Profitant de l’attention internationale centrée sur le carnage à l’arme chimique en Syrie et les préparations d’une intervention internationale contre la dictature d’Assad, le régime iranien a perpétré un massacre contre ses propres opposants, réfugiés au camp d’Achraf en Irak.
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C’est Nouri Al-Maliki, le premier ministre inféodé à l’Iran, qui a été chargé de l’opération : sur la centaine d’habitants d’Achraf, 52 personnes, dont 6 femmes, ont été abattues à bout portant par les forces spéciales irakiennes, infiltrées dans le camp à l’aube du 1er septembre.
Certains, ont eu les mains liées dans le dos avant d’être fusillés et sept personnes, dont 6 femmes ont été pris en otages. Les défenseurs des droits de l’homme ont dénoncé un «carnage» et des «exécutions collectives d’Achrafiens». Dans la journée de lundi, une mission des Nations-Unis s’est rendu à Achraf et a identifié les corps de 52 Achrafiens tués. Les survivants ont demandé la libération de leurs camarades pris en otages qu’ils ont identifiés : Mmes Vajiheh Karabala’i, Mahboubeh Lachkari, Fatemeh Sakha’i, Fatemeh Tahouri, Leila Nabahat et Sedigheh Ebrahimpour, ainsi que M. Kamal Niknami.
A la recherche des habitants, les assaillants se sont dirigés vers la clinique d’Achraf, où se trouvaient des blessés du début de l’attaque. Ils les ont mitraillés et achevés d’une balle dans la tête. Contacté par téléphone, le médecin du camp d’Achraf, Javad Ahmadi, qui fait partie des 42 survivants, a déclaré, le 3 septembre, au quotidien suisse Le Temps : «Les militaires irakiens ont débarqué dans le camp en tirant. Ils ont systématiquement tué les blessés d’une balle dans la tête, parmi les victimes de nombreuses femmes. Ils ont même assassiné le personnel médical. »
Réactions internationales
Amnesty International a condamné l’attaque et a appelé à une enquête impartiale. Hassiba Hadj Sahraoui, la directrice d’A.I. pour le Moyen-Orient a rappelé dans un communiqué que ce n’est pas la première fois que des massacres sont commis à Achraf et les résidents continuent de vivre dans la crainte d’un autre carnage dans l’absence d’une «enquête indépendante, transparente et conforme aux normes internationales.»
La Fondation Danielle Mitterrand France Libertés, a condamné l’attaque et a souligné qu’elle «suit ce dossier depuis de longues années et milite pour que des solutions internationales soient trouvées pour permettre aux résidents d’Achraf de trouver un autre pays d’accueil mais rien n’est fait, nos États restent impassibles.»
La FIDH s’est dit «extrêmement préoccupée par la déclaration du Corps des Gardiens de la révolution islamique, en Iran, qui s’est félicité de l’assassinat des résidents du Camp Ashraf, perçu comme “une revanche historique des enfants courageux des mujaheds irakiens tombés comme martyres”. Ces déclarations laissent craindre une participation directe ou indirecte des Gardiens de la Révolution à ces exécutions. »
Maryam Radjavi, la présidente de la Résistance iranienne a appelé au déploiement des casques bleus de l’Onu pour protéger ces « personnes protégées en vertu de la quatrième convention de Genève.»
La France, par l’intermédiaire du porte-parole du ministère des Affaires étrangères Philippe Lalliot, a également demandé une enquête indépendante, rappelant que « la violence à l’encontre des populations civiles et en particulier des réfugiés est inacceptable.»
L’ambassade des États-Unis en Irak a «condamné fermement les terribles évènements qui se sont produits au camp d’Achraf,» et appelé «pour une enquête complète et indépendante sur ce tragique événement; ceux qui s’avéreront responsables devront en rendre entièrement compte. »
Grève de la faim
Par ailleurs de nombreux membres de la diaspora iranienne ont entamé une grève de la faim jusqu’à la libération et le retour des otages, et jusqu’au règlement de la protection de la population d’Achraf et Liberty. Liberty est l’autre camp qui abrite 3200 opposants iraniens, qui ont également entrepris dans leur grande majorité une grève de la faim depuis le 1er septembre.
Les habitants demandent l’intervention urgente du Conseil de sécurité de l’ONU et que la protection des habitants soit transférés des forces criminelles irakiennes aux casques bleus de l’ONU. Ils soulignent que confier la protection des habitants d’Achraf et de Liberty aux forces irakiennes qui ont jusqu’à présent commis cinq massacres à Achraf et Liberty, relève de la complicité de crime contre l’humanité et que cela doit cesser.http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=DSKSWZndpEM