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Viols au Congo: 2 médecins témoignent de leur combat quotidien

16.06.2014 par La Rédaction
Viols au Congo: 2 médecins témoignent de leur combat quotidien

Ce livre se veut un témoignage des prodiges qu’accomplissent deux médecins dans l’hôpital de Panzi, à l’est de la République démocratique du Congo (RDC) : jour après jour, les médecins Mukwege et Cadière soignent des femmes violées et luttent à leurs côtés contre la barbarie. « Panzi » (Editions du Moment – juin 2014) est aussi l’histoire de leur amitié. Extraits.

[image:1,l]

L’histoire de l’amitié est, en soi, un symbole d’espoir : l’homme noir et l’homme blanc alliés dans la guérison et dans la paix. C’est l’histoire de leurs luttes pour un meilleur traitement des victimes de viols au Congo, pour leur propre vie parfois, et pour que le pays cesse enfin de souffrir.

Extraits de « Panzi », du Dr Denis Mukwege et du Dr Guy-Bernard Cadière (Editions du Moment – juin 2014) 

Dr Mukwege : « C’était un soir, le 25 octobre 2012. Je rentrais chez moi après une longue absence. J’étais parti d’abord à New York puis à Genève. À peine arrivé, je me suis rendu directement de l’aéroport à l’hôpital… J’y ai travaillé jusqu’à environ 15 h 30, puis j’ai regagné mon domicile. Mon épouse s’était absentée pour assister à un mariage. J’ai eu la visite d’une patiente qui éprouvait des difficultés à se déplacer. Après auscultation, je lui ai proposé de la conduire en voiture là où je savais qu’elle pourrait trouver un taxi, afin de lui éviter une marche trop pénible. Il était aux alentours 18 h 45. » 

Ce que Denis ignore alors, c’est que cinq tueurs l’observent et guettent le moment propice pour le piéger. La maison de Denis Mukwege à cette époque est une villa située dans le quartier résidentiel de Bukavu, avec un seul accès : un solide portail métallique surveillé par une tour de garde. L’environnement peut paraître paranoïaque, mais toutes les maisons du quartier sont construites sur le même modèle. L’une des villas jouxtant celle de Denis est totalement identique. À 18 h 45, la rue est calme. Quand la voiture de Denis franchit le portail et se dirige vers le centre de Bukavu, le soleil décline déjà. N’oublions pas que nous sommes pratiquement sur l’équateur, jours et nuits sont sensiblement égaux, à quelques minutes près.

La voie est libre et le moment adéquat. Les tueurs s’élancent vers la maison de Denis. Les lieux sont surveillés par deux sentinelles et chacune d’elles est ce jour-là accompagnée d’un ami. Sous la menace des armes, les gardes et leurs compagnons se rendent. Ils sont aussitôt ligotés et enfermés dans le poste de guet. Pourquoi ne pas les avoir supprimés ? Probablement pour éviter d’ameuter le quartier avec un coup de feu avant que le contrat soit rempli. Les intrus sont des professionnels.

Deux d’entre eux restent avec les prisonniers pour les surveiller et garder un œil sur la route, en attendant le retour du propriétaire. Les trois autres pénètrent dans la maison où se trouvent les filles de Denis. Ils les menacent de leurs armes et les forcent à s’asseoir sur le sol. Elles ne seront pas blessées. Les tueurs n’ont pas de temps à perdre avec elles. Leur cible, c’est le docteur. La longue attente commence.

[image:2,s]Vingt-cinq minutes d’angoisse. Enfin, la voiture de Denis approche. Dr Mukwege : « La procédure ordinaire était de klaxonner pour demander l’ouverture du portail. Il s’est bel et bien ouvert mais au lieu des gardes c’est l’un des agres-seurs qui est venu à ma rencontre. Les tueurs qui étaient dans la maison et ceux qui occupaient le poste des sentinelles sont sortis pour le rejoindre. Ils se sont engouffrés dans mon véhicule et ont pointé leurs armes sur moi, sur la tempe et derrière la tête.

Là j’ai tenté d’accélérer pour jeter la voiture contre le mur d’en face mais ils m’ont maintenu le poignet en me menaçant : “Oh non, tu ne vas pas faire ça !” L’un des cinq, apparemment désigné comme chauffeur, m’a fait sortir de la voiture, une arme sur la tempe, pour prendre ma place au volant. J’ai été soulagé un court instant, imaginant qu’ils étaient de simples voleurs de voitures et qu’ils s’en iraient aussitôt qu’ils auraient commis leur rapine.

Mais celui qui avait pour mission de me tuer est sorti en même temps. Il a braqué son fusil-mitrailleur sur moi. Il allait tirer quand il a entendu un cri derrière lui. L’un de mes gardes s’était libéré, avait fait le tour de la maison et avait tenté de le prendre par surprise. Alors, tout est allé très vite. Quand la sentinelle a crié, l’un des assassins s’est retourné en pressant sur la gâchette et l’a abattue d’une rafale de mitraillette.

C’était une arme de type AK-47. J’ai cru que les balles étaient pour moi. Je ne peux pas vous raconter la suite. J’ai perdu connaissance sous l’effet de la peur. Quand j’ai repris mes esprits, les tueurs étaient partis, croyant m’avoir éliminé. Selon les témoins, ils ont démarré en trombe et ont disparu dans la nuit, en nous laissant au sol ma sentinelle et moi. Il y avait du sang partout.

En me voyant allongé par terre, les tueurs ont cru m’avoir également touché. Pour eux, il y avait deux cadavres au sol, leur mission était accomplie. De toute façon, compte tenu du bruit de la rafale de kalachnikov, il fallait partir avant que quelqu’un ne donne l’alarme. Quand j’ai rouvert les yeux, je me suis rendu compte que je ne saignais pas. Puis un voisin qui avait entendu les tirs s’est précipité en criant qu’on avait tué le garde. D’après ce que nous avons pu apprendre, les assassins ont abandonné ma voiture après une dizaine de minutes, le temps de quitter le quartier, elle ne leur a servi qu’à assurer une retraite rapide. Un homme a donné sa vie pour moi…

Ces crapules n’ont rien volé et n’ont pas agressé ma famille. Ils avaient recommandé à mes enfants de ne pas pleurer, ne pas crier, ne pas faire de bruit si elles voulaient vivre. Ils se sont ensuite assis, bien installés dans mon canapé, avec mes filles par terre, leurs armes pointées sur elles. Quand je suis arrivé dans la maison, je les ai trouvées là, immobiles.

——————

Le Dr Denis Mukwege est congolais. Directeur de l’hôpital de Panzi (Bukavu) dans l’Est du Congo, gynécologue de formation, il est chirurgien et s’est spécialisé dans la reconstruction du corps des femmes victimes de viols et mutilations, ce qui lui a valu de recevoir de nombreux prix humanitaires.

Le Pr Guy-Bernard Cadière est belge. Chirurgien, spécialisé dans le système digestif, il a été cité comme le meilleur chirurgien gastrique contemporain dans le monde. Pionnier de la chirurgie laparoscopique, une technique révolutionnaire, il se rend régulièrement auprès du Dr Mukwege pour l’aider dans son oeuvre.
 

La Rédaction


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