• À propos
  • L’équipe
  • Contact
  • Mentions légales
  • Politique de confidentialité
  • Facebook
  • Twitter
  • RSS
La Revue Internationale
  • UNION EUROPÉENNE
  • RUSSIE
  • AMÉRIQUES
  • ASIE
  • AFRIQUE
  • MOYEN-ORIENT
  • LE MONDE DE DEMAIN
Actualités

25 ans après la mort de l’ayatollah Khomeiny, l’Iran tiraillé

04.06.2014 par La Rédaction
25 ans après la mort de l’ayatollah Khomeiny, l’Iran tiraillé

Entretien avec Bernard Hourcade, directeur de recherche émérite au CNRS et spécialiste de l’Iran.

Il y a vingt-cinq ans, la mort de l’ayatollah Khomeiny, Guide de la révolution islamique de 1979, rassemblait plus d’un million d’Iraniens lors de ses obsèques. Aujourd’hui, que reste-t-il de celui qui renversa le Shah et fonda la première République islamique d’Iran ?

[image:1,l]

JOL Press : Quelle était l’ambition première de l’ayatollah Khomeiny lors de la révolution iranienne de 1979 ?
 

Bernard Hourcade : Khomeiny, c’est un peu les Frères musulmans version chiite. D’un point de vue politique, il a adopté la même dynamique que les Frères musulmans égyptiens par exemple. Il voulait que l’islam soit une force politique et morale moderne, agissant dans le monde du XXème siècle de l’époque, en disant aux religieux : « sortez des mosquées, l’islam doit être dans la rue, près de la population et avoir un rôle dans toute la vie contemporaine du monde ».

Ce genre d’idées rejoignait un peu le tiers-mondisme de l’époque qui revendiquait aussi son existence et sa volonté de trouver une place postcoloniale digne. C’était le discours principal de l’ayatollah Khomeiny, qui l’a opposé aux religieux traditionnels, plus quiétistes, qui défendaient l’idée d’une religion privée, restreinte au cercle familial.

JOL Press : Qu’incarne aujourd’hui la figure de Khomeiny pour les Iraniens et que retenir de l’expérience révolutionnaire ?
 

Bernard Hourcade : Les Iraniens sont sortis de cette expérience révolutionnaire de manière ambivalente. D’un côté, la révolution islamique a été un succès en ce sens que l’Iran est aujourd’hui indépendant et il affirme cette indépendance par rapport aux grandes puissances. L’Iran est un pays qui compte, et la population iranienne a eu accès au pouvoir pendant un certain temps. La révolution islamique a permis de donner le pouvoir à des gens de classe modeste qui n’y avaient pas accès jusque-là.

D’un autre côté, ces gens ont pris le pouvoir par la force, de manière despotique et autoritaire, et une partie de la population n’a pas reconnu cette prise de pouvoir – c’est un peu ce qui s’est passé en France lors de la Révolution il y a 200 ans. Il y a donc à la fois dans le khomeinisme cet aspect positif de la révolution sociale avec tous les aspects dramatiques d’une vraie révolution. Les deux laissent des traces indélébiles.

JOL Press : Comment la figure du Guide suprême est-elle perçue aujourd’hui par la population ?
 

Bernard Hourcade : La réalité des rapports de force a changé dans la vie politique iranienne. Le Guide suprême actuel, Ali Khamenei, souhaite continuer la politique de Khomeiny, il essaie de garder les acquis de la révolution et de laisser le pouvoir à ceux qui l’ont pris, mais il se heurte évidemment à ceux qui disent que ce pouvoir n’est pas dans leur culture, qu’il a isolé l’Iran politiquement, l’a affaibli, mis en marge du monde, et que cette révolution a été un échec.

Ainsi, deux opinions s’affrontent : ceux qui disent que l’Iran est indépendant, qu’il s’est démocratisé, que les couches populaires ont eu accès au pouvoir, et ceux qui disent que l’Iran a perdu sa place régionale, que Dubaï est la capitale économique de la région et plus Téhéran, qui souffre en plus des sanctions internationales. Le Guide suprême actuel doit ainsi gérer ces deux contradictions.

JOL Press : Le modèle de République islamique tel que voulu par Khomeiny est-il encore « pertinent » dans l’Iran actuel ?
 

Bernard Hourcade : Ce n’est pas vraiment une question de pertinence : ce modèle existe et fonctionne. L’électricité tourne, le téléphone marche, les trains partent à l’heure, les rues sont propres et plutôt sûres. On s’attendait à ce que le système s’effondre après la révolution mais il s’est plutôt renforcé. Finalement, quand on compare l’Iran aux pays voisins, les drames sont nombreux mais moins qu’en Irak ou en Afghanistan. Certains considèrent donc que le bilan est globalement positif, ce qui n’empêche pas d’autres de critiquer ce bilan.

JOL Press : Comment ont évolué les relations avec l’Occident depuis la mort de Khomeiny ?
 

Bernard Hourcade : La mort de Khomeiny n’a pas fondamentalement changé les choses : l’opposition aux États-Unis est restée forte, parce qu’elle est un peu le symbole de l’indépendance iranienne. L’Iran n’a jamais eu de vraie guerre d’indépendance. D’une certaine manière, sa guerre a été la révolution islamique contre les États-Unis.

L’Iran islamique ne sera donc jamais ami de l’Occident, même si cela ne veut pas dire que les relations ne seront pas apaisées, normales et banalisées. Même si les choses changent en Iran, l’héritage de l’indépendance iranienne reste très enraciné. C’est d’ailleurs le premier mot de la devise de la révolution : « Indépendance, Liberté, République islamique ». Finalement, l’amitié avec l’Occident est un facteur secondaire par rapport à sa volonté d’indépendance.

JOL Press : Le président Hassan Rohani pourrait-il cependant accélérer le processus ?
 

Bernard Hourcade : Oui, aujourd’hui l’Iran n’est plus dans une période de confrontation mais dans une période de bilan et de mise à profit des nouveaux rapports de force sur la scène régionale et internationale. Ces derniers ont changé, l’Iran est maintenant stable et établi politiquement, et les États-Unis ont accepté de discuter.

D’une certaine manière, l’Iran a gagné. Les États-Unis, qui avaient juré la « mort » de l’Iran islamique, négocient actuellement et cherchent des solutions, parce que l’Iran est le seul pays stable de la région par rapport à l’Irak et l’Afghanistan que les guerres américaines ont dramatiquement déstabilisés.

La politique du président Rohani est de maintenir les acquis révolutionnaires tout en ayant une politique réaliste. Il cherche désormais un consensus au sein d’un gouvernement d’union nationale, et cherche à tirer des conclusions de ce changement politique mis en place par Khomeiny de façon révolutionnaire à l’époque. Aujourd’hui, Rohani est particulièrement bien placé puisqu’il est apprécié par tous les camps. Il n’est soutenu par personne mais personne n’est contre lui : il peut ainsi jouer le rôle de coordinateur du gouvernement d’union nationale.

Propos recueillis par Anaïs Lefébure pour JOL Press

——-

Bernard Hourcade est directeur de recherche émérite au CNRS et spécialiste de l’Iran. Il a dirigé l’Institut français de recherche en Iran (1978-1993) et l’équipe de recherche « Monde iranien » (1992-2003). Il est l’auteur de plusieurs ouvrages dont Géopolitique de l’Iran, Editions Armand Colin, 2010.

La Rédaction


Ayatollah Khomeiny Chiites Frères Musulmans Guide Suprême Hassan Rohani Iran Islam République islamique Révolution islamique
Tribune à la une
Otages en Iran : ne nourrissez pas le crocodile

Otages en Iran : ne nourrissez pas le crocodile
Hamid Enayat est un analyste, militant des droits de l’homme et opposant politique iranien basé en France. ...

Idées
lri-ipad

Newsletter

Pour vous abonner à la newsletter La Revue Internationale, remplissez le formulaire ci-dessous.

Nouveaux tirs de missiles nord-coréens

Nouveaux tirs de missiles nord-coréens

27.03.2023
En Continu
La population mondiale pourrait bientôt décroître

La population mondiale pourrait bientôt décroître

27.03.2023
En Continu
Discours de Biden à Ottawa

Discours de Biden à Ottawa

26.03.2023
En Continu
La visite de Charles III reportée 

La visite de Charles III reportée 

25.03.2023
En Continu
Sur le même sujet
<strong>La politique intérieure et extérieure du Kazakhstan : une opportunité pour renforcer les liens entre Paris et Astana</strong>

La politique intérieure et extérieure du Kazakhstan : une opportunité pour renforcer les liens entre Paris et Astana

22.12.2022
Actualités

Une fois de plus, cette année écoulée aura été riche en bouleversements politiques. L’année 2022 restera marquée au fer rouge par le conflit en Ukraine et ses secousses aux quatre

Flagrant délit de désinformation pour Moscou

Flagrant délit de désinformation pour Moscou

26.10.2022
Actualités

Mercredi 26 octobre, le gouvernement slovène a fait savoir que le gouvernement russe avait utilisé des photos de déchets slovènes, prétendant qu’il s’agissait de déchets ukrainiens, pour étayer sa thèse

L’attaque du pont de Kertch fragilise Poutine

L’attaque du pont de Kertch fragilise Poutine

09.10.2022
Actualités

Suite à l’attentat perpétré sur le pont de Crimée samedi matin ayant causé la mort de trois personnes et l’effondrement partiel de la structure, Vladimir Poutine a convoqué lundi 10

Humayoon Azizi, l’ambassadeur qui résiste aux talibans

Humayoon Azizi, l’ambassadeur qui résiste aux talibans

15.08.2022
Actualités

Depuis la chute du régime, l’ambassadeur d’Afghanistan à Paris, Humayoon Azizi, refuse de reconnaître les talibans, et continue d’exercer sa représentation diplomatique au nom de la République islamique d’Iran.  Réduction

Revue Internationale
  • Facebook
  • Twitter
  • RSS
  • Grand Angle
  • Idées
  • En Continu
  • Union Européenne
  • Russie
  • Amériques
  • Asie
  • Afrique
  • Moyen-Orient
  • À propos
  • L’équipe
  • Contact
  • Mentions légales
  • Politique de confidentialité
© 2017 La Revue Internationale. Tous droits réservés.
Scroll to top
Aller au contenu principal