Les Argentins sont appelés à se rendre aux urnes dimanche 27 octobre pour les élections législatives de mi-mandat. La moitié de la Chambre des députés et le tiers sur Sénat doivent être renouvelés. La présidente de la République, Cristina Kirchner, déjà affaiblie par un récent traumatisme crânien, pourrait perdre la majorité au Parlement.
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À 60 ans, l’épouse de l’ancien président argentin, qui a succédé à son mari à la tête de l’Argentine en 2007, s’est retirée – pour un temps – de la vie politique.
Un état de santé instable
À la suite d’une chute le 12 août dernier, alors qu’elle faisait du roller dans la résidence présidentielle d’Olivos, près de Buenos Aires, Cristina Kirchner a subi une opération début octobre et doit, selon les médecins, observer un mois de repos complet. Selon la version officielle, un hématome crânien aurait été découvert quelque temps après sa chute.
L’incident, survenu en pleine campagne pour les élections législatives de mi-mandat, a obligé le très impopulaire vice-président Amado Boudou à assurer l’intérim.
Quelques jours avant les élections du 27 octobre, le bras droit de la présidente, ex-ministre de l’Economie et ancien rockeur fan de moto qui fait actuellement l’objet de poursuites judiciaires pour enrichissement illicite et trafic d’influence, a donc repris les rênes du pays pour cette dernière ligne droite.
Il avait déjà remplacé la présidente en janvier 2012, alors qu’elle devait subir une opération médicale – de la thyroïde cette fois.
Des « élections-test »
Après un premier mandat de quatre ans passé à la tête du pays, la présidente de centre-gauche, péroniste, avait été facilement réélue en 2011 avec près de 54 % des voix. Son deuxième et dernier mandat – la Constitution argentine ne permet pas au président de briguer un troisième mandat – court jusqu’en 2015.
Les élections du 27 octobre, qui interviennent donc deux ans après sa réélection, auront valeur d’« élections-test » selon les observateurs, et pourraient sérieusement affaiblir le gouvernement dont l’image a déjà été ternie ces deux dernières années.
Or, selon les derniers sondages, 70 % des Argentins voteraient contre les candidats du parti présidentiel. Et certaines personnalités politiques montantes, à l’instar du dissident Sergio Massa, ex-chef du gouvernement de Cristina Kirchner en 2008-2009, désormais dans les rangs de l’opposition, pourraient bien renverser la donne.
Sergio Massa est en effet pressenti pour remporter la province de Buenos Aires, province-clé dans le jeu politique puisqu’elle recense 38 % des 41 millions d’habitants de l’Argentine. Une victoire qui pourrait également confirmer le jeune candidat de 41 ans dans sa lancée vers la présidence du pays en 2015.
Le parti présidentiel fragilisé
La chute de popularité de l’entourage présidentiel, la hausse de l’inflation et l’augmentation de l’insécurité et de la corruption ont sérieusement déstabilisé le parti au pouvoir (le Front pour la victoire).
La chute de Cristina Kirchner et l’incertitude qui plane sur son état de santé, qui ont mis un coup de frein à la campagne pour les législatives alors que la présidente courait les meetings pendant tout l’été, ont également contribué à fragiliser le parti de la présidente.
Le Front pour la victoire est donc en sérieuse perte de vitesse. Un ralentissement déjà amorcé en août dernier lors des élections primaires en Argentine, lorsque les listes gouvernementales avaient été battues dans la plupart des grandes circonscriptions du pays, notamment dans la province de Buenos Aires et à Santa Fe, Córdoba ou encore Mendoza.
Si la présidente perd sa majorité parlementaire, elle pourrait donc être contrainte d’abandonner son projet de réformer la Constitution, réforme qui aurait pu lui permettre de se présenter une troisième fois à la tête de l’Argentine lors des élections présidentielles de 2015.