontés dans l’institutionnalisation, le recrutement et la fonction globale expliquent en partie le manque de compétences des femmes parlementaires. Au cours des prochaines élections, les partis désigneront les mêmes candidats à la présidence et au Parlement. S’agissant des candidats au Parlement en particulier, les partis politiques préfèreront désigner des personnes déjà en exercice malgré leurs piètres résultats ou des personnes jouissant d’une grande notoriété plutôt que de recruter des candidats qualifiés, ceci dans le but de faciliter la campagne.
Une indispensable formation politique
Afin d’être bien préparés pour les prochaines élections, les partis politiques devraient envisager de former les candidats, notamment les femmes, et d’investir dans l’éducation politique, le regroupement des intérêts et la socialisation.
Le Golkar a organisé des cours de formation sur le processus législatif et les problèmes de développement pour les femmes candidates. Un certain nombre de nouveaux partis politiques ont suivi son exemple comme le Parti démocrate (le parti de l’actuel président Susilo Bambang Yudhoyono), dont le programme commun avec l’université d’Indonésie initie les candidates à des stratégies de campagne, de collecte de fonds et de cartographie électorale.
Il faut reproduire ces stratégies afin d’améliorer les compétences des candidates dans tous les partis politiques.
Une mobilisation des partisans
Les femmes candidates devront aussi construire une base solide de partisans et être fortement impliquées dans la gestion de leur parti afin de se qualifier comme candidates aux législatives. Pour ce faire, elles devront être reliées à des organisations ayant des intérêts communs pour construire un cadre d’électeurs potentiels. Avec autant d’organisations féministes en Indonésie – organisations confessionnelles, pour la jeunesse, pour l’éducation, pour l’économie, pour l’environnement ou pour la santé – les sources potentielles de voix en faveur des femmes candidates sont nombreuses.
En supposant qu’elles obtiennent de bons résultats aux élections législatives, les candidates pourraient adopter une autre stratégie qui consiste à utiliser le nombre de voix recueillies aux élections de 2014 comme un pouvoir de négociation pour obtenir des positions stratégiques et débattre de questions importantes au Parlement.
Les femmes parlementaires doivent améliorer leurs connaissances et compétences pour effectuer des tâches visant à apporter des changements à partir du Parlement. Avec l’amélioration des compétences des législatrices et un taux de représentation des femmes plus élevé au sein des organes décisionnels, espérons que les Indonésiennes obtiendront l’égalité pour laquelle elles ont oeuvré.
* Ani Soetjipto est maître de conférences au sein du Département des relations internationales de la Faculté des sciences politiques et sociales et du troisième cycle en »Gender studies » de l’Université de l’Indonésie. Article écrit pour Service de Presse de Common Ground(CGNews).