Le cercle des pays de la zone euro toujours détenteurs du fameux triple A auprès des trois grandes agences de notation (Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch) se réduit peu à peu. Il ne compte plus, désormais, que l’Allemagne, le Luxembourg et la Finlande. La note maximale a été retirée par S&P aux Pays-Bas, mais relevée pour l’Espagne. Cela étant, les agences de notation ayant perdu toute crédibilité, l’impact sur les marchés reste très limité.
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L’agence de notation Standard & Poor’s a dégradé, vendredi 29 novembre, la note de long terme de la dette souveraine des Pays-Bas, de « AAA », la meilleure note, à « AA+ ». Pour se justifier, l’agence a indiqué : « Les perspectives de croissance des Pays-Bas sont désormais plus faibles que ce que nous anticipions auparavant, et la tendance du taux de croissance du PIB réel par habitant est inférieure à celle de ses pairs bénéficiant des mêmes niveaux élevés de développement économique ».
Les Pays-Bas perdent eux aussi leur triple A auprès de l’agence américaine
La nouvelle note est en revanche associée à une perspective « stable », signifiant qu’il est peu probable, qu’à court terme, le pays ne subisse une nouvelle dégradation. La cinquième économie de la zone euro avait pourtant appliqué à la lettre les plans de rigueur qui lui avaient été préconisés par Bruxelles…
Même si la corrélation n’est pas parfaite, le triple A permet de se financer à très faible coût sur les marchés financiers, puisque cela atteste d’une capacité à faire face à ses engagements financiers.
Perspective relevée pour l’Espagne
S&P a par ailleurs annoncé dans un communiqué, vendredi 29 novembre également, avoir relevé la perspective de la note de l’Espagne, de « négative » à « stable ». La note du pays, « BBB », ne sera donc, a priori, ni abaissée ni relevée, à court terme.
L’agence a estimé que la situation économique du pays s’améliorait, notamment sur le plan du commerce extérieur. Les programmes d’austérité et les réformes structurelles mis en place, ont en effet permis à l’Espagne d’obtenir une plus grande compétitivité prix, par une baisse du coût du travail. Pour rappel, le gouvernement a annoncé cette semaine la sortie de récession au troisième trimestre.
Malgré la légère embellie, le communiqué a rappelé que le pays était loin d’être sorti d’affaire, avec un niveau de dette publique et privée encore extrêmement élevé et une croissance qui devrait rester faible dans les prochaines années. D’après les estimations de l’agence, le PIB du pays devrait reculer de 1,2% en 2013 pour croître, respectivement de 0,8% et 1,2% en 2014 et 2015.
La crédibilité de Standard & Poor’s sérieusement entamée
Les agences de notation ont vu leur crédibilité s’effondrer avec la crise des subprimes. Alors que les faillites d’établissements financiers se multipliaient au plus fort de la crise, en 2008, nombre d’entre eux bénéficiaient encore d’excellentes notes, parfois même du triple A. Mais si les agences ont fait preuve d’une incapacité à déceler les risques liés à certains placements, on peut s’interroger sur leur volonté même de le faire, du fait du conflit d’intérêt inhérent à leur activité : les agences sont payées par les établissements qu’elles notent.
Cette perte de crédibilité des agences de notation est confirmée par la faiblesse de la réaction sur les marchés suite aux annonces de S&P. Sur le marché obligataire, le taux d’emprunt des Pays-Bas n’a pratiquement pas bougé alors que celui de l’Espagne a très légèrement reculé. Le ministre néerlandais des Finances, Jeroen Dijsselbloem, avait immédiatement annoncé suite à l’officialisation de la dégradation du pays, ne pas attendre « d’effet substantiel sur les taux d’emprunt ». Il en avait été de même lors de la dégradation de la France par Standard & Poor’s.
Les décisions des agences de notation n’ont plus vraiment d’influence sur les marchés, les investisseurs sachant pertinemment que pour juger de la capacité d’un pays à faire face ces engagements financiers, il est préférable de regarder les analyses d’institutions comme le Fonds monétaire international
10 pays dans le monde conservent leur triple A auprès des trois grandes agences de notation
Il ne reste plus, dans le monde, que 10 pays toujours détenteurs de la note maximale auprès des trois grandes agences de notation que sont Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch. Sur ces dix pays, sept sont en Europe : l’Allemagne, le Luxembourg, la Finlande, la Suède, la Norvège, le Danemark, et la Suisse (les autres pays étant l’Australie, le Canada et Singapour).