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Pierre Camatte, ex-otage au Mali, revient sur sa détention

23.04.2014 par La Rédaction

Après 10 mois de détention en Syrie, les journalistes Edouard Elias, Didier François, Nicolas Hénin et Pierre Torres ont été libérés samedi 19 avril. Ancien professeur d’éducation physique, Pierre Camatte, aujourd’hui âgé de 66 ans, travaillait pour une association humanitaire au Mali au moment de son enlèvement, le 26 novembre 2009, par des membres d’Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi). Relâché le 23 février 2010, l’ancien-otage français raconte ses 89 jours de captivité.

Cet entretien a été réalisé avant l’annonce de la mort de l’otage français Gilberto Rodrigues Leal, mardi 22 avril, par le Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), un groupe djihadiste malien.

[image:1,l]

JOL Press : Comment s’est passé votre rapt ?
 

Pierre Camatte : J’ai été kidnappé à Ménaka, au nord du Mali, dans la nuit du 25 au 26 novembre 2009. Ça a été très violent car je ne me suis pas laissé faire. J’étais seul, mes ravisseurs se sont acharnés sur moi jusqu’à ce que je ne bouge plus. Ils m’ont emmené dans leur 4X4 garé un peu plus loin de l’hôtel que je gérais. Ensuite, on a roulé pendant deux jours et demi.

JOL Press : Quand avez-vous su qui étaient vos ravisseurs ?
 

Pierre Camatte : Le lendemain matin de mon enlèvement, je leur ai demandé qui ils étaient et ils se sont présentés comme des moudjahidine. Ils ont parlé avec jubilation de Ben Laden, d’Al-Qaida, des attentats du World Trade Center… Je savais que j’étais aux mains de membres d’Aqmi.

JOL Press : Quelle(s) langue(s) parlaient-ils ?
 

Pierre Camatte : Celui qui a dirigé l’opération parlait français. Ensuite, lorsqu’il a disparu de la circulation – les personnes qui me surveillaient changeaient souvent –, j’ai pu communiquer avec certains en anglais, dont celui qui préparait les repas. Les autres étaient arabophones.

JOL Press : Quelles ont été vos conditions de détention ?
 

Pierre Camatte : Je n’ai jamais été enfermé. Le désert était ma prison : des kilomètres de sable à perte de vue. Pendant la première partie de ma détention, nous étions dans un endroit sans aucune végétation. Il fallait se protéger du soleil avec une couverture tendue entre deux piquets. J’étais attaché la nuit et détaché le jour, mais je n’avais pas le droit de bouger d’un mètre.

On m’apportait à manger deux fois par jour. L’alimentation était absolument dégoûtante, l’eau était infecte et sentait l’essence. J’ai perdu une douzaine de kilos en trois mois. Au moment de mon enlèvement, ils m’ont cassé des côtes en me tabassant. Ce qui a provoqué des coliques néphrétiques. Je n’ai pas été soigné, on me disait : « Ça passera ».

JOL Press : Vos ravisseurs ont-ils été violents ?
 

Pierre Camatte : Il m’est arrivé d’avoir une Kalachnikov sur la tempe ou un couteau sous la gorge. A chaque fois, il s’agissait de jeunes qui, je pense, voulaient s’amuser avec moi et me faire peur. J’ai aussi reçu des coups de pied et des coups de poing. Ce n’était pas rare.

JOL Press : Savez-vous où vous vous trouviez ?
 

Pierre Camatte : Absolument pas. Peut-être au Niger, peut-être en Mauritanie, peut-être toujours au Mali… On changeait d’endroit tous les 10 jours environ.

JOL Press : Comment passaient les journées ?
 

Pierre Camatte : Je subissais une islamisation permanente. On voulait me convertir. Je connaissais le Coran, j’étais donc en mesure d’argumenter. Ma stratégie consistait à les mettre face à leurs propres contradictions. A la fin, ils me laissaient seul en disant : « Tu réfléchis, on reviendra ». Il s’agissait à chaque fois d’un moment très éprouvant.

JOL Press : Comment s’est passée votre libération ?
 

Pierre Camatte : On m’en a informé une heure avant. Le jour précédent, je me doutais qu’il se passait quelque chose. Il y avait de l’agitation, environ 70 personnes s’étaient rassemblées là où je me trouvais. Ils tiraient en l’air et semblaient très contents. Ils m’ont dit que j’allais être libéré. Ils ont apporté une caméra et m’ont demandé d’enregistrer un message, de dire ce que je voulais. J’ai simplement dit que j’étais très heureux de rentrer chez moi.

Ils m’ont emmené derrière une dune où attendait un 4X4. On a roulé toute la journée pour rejoindre Gao. Là, j’ai pris un avion qui m’a conduit au petit matin à Bamako. On m’a emmené à l’ambassade de France, où se trouvaient une cellule de crise du quai d’Orsay et un médecin. Dans l’après-midi, le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner m’a appelé pour me dire qu’il serait sur place avec Nicolas Sarkozy le soir même. Je suis arrivé le lendemain matin à Paris.  

JOL Press : Que ressentiez-vous à ce moment-là ?
 

Pierre Camatte : Il y a d’abord la joie immense de savoir qu’on va retrouver les siens. Je savais aussi que mes proches avaient enduré une période difficile. Au moment de descendre de l’avion, j’ai eu un moment d’hésitation. Je n’osais pas sortir de l’appareil, je me sentais coupable d’avoir fait souffrir ma famille. Au final, nous nous sommes jetés dans les bras l’un de l’autre.

On est sur un nuage, on est pris dans un tourbillon. Il y a les formalités médicales, la conférence de presse, le débriefing avec les services de renseignement… On oublie un peu tout ce qui nous a blessé pendant la détention. C’est différent une fois rentré à la maison : on essaye de raconter à la famille, mais c’est très difficile de mettre des mots sur ce qu’on a vécu.

JOL Press : Et après ?
 

Pierre Camatte : On ne sort pas de cette aventure comme on sort d’une pièce en fermant la porte. La porte reste ouverte. La nuit, on est assailli de souvenirs, d’images, de peurs… Pendant longtemps, à chaque fois que j’entendais un bruit dans mon sommeil, je croyais qu’un groupe venait m’enlever à nouveau. Je pense que cela dur plus ou moins longtemps selon le tempérament de chacun. 

La Rédaction


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