Lundi 6 janvier, un adolescent pakistanais du nord-ouest du pays a sauvé la vie de centaines d’élèves en se jetant sur un kamikaze bourré d’explosifs qui visait son école. Le courage du jeune Aitzaz Hassan, salué par la police pakistanaise qui demande que les honneurs civils lui soient rendus, a été comparé à celui de la jeune Malala Yousafzaï, rescapée d’un attentat mené en 2012 par des taliban.
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Aitzaz Hassan avait quinze ans lorsqu’il s’est jeté sur un kamikaze, aux portes de son école. Le drame est survenu lundi 6 janvier dans le district de Hangu, dans la province du Khyber Pakhtunkwha, au nord-ouest du Pakistan.
La province, située à la frontière avec les zones tribales d’Afghanistan, est régulièrement touchée par les attentats perpétrés par les taliban.
Toute l’école a été épargnée
Dans un élan qualifié d’héroïque par la police de cette région, qui exhorte les autorités pakistanaises à donner au jeune garçon les plus hauts honneurs civils, Aitzaz a sauvé, par sa mort, les centaines d’élèves et les professeurs de l’école devant laquelle le kamikaze s’apprêtait à se faire exploser.
Arrivé en retard ce jour-là, il était avec quelques amis lorsqu’il a vu le kamikaze vêtu d’un gilet chargé d’explosifs, à 150 mètres de l’école. Malgré les supplications de ses camarades qui ont couru se réfugier, il a décidé de tenter de bloquer le terroriste, qui s’est alors fait exploser. Le jeune Aitzaz est décédé quelques temps après, à l’hôpital. Toute l’école a été épargnée.
« Je suis heureux que mon fils soit devenu un martyr »
« Mon fils a fait pleurer sa mère, mais il a empêché que des centaines de mères ne pleurent pour leurs enfants », a déclaré le père d’Aitzaz, Mujahid Ali Bangash. « Aitzaz a fait notre fierté en interceptant vaillamment le kamikaze et en sauvant la vie de centaines de ses camarades », a-t-il ajouté. « Je suis heureux que mon fils soit devenu un martyr en sacrifiant sa vie pour une noble cause ».
La petite ville d’Ibrahimzai, où s’est déroulé le drame, à majorité chiite, est considérée comme une des zones les plus à risques de cette région, proche des zones tribales où sont retranchés des groupes de taliban. Les chiites, minorité musulmane représentant près de 20% de la population pakistanaise, sont régulièrement la cible d’attentats d’extrémistes sunnites.
« Il faut au moins lui donner une médaille »
Sur Twitter, Sherry Rehman, ancienne ambassadrice pakistanaise à Washington, et très influente dans l’opposition, a vivement réagi. « Aitzaz Hassan est la fierté du Pakistan. Il faut au moins lui donner une médaille », a-t-elle écrit dans un tweet, ajoutant : « Encore un jeune au courage époustouflant ».
Hangu’s shaheed Aitzaz Hasan is #Pakistan‘s pride. Give him a medal at least. Another young one with heartstopping courage #AitzazBraveheart
— sherryrehman (@sherryrehman) 9 Janvier 2014
Certains ont en effet comparé l’action héroïque d’Aitzaz à celle de Malala Yousafzaï, cette jeune Pakistanaise de 16 ans qui défendait le droit des filles à aller à l’école. En octobre 2012, elle a reçu une balle dans la tête tirée par un membre du Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP), principale mouvance des taliban pakistanais.
Heureusement sauvée, elle a reçu en 2013 le prix Sakharov qui récompense chaque année « des personnalités exceptionnelles qui luttent contre l’intolérance, le fanatisme et l’oppression ».