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25 ans après la mort de l’ayatollah Khomeiny, l’Iran tiraillé

04.06.2014 par La Rédaction
25 ans après la mort de l’ayatollah Khomeiny, l’Iran tiraillé

Entretien avec Bernard Hourcade, directeur de recherche émérite au CNRS et spécialiste de l’Iran.

Il y a vingt-cinq ans, la mort de l’ayatollah Khomeiny, Guide de la révolution islamique de 1979, rassemblait plus d’un million d’Iraniens lors de ses obsèques. Aujourd’hui, que reste-t-il de celui qui renversa le Shah et fonda la première République islamique d’Iran ?

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JOL Press : Quelle était l’ambition première de l’ayatollah Khomeiny lors de la révolution iranienne de 1979 ?
 

Bernard Hourcade : Khomeiny, c’est un peu les Frères musulmans version chiite. D’un point de vue politique, il a adopté la même dynamique que les Frères musulmans égyptiens par exemple. Il voulait que l’islam soit une force politique et morale moderne, agissant dans le monde du XXème siècle de l’époque, en disant aux religieux : « sortez des mosquées, l’islam doit être dans la rue, près de la population et avoir un rôle dans toute la vie contemporaine du monde ».

Ce genre d’idées rejoignait un peu le tiers-mondisme de l’époque qui revendiquait aussi son existence et sa volonté de trouver une place postcoloniale digne. C’était le discours principal de l’ayatollah Khomeiny, qui l’a opposé aux religieux traditionnels, plus quiétistes, qui défendaient l’idée d’une religion privée, restreinte au cercle familial.

JOL Press : Qu’incarne aujourd’hui la figure de Khomeiny pour les Iraniens et que retenir de l’expérience révolutionnaire ?
 

Bernard Hourcade : Les Iraniens sont sortis de cette expérience révolutionnaire de manière ambivalente. D’un côté, la révolution islamique a été un succès en ce sens que l’Iran est aujourd’hui indépendant et il affirme cette indépendance par rapport aux grandes puissances. L’Iran est un pays qui compte, et la population iranienne a eu accès au pouvoir pendant un certain temps. La révolution islamique a permis de donner le pouvoir à des gens de classe modeste qui n’y avaient pas accès jusque-là.

D’un autre côté, ces gens ont pris le pouvoir par la force, de manière despotique et autoritaire, et une partie de la population n’a pas reconnu cette prise de pouvoir – c’est un peu ce qui s’est passé en France lors de la Révolution il y a 200 ans. Il y a donc à la fois dans le khomeinisme cet aspect positif de la révolution sociale avec tous les aspects dramatiques d’une vraie révolution. Les deux laissent des traces indélébiles.

JOL Press : Comment la figure du Guide suprême est-elle perçue aujourd’hui par la population ?
 

Bernard Hourcade : La réalité des rapports de force a changé dans la vie politique iranienne. Le Guide suprême actuel, Ali Khamenei, souhaite continuer la politique de Khomeiny, il essaie de garder les acquis de la révolution et de laisser le pouvoir à ceux qui l’ont pris, mais il se heurte évidemment à ceux qui disent que ce pouvoir n’est pas dans leur culture, qu’il a isolé l’Iran politiquement, l’a affaibli, mis en marge du monde, et que cette révolution a été un échec.

Ainsi, deux opinions s’affrontent : ceux qui disent que l’Iran est indépendant, qu’il s’est démocratisé, que les couches populaires ont eu accès au pouvoir, et ceux qui disent que l’Iran a perdu sa place régionale, que Dubaï est la capitale économique de la région et plus Téhéran, qui souffre en plus des sanctions internationales. Le Guide suprême actuel doit ainsi gérer ces deux contradictions.

JOL Press : Le modèle de République islamique tel que voulu par Khomeiny est-il encore « pertinent » dans l’Iran actuel ?
 

Bernard Hourcade : Ce n’est pas vraiment une question de pertinence : ce modèle existe et fonctionne. L’électricité tourne, le téléphone marche, les trains partent à l’heure, les rues sont propres et plutôt sûres. On s’attendait à ce que le système s’effondre après la révolution mais il s’est plutôt renforcé. Finalement, quand on compare l’Iran aux pays voisins, les drames sont nombreux mais moins qu’en Irak ou en Afghanistan. Certains considèrent donc que le bilan est globalement positif, ce qui n’empêche pas d’autres de critiquer ce bilan.

JOL Press : Comment ont évolué les relations avec l’Occident depuis la mort de Khomeiny ?
 

Bernard Hourcade : La mort de Khomeiny n’a pas fondamentalement changé les choses : l’opposition aux États-Unis est restée forte, parce qu’elle est un peu le symbole de l’indépendance iranienne. L’Iran n’a jamais eu de vraie guerre d’indépendance. D’une certaine manière, sa guerre a été la révolution islamique contre les États-Unis.

L’Iran islamique ne sera donc jamais ami de l’Occident, même si cela ne veut pas dire que les relations ne seront pas apaisées, normales et banalisées. Même si les choses changent en Iran, l’héritage de l’indépendance iranienne reste très enraciné. C’est d’ailleurs le premier mot de la devise de la révolution : « Indépendance, Liberté, République islamique ». Finalement, l’amitié avec l’Occident est un facteur secondaire par rapport à sa volonté d’indépendance.

JOL Press : Le président Hassan Rohani pourrait-il cependant accélérer le processus ?
 

Bernard Hourcade : Oui, aujourd’hui l’Iran n’est plus dans une période de confrontation mais dans une période de bilan et de mise à profit des nouveaux rapports de force sur la scène régionale et internationale. Ces derniers ont changé, l’Iran est maintenant stable et établi politiquement, et les États-Unis ont accepté de discuter.

D’une certaine manière, l’Iran a gagné. Les États-Unis, qui avaient juré la « mort » de l’Iran islamique, négocient actuellement et cherchent des solutions, parce que l’Iran est le seul pays stable de la région par rapport à l’Irak et l’Afghanistan que les guerres américaines ont dramatiquement déstabilisés.

La politique du président Rohani est de maintenir les acquis révolutionnaires tout en ayant une politique réaliste. Il cherche désormais un consensus au sein d’un gouvernement d’union nationale, et cherche à tirer des conclusions de ce changement politique mis en place par Khomeiny de façon révolutionnaire à l’époque. Aujourd’hui, Rohani est particulièrement bien placé puisqu’il est apprécié par tous les camps. Il n’est soutenu par personne mais personne n’est contre lui : il peut ainsi jouer le rôle de coordinateur du gouvernement d’union nationale.

Propos recueillis par Anaïs Lefébure pour JOL Press

——-

Bernard Hourcade est directeur de recherche émérite au CNRS et spécialiste de l’Iran. Il a dirigé l’Institut français de recherche en Iran (1978-1993) et l’équipe de recherche « Monde iranien » (1992-2003). Il est l’auteur de plusieurs ouvrages dont Géopolitique de l’Iran, Editions Armand Colin, 2010.

La Rédaction


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