Le Front national s’est imposé dans les débats en arrivant largement en tête du premier tour de l’élection cantonale partielle de Brignoles, dans le Var. Dimanche 6 octobre, son candidat, Laurent Lopez, obtenait 40,4 % des voix. Il n’est donc plus une journée sans que le FN fasse l’actualité et, miracle, il semblerait que cela fasse vendre…
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Le Front national fascine. Qu’on le combatte ou qu’on l’approuve, le FN attire à lui les téléspectateurs lors des grandes émissions auxquelles participe sa présidente, Marine Le Pen, mais aussi les lecteurs quand la presse aborde ses thèmes de prédilection. Une preuve parmi d’autres… le cas deValeurs Actuelles qui, ces dernières semaines, flairant la bonne aubaine, et connaissant son lectorat traditionnel, avit oser frapper plus fort encore que d’habitude : « Naturalisés : l’invasion qu’on cache », titrait l’hebdomadaire de droite, le 25 septembre, ou encore « Roms, l’overdose », le 21 août dernier.
Bonjour à tous, voici en avant-première la #couv du prochain n° de @Valeurs > « #Naturalisés: l’invasion qu’on cache » pic.twitter.com/1S4aSBQbNB
— Valeurs actuelles (@Valeurs) September 25, 2013
Dans @Valeurs de ce jeudi 26 notre dossier sur le scandale des naturalisations massives voulues par @manuelvalls pic.twitter.com/l3PkAdanfB
— Yves de Kerdrel (@ydekerdrel) September 25, 2013
La recette du succès ? Il semblerait bien puisque l’hebdomadaire connaît une forte hausse de ses ventes depuis le début de l’année 2013 : « les ventes en kiosque ont augmenté en moyenne de 37 % et les abonnements de 8% par rapport à la même période en 2012 (pourtant période pré-électorale) », détaillait, en juin, Valeurs actuelles.
« Islam, le danger communautariste »
Cette semaine, c’est L’Express qui – récidiviste – lui emboîte le pas : « Islam, le danger communautariste ». Certes n’apparaît pas sur sa Une de Marianne voilée, comme en avait le choix Valeurs actuelles, mais un étalage de voiles islamiques, présenté à la vente, accompagné d’accroches sur « Le malaise de la gauche » et sur « L’escalade de l’islamophobie ».
« L’Express ne peut se taire quand il voit se lever des tempêtes sur le pays, et celle-ci en est une : dans un islam qui cherche encore sa place en France, dans une République qui ne sait pas bien intégrer ses citoyens musulmans, il y a un danger communautariste », explique Christophe Barbier, le directeur de la rédaction. « Oui, le communautarisme est un fait minoritaire, limité à quelques lieux et à une phalange d’individus », ajoute-il. « Mais, comme un cancer commence par une poignée de cellules viciées, il a besoin de peu de foyers pour être vite menaçant, puis un jour, mortel. »
Désormais, il suffit à L’Express de mettre « Islam » en très gros sur la couverture pour espérer vendre. Triste époque. pic.twitter.com/5TgOsmczHc
— pierrehaski (@pierrehaski) October 8, 2013
Si Christophe Barbier entend défendre le droit de parler de sujets délicats, Pierre Haski, cofondateur de Rue89, lance sur Twitter : « Désormais, il suffit à L’Express de mettre « Islam » en très gros sur la couverture pour espérer vendre. Triste époque. » Ce n’est pas totalement faux, mais laisser le terrain au FN sur ce sujet, est-ce la seule alternative ?
Les Unes qui font peur…
Mais L’Express et Valeurs Actuelles ne sont pas les seuls à surfer sur la vague du FN. Cette semaine le Nouvel Observateur titre : « 24% Le sondage qui fait peur – En tête pour les Européennes, le FN menace de devenir le premier parti de France ». Selon un sondage Ifop pour le Nouvel Observateur, le FN arrive, en effet, en tête des intentions de vote pour les élections européennes de 2014.
« Ce sondage, bien entendu, n’est pas une prévision. Il fixe le rapport de force sur la ligne de départ », écrit François Bazin, journaliste pour le Nouvel Obs. « Mais, à l’évidence, il décrit une réalité nouvelle dans la vie politique française. Le FN est en train de changer de nature. Sa place n’est plus à la marge mais au centre du jeu politique. Marine Le Pen ne se contente plus de brouiller les cartes, comme aimait tant le faire son père. Elle peut désormais les redistribuer à sa main et cela change tout. »
Encore une fois, si le sujet mérite indéniablement d’être traité, que penser de ce jeu des peurs ? Cette stratégie sera-t-elle efficace ? Et si la presse française ne savait pas traiter ces sujets sans une certaine gêne ?