C’est lors du dernier discours de Ben Ali en janvier 2011 que Nadia Khiari, enseignante aux Beaux-Arts, décide de se lancer dans le dessin de presse. Elle crée le chat Willis from Tunis et aborde dans son travail des thèmes jusqu’ici tabous de la société tunisienne. Ses dessins satiriques circulent rapidement sur la toile: aujourd’hui, plus de 30 000 personnes suivent la dessinatrice tunisienne sur sa page Facebook.
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Création de la dessinatrice tunisienne Nadia Khiari, le chat Willis from Tunis est né le 13 janvier 2011, après le dernier discours de Ben Ali qui promettait la liberté d’expression. Depuis deux ans, cette enseignante aux Beaux-Arts, membre de l’association Cartooning for Peace, esquisse chaque jour un nouveau dessin qu’elle poste sur sa page Facebook.
«Dessiner pour expulser mes angoisses»
« J’ai commencé à dessiner après le dernier discours de Ben Ali, le 13 janvier 2011. Il nous promettait la liberté d’expression si on le maintenait au pouvoir mais nous savions tous que sa fin était inéluctable. Dessiner était un moyen pour moi d’expulser mes angoisses, de partager avec mes proches, de les faire sourire dans ces moments très angoissants, en pleine révolution. J’ai continué parce que mes dessins étaient partagés sur la toile et que les commentaires étaient souvent beaucoup plus marrants que mes dessins eux-mêmes. C’était un échange très fort, une très belle solidarité ».
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La rage de la jeunesse tunisienne
« Les jeunes que je rencontre ont la rage. Ils ne se reconnaissent pas dans les politiques. Ils disent : « qu’est-ce qu’ils peuvent comprendre de ma vie tous ces cheveux blancs ? ils n’ont aucune idée de nos problèmes. Ils ne comprennent même pas notre langage. ». Beaucoup n’ont même pas envie de voter s’il y a des élections parce qu’aucun candidat ne correspond à leurs attentes. Mais ces jeunes ont une énergie extraordinaire, une soif de vivre, des rêves, énormément de créativité. Ils me rechargent les batteries quand je les rencontre et c’est eux qui me donnent l’optimisme pour l’avenir parce qu’ils sont l’avenir ».
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Des lois héritées de l’ère Ben Ali
« Une des seules vraies victoires concrètes de la révolution est la liberté d’expression : la censure sur Internet est levée, les médias s’expriment, les Tunisiens parlent enfin librement (sur les réseaux sociaux, blogs et dans la rue). Malheureusement, les lois de Ben Ali sont toujours là et le gouvernement actuel s’en sert pour faire taire à nouveau. Une des lois utilisée à tort est « le trouble à l’ordre public ». Des plasticiens y ont eu droit lors d’une exposition l’année dernière. Un collectif de graffeurs « Zwewla » en a été accusé mais il y a eu non lieu. Des rappeurs dont Weld el 15 en pâtissent aussi. Des journalistes sont menacés, intimidés… »
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