• À propos
  • L’équipe
  • Contact
  • Mentions légales
  • Politique de confidentialité
  • Facebook
  • Twitter
  • RSS
La Revue Internationale
  • UNION EUROPÉENNE
  • RUSSIE
  • AMÉRIQUES
  • ASIE
  • AFRIQUE
  • MOYEN-ORIENT
  • LE MONDE DE DEMAIN
Actualités

Génocide au Rwanda: «Il y a pu avoir des formes non officielles d’appui français»

09.04.2014 par La Rédaction

Vingt ans après les faits, les blessures sont toujours ouvertes au Rwanda. Dans un entretien accordé à l’hebdomadaire « Jeune Afrique », le président rwandais Paul Kagame a dénoncé le rôle de la Belgique et de la France « dans la préparation politique du génocide » contre les Tutsis qui a fait 800 000 morts et « la participation de la France à son exécution même ». Des accusations lourdes qui remettent encore en jeu la responsabilité de la France dans ce massacre. Décryptage avec André Guichaoua, sociologue spécialiste du Rwanda et témoin-expert du bureau du procureur du Tribunal pénal international pour le Rwanda.

[image:1,l]

JOL Press : Que faisait la France au Rwanda à cette époque ?
 

André Guichaoua : La France s’est engagée explicitement au cours du mois d’octobre 1990 lors de la première attaque du FPR [Front patriotique rwandais, rébellion tutsie], après le retrait des troupes zaïroises et belges. D’octobre 1990 à août 1993, c’est-à-dire jusqu’à la signature des accords de paix d’Arusha, la présence de l’armée française a été constante. Elle est éventuellement intervenue en appui aux forces rwandaises lors d’offensives du FPR.

Les Français se sont ensuite retirés parce qu’il était prévu que les forces des Nations unies – la MINUAR – se substitueraient et assureraient la mission et la mise en œuvre des accords d’Arusha. Cela a duré jusqu’au déclenchement de la guerre puis du génocide après le 6 avril. Au-delà, une période de conflits a prévalu au cours de laquelle les Nations unies étaient normalement les garants du suivi ou de l’observation mais non de l’intervention. C’est à partir de cette période-là qu’il y a eu débat sur d’éventuelles formes d’appui français au gouvernement intérimaire rwandais, y compris sur le plan militaire et notamment au-delà, lorsque l’embargo sur les armes a été voté par les Nations unies.

JOL Press : Quels liens entretenait alors la France avec les troupes rwandaises en guerre contre le FPR ?
 

André Guichaoua : À cette époque-là, il n’y avait normalement pas de liens puisque la France n’était pas engagée dans le conflit et parce qu’il y a eu l’embargo de l’ONU. Formellement, la France n’était pas présente pendant cette période. Mais il y a pu avoir des formes non officielles d’interventions ou d’appuis de la part de la France, mais ceux-ci doivent être documentés et précisés. Cela a pu aller de la fourniture de munitions à l’intervention de groupes français sous mandat privé. Cela fait partie des éléments de débat sur lesquels, à l’heure actuelle, il n’y a pas de consensus quant à leur existence, leur nature et leur fonction.

JOL Press : Quelle a été la réaction de la France suite à l’attentat du président Habyarimana le 6 avril 1994 ?
 

André Guichaoua : Il y a une procédure qui est en cours actuellement au niveau français. Le fait que ce soit la France qui ait été obligée de prendre ce dossier en charge – en l’absence de réponse du Tribunal pénal international pour le Rwanda, qui avait normalement cet élément du conflit dans son dossier – est certainement une grave erreur.

Pourquoi avoir laissé en jachère un tel dossier, alors que les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité faisaient partie du mandat de cette institution, qui était indépendante ? J’ajouterai que l’argument selon lequel il n’est pas prouvé que ce soit un acte de guerre, c’est-à-dire qu’il ait un lien avec les offensives qui ont suivi, ne me semble pas recevable dans la mesure où il relevait du TPIR de faire en sorte que cet argument soit éventuellement évacué. Constatons simplement que le TPIR n’a pas souhaité le faire et qu’il y a eu une opposition extrêmement ferme de la part des autorités rwandaises à toute investigation susceptible d’analyser les stratégies des deux protagonistes.

D’autre part, les éléments qui ont été recueillis, notamment du temps du mandat de Louise Arbour [Haut-commissaire aux droits de l’Homme entre 2004 et 2008] ont fait l’objet d’un veto américain. La France est finalement restée seule avec son dossier alors qu’elle est certainement le pays le plus mal placé pour avoir à assumer cette charge en matière de justice.

JOL Press : Vingt ans après les faits, le premier Rwandais jugé en France pour sa complicité dans le génocide a été condamné à 25 ans de prison. Pourquoi les procès des génocidaires n’ont-ils lieu que maintenant ?
 

André Guichaoua : Les raisons sont relativement simples. La position française dans le conflit ne lui permettait certainement pas d’engager des procédures à l’époque. C’est aussi vraisemblablement parce qu’au cours des premières années après le génocide, la France avait soutenu un certain nombre de personnalités de l’ancien régime qui étaient susceptibles d’être poursuivies explicitement, soit par le TPIR soit par les autorités rwandaises, ce qui ne s’est pas fait. La rupture des relations diplomatiques entre la France et le Rwanda a également ralenti les choses.

Depuis que les relations ont été rétablies, notamment après la visite de Nicolas Sarkozy en février 2010, il a fallu quelques années pour que soit mis en place un cadre efficace, doté d’un budget, qui permette d’organiser ces procès. La longueur des procédures en France n’est toutefois pas propre au dossier rwandais, bien qu’en ce qui concerne cette procédure, les délais sont encore plus longs du fait des déplacements des enquêteurs et des problèmes logistiques. Un premier procès a été mis en audience récemment. Ce n’est effectivement pas un hasard s’il a eu lieu en 2014, peu de temps avant les commémorations des 20 ans du génocide.

Il faut aussi préciser qu’aucun pays n’a été en mesure d’assumer plus d’une douzaine ou quinzaine de cas – la Belgique venant en tête – pour des raisons de budget, de personnel, et de plus en plus pour des raisons de raréfaction du vivier des témoins crédibles. Les procédures sont parties pour durer encore une dizaine d’années. Le plus important aujourd’hui consiste à répéter qu’il est impensable que l’impunité prévale pour des crimes imprescriptibles, qu’il s’agisse de crimes de génocide, de crimes de guerre, ou de crimes contre l’humanité.

Propos recueillis par Anaïs Lefébure pour JOL Press 

———————————————-

André Guichaoua est sociologue, professeur à l’Université Paris 1. Il est l’auteur de Rwanda, de la guerre au génocide. Les politiques criminelles au Rwanda (1990-1994), et témoin-expert du bureau du procureur du Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR).

La Rédaction


Complicité FPR France Génocide Hutus Paul Kagame Procès Rwanda Tribunal pénal international Tutsis
Tribune à la une
Otages en Iran : ne nourrissez pas le crocodile

Otages en Iran : ne nourrissez pas le crocodile
Hamid Enayat est un analyste, militant des droits de l’homme et opposant politique iranien basé en France. ...

Idées
lri-ipad

Newsletter

Pour vous abonner à la newsletter La Revue Internationale, remplissez le formulaire ci-dessous.

Les Ukrainiens ont repris l’île aux Serpents

Les Ukrainiens ont repris l’île aux Serpents

06.07.2022
En Continu
Iran : la prise d’otages au service du terrorisme

Iran : la prise d’otages au service du terrorisme

06.07.2022
Grand Angle
Le dilemme des anti-guerre face à la situation en Ukraine

Le dilemme des anti-guerre face à la situation en Ukraine

05.07.2022
En Continu
Moscou fait main basse sur la région de Lougansk

Moscou fait main basse sur la région de Lougansk

04.07.2022
En Continu
Sur le même sujet
<strong>La gauche triomphe en Colombie</strong>

La gauche triomphe en Colombie

21.06.2022
Actualités

Dimanche 19 juin, le candidat de gauche Gustavo Petro, un économiste de 62 ans et ancien guérilléro, s’est imposé au second tour de l’élection présidentielle colombienne. Il s’agit du premier président

Un activiste et un journaliste assassinés au Brésil

Un activiste et un journaliste assassinés au Brésil

15.06.2022
Actualités

L’anthropologue brésilien Bruno Pereira et le journaliste britannique Dom Philips ont été assassinés au début du mois de juin alors qu’ils enquêtaient sur l’invasion du territoire des autochtones de la

Les USA vont livrer des armes de longue portée à l’Ukraine

Les USA vont livrer des armes de longue portée à l’Ukraine

31.05.2022
Actualités

D’abord opposée à cette idée, l’administration Biden a décidé de donner à l’Ukraine des armes de contre-batterie de type HIMARS pour pouvoir frapper les forces russes dans la profondeur. L’envoi de ces

En RDC, l’aide indispensable des entreprises privées 

En RDC, l’aide indispensable des entreprises privées 

06.05.2022
Actualités

En RDC, les entreprises publiques sont fortement déficitaires. C’est le constat auquel a abouti la ministre d’État chargée du Portefeuille, Adèle Kahinda Mayina, qui a remis en septembre dernier à

Revue Internationale
  • Facebook
  • Twitter
  • RSS
  • Grand Angle
  • Idées
  • En Continu
  • Union Européenne
  • Russie
  • Amériques
  • Asie
  • Afrique
  • Moyen-Orient
  • À propos
  • L’équipe
  • Contact
  • Mentions légales
  • Politique de confidentialité
© 2017 La Revue Internationale. Tous droits réservés.
Scroll to top
Skip to content