Lieu de villégiature privilégié, longtemps réservé au Premier ministre, le pavillon de la Lanterne accueillera pour quelques jours, au cours de la semaine du 15 août, le président François Hollande et sa compagne Valérie Trierweiler. Jolie bâtisse construite au 18e siècle dans le parc même du château de Versailles, elle a vu défiler de nombreuses personnalités et son histoire regorge d’anecdotes plus ou moins croustillantes. Une demeure mythique et mystique.
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C’est un lien indéfectible qui, semble-t-il, lie le pouvoir en France avec Versailles, son château et son parc… Si aucun Président n’a songé rouvrir pour son plaisir le château de Versailles – même de Gaulle avait dû se contenter d’imaginer Vincennes ou les Invalides comme substitut à l’Élysée -, la République a su prendre ses aises, plus discrètement à Versailles. A Versailles ou – plus exactement – dans le parc du château de Versailles, à la résidence dite de La Lanterne.
Ce n’est pas la plus luxueuse des résidences d’État, bien au contraire. Mais, pourtant – et ceci explique peut-être cela -, elle est devenue la plus prisée.
Un lieu qui attise les convoitises
« Il t’a piqué le meilleur du job », s’est gentiment moqué en connaisseur Jean-Pierre Raffarin, qui s’adressait à François Fillon, lorsque Nicolas Sarkozy a décidé après son élection en 2007 que la résidence de La lanterne ne serait plus privilège du Premier ministre, mais privilège du Président.
De Louis XV à François Hollande, cette bâtisse à double exposition, percée de trente-six fenêtres sur ses deux façades, a connu au fil des siècles de nombreuses histoires. Pourtant le lieu demeure mystérieux, si bien protégé du monde extérieur. Un secret d’Etat. « C’était pour moi comme si ce pavillon ancien, entouré d’arbres immenses peut-être aussi vieux que lui, nous mettait à l’abri du temps présent et des crises », décrivait la campagne de l’ancien premier ministre Lionel Jospin.
De Gaulle remet la résidence au goût du jour
Derrière une longue allée parsemée de hauts peupliers, les seuls murmures qui parviennent à s’échapper du parc sont celles des privilégiés qui ont pu y fouler les pieds. Conviée, Anne Sinclair avait décrit le lieu comme mêlant « un peu du Petit Trianon, une pincée de résidence secondaire style ‘Maison et jardin’ et un zeste d’auberge à Barbizon », tandis qu’Alain Malraux -neveu de celui qui avait reçu cette résidence, réhabilitée en 1959 par le Général de Gaulle, après que la IVe République l’ait boudé, au profit du milliardaire Gordon Bennett- s’extasiait d’y être « le colocataire de Louis XIV, de Dieu et du Soleil ».
De Malraux à quatre pattes derrière ses chats aux footings de Sarkozy
Un véritable refuge, proche de la Capitale, mais loin des ennuis du monde. Un bunker où le résident reprend ses esprits, et tant pis si le peuple perd le sien. Dans ce lieu, la quiétude prend le pas. Les différents politiques qui s’y sont succédés y sont à l’aise, offrant quelques scènes cocasses comme l’ancien ministre de la Culture André Malraux se baladant en robe de chambre dans les jardins, un Raymond Barre qui venait descendre la cave bien fournie du pavillon, un Edouard Balladur qui y enterre son chien décédé, ou bien encore Nicolas Sarkozy bras dessus-dessous avec Carla Bruni, qu’on ne savait pas encore comme sa nouvelle compagne.
Un havre de paix
On comprend mieux pourquoi François Hollande a poursuivi les directives de son prédécesseur en conservant ce privilège qu’est la Lanterne. Baignée par le soleil, la résidence yvelinoise -en forme de U, avec piscine et terrain de tennis parmi les quatre hectares sur laquelle repose la bâtisse construite au XVIIIe siècle-, sera le cadre d’une liberté de courte durée pour un président qui n’avait que peu apprécié de voir des photos volées de son couple en maillot de bain l’an passé. Pas de chance que ça se reproduise cette année, derrières les longs murs qui bordent la résidence.