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Salaires, Afghanistan, Guantanamo: Obama joue ses bonnes cartes

30.01.2014 par La Rédaction

Barack Obama a prononcé, mardi 28 janvier, son très attendu discours sur l’état de l’Union devant le Congrès américain. En prenant à témoin le peuple américain sur les grands chantiers déjà mis en avant pendant sa campagne, qu’il souhaite voir accomplis avant la fin de son deuxième mandat, le président a promis que 2014 serait avant tout une « année d’action ». A-t-il réellement les moyens de tenir ses promesses ? Décryptage de l’événement avec Thomas Snégaroff, historien spécialiste des États-Unis.

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Crédit photo: Mistydawnphoto / Shutterstock.com

JOL Press : Barack Obama a prononcé mardi son célèbre discours sur l’état de l’Union devant le Congrès. À quoi sert ce discours annuel du président américain ?
 

Thomas Snegaroff : C’est un discours prévu par la Constitution américaine. Ce n’est d’ailleurs pas obligatoirement un discours, cela peut-être un texte écrit, comme cela l’a été pendant un siècle, de Thomas Jefferson jusqu’à Theodore Roosevelt. Le texte était envoyé par écrit au Congrès. Le modèle du discours était alors considéré comme trop « monarchique », puisqu’il reprenait le modèle du discours du trône en Angleterre.

C’est un discours très important dans la vie démocratique américaine, prononcé tous les ans au mois de janvier – sauf pendant les années post-électorales. Il a pour vocation de rappeler l’état de l’Union, c’est-à-dire des États-Unis, de faire un bilan de l’année précédente (les grandes avancées, les blocages) et de poser une série d’objectifs pour l’année à venir. Sachant évidemment qu’aux États-Unis, le pouvoir législatif est entre les mains du Congrès.

Il permet au président américain de dire au Congrès les choses qui lui paraissent importantes et de pousser le Congrès à agir dans le sens qu’il souhaite. Il prend à témoins les Américains de ses volontés, et éventuellement du manque d’action du Congrès à agir dans le sens souhaité.

JOL Press : Le président a évoqué la hausse du salaire horaire minimum pour les nouveaux fonctionnaires de l’État fédéral. A-t-il réellement le pouvoir et les moyens de lancer une telle réforme ?
 

Thomas Snegaroff : La question du salaire horaire minimum est en effet importante. C’est d’ailleurs la plus audacieuse de toutes les annonces qu’il a faites lors de ce discours. Aujourd’hui, le salaire minimum est de 7,25 dollars environ, et il souhaite l’augmenter à 10,10 dollars. C’est effectivement une mesure difficile à faire passer.

On sent bien qu’il y a derrière cette question une dimension plus politique. Elle participe d’un grand discours sur les classes moyennes : c’est à ces gens-là que le président souhaite s’adresser, ainsi qu’aux démocrates, en pensant évidemment aux élections de mi-mandat qui auront lieu en novembre 2014. Ce sont des élections à haut risque pour les démocrates qui risquent de perdre le Sénat.

Il va falloir que le président se montre très convaincant. Là encore, il prend à témoins les Américains, leur montrant qu’il souhaite cette avancée, et que c’est maintenant au Congrès de jouer. Il veut vraiment pousser dans ses retranchements le Congrès qu’il considère comme étant un Congrès qui, l’année précédente, a très peu travaillé avec lui : on a atteint l’un des records les plus bas de lois votées en une année. Sur les 41 propositions de lois annoncées par Barack Obama lors du discours sur l’état de l’Union en 2013, seules deux ont été effectivement votées.

JOL Press : Lutte contre le changement climatique, fermeture de Guantanamo, retrait des troupes d’Afghanistan… Pourquoi Barack Obama rappelle-t-il ses grandes promesses de campagne ?

Thomas Snegaroff : D’abord, parce que c’est le but même du discours sur l’état de l’Union : rappeler d’où l’on vient et où l’on va. Concernant le changement climatique, c’est plutôt un échec. Il avait évoqué une loi sur le climat qui, je pense, n’existera jamais tant que les lobbys seront aussi puissants aux États-Unis. En revanche, il a évoqué quelques pistes intéressantes sur les énergies propres, le solaire etc.

Concernant l’Afghanistan, il veut montrer que les États-Unis ne sont plus engagés dans des guerres, et souhaite rappeler les grands principes de la « doctrine Obama », qui repose avant tout sur le dialogue et sur la volonté de passer par des acteurs régionaux qui remplaceront, à terme, les États-Unis sur le terrain.

La fermeture de Guantanamo est une promesse de campagne qui n’a toujours pas été réalisée. Mais il l’évoque encore, pour montrer qu’il n’a pas mis cette idée de côté. C’est aussi pour répondre à une demande de l’aile la plus à gauche du parti démocrate, qui est très insistante sur cette question. Barack Obama, qui a fait de cette année 2014 celle de « l’action », souhaite remettre du mouvement dans son mandat, pousser le Congrès à agir, après des mois d’inaction.

JOL Press : Il ne reste à Barack Obama que trois ans avant la fin de son deuxième mandat. N’est-ce pas finalement une manière de définir le legs qu’il laissera au pays ?
 

Thomas Snegaroff : Les présidents pensent effectivement à l’héritage qu’ils laisseront après leur mandat. On sent qu’Obama souhaite entrer d’une certaine manière dans l’« après-mandat », avec de grandes réformes comme celle de la santé – l’Obamacare –, celle de l’accord de libre-échange avec l’Europe et avec l’Asie Pacifique, et la grande loi sur l’immigration qui vise à régulariser 11 millions de migrants clandestins.

Si Barack Obama parvient à faire la paix avec l’Iran, à relocaliser de grands projets industriels sur le sol américain, à engager un changement concernant les énergies propres, s’il parvient à achever les grands accords de libre-échange, alors on pourra dire que Barack Obama s’est en effet démarqué sur ces grandes questions.

JOL Press : Quelles cartes le président va-t-il jouer maintenant, à quelques mois des élections de mi-mandat ?

Thomas Snegaroff : Il va voir maintenant jusqu’à quel point le Congrès est prêt à travailler avec lui, notamment sur la question de l’immigration. Barack Obama semble aussi vouloir s’impliquer davantage en politique étrangère, il va donc poursuivre les négociations concernant les accords de libre-échange. Le conflit au Proche-Orient, la question syrienne et les relations avec l’Iran vont également être très suivis.

La période qui s’ouvre est une période de travail, où l’on va pouvoir sonder la volonté ou non du parti républicain de travailler avec les démocrates. Il y a énormément de dossiers sur la table en ce début d’année avec, en ligne de mire, les élections de mi-mandat. C’est une période en même temps assez complexe : il ne faut pas trop en faire pour éviter de perdre le centre, mais en même temps il faut agir. Il y aura beaucoup de rhétorique et de discours pendant cette période-là.

D’ailleurs, Barack Obama a commencé à faire énormément de discours sur et pour les classes moyennes. Car la croissance économique est de retour aux États-Unis, mais l’idée, c’est qu’il faut que cette croissance ne soit pas accaparée par les plus riches mais qu’elle puisse servir aux classes moyennes. C’est là-dessus que va se jouer l’année 2014.

JOL Press : Vous évoquez les grands discours d’Obama, adressés aux classes moyennes. Mais les Américains écoutent-il encore leur président ?
 

Thomas Snegaroff : C’est effectivement l’un des grands problèmes actuels. Le paradoxe est celui-là : Barack Obama n’a jamais été aussi impopulaire aux États-Unis – il a 40% d’opinion favorable, ce qui est faible pour un président américain – alors que l’Amérique n’a jamais été en aussi « bon état » depuis qu’il l’a prise en main en janvier 2009. Selon les sondages d’opinion, il est clair que les Américains veulent voir ce qui va se passer. Il ne faut pas oublier que le président a quand même été largement réélu en 2012.

Après, la grande question qui se pose, c’est de savoir si le Congrès se sentira soumis par ces discours à agir. C’est une question qui concerne d’abord les républicains, et notamment la stratégie des républicains plus modérés, qui n’ont pas envie de se sentir « pris en otage » par l’aile la plus à droite du Congrès. On sait aussi que si les républicains n’ont pas envie de perdre le Sénat, ils ont intérêt à ne pas être trop radicalisés, s’ils veulent conserver leurs sièges.

Propos recueillis par Anaïs Lefébure pour JOL Press

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Thomas Snégaroff est directeur de recherche associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS). Spécialiste des États-Unis, agrégé d’histoire et titulaire d’un DEA d’histoire contemporaine, il enseigne à Sciences Po Paris et en classes préparatoires aux grandes écoles de commerce. Il est notamment l’auteur de L’unité réinventée – Les présidents américains face à la nation (2009), Faut-il souhaiter le déclin de l’Amérique ? (2009), L’Amérique dans la peau : quand le président fait corps avec la nation (2012), Les Etats-Unis pour les nuls (2012) et Kennedy : une vie en clair-obscur (2013).

La Rédaction


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