Le football italien ne réussit décidément pas à purger le racisme qui s’exprime en son sein – ou dans son environnement direct. Cette fois-ci, pourtant, la polémique n’est pas le fait de tifosi (supporters), mais d’instances prétendûment bien plus raisonnables… C’est Carlo Tavecchio qui se retrouve dans la tourmente. Le candidat favori de l’élection à la présidence de la Fédération italienne de football est accusé d’avoir tenu des propos racistes à l’encontre des joueurs noirs évoluant en Serie A, et en particulier de Paul Pogba.
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Appelé par Deschamps pour disputer le Mondial, Pogba a répondu présent et a notamment reçu le prix du Meilleur jeune de la compétition. (shutterstock.com)
« Il est arrivé en mangeant des bananes, et maintenant il est titulaire en Serie A »
Lors d’un discours, prononcé le vendredi 25 juillet devant des officiels du football transalpin, Carlo Tavecchio s’emporte, et tente une boutade : « Opti Poba est arrivé en mangeant des bananes, et maintenant il est titulaire en Série A ». L’audience rit jaune ; « Opti Poba » fait référence, sans le nommer directement, au milieu de la Juventus de Turin Paul Pogba.
Arrivé en Italie il y a deux ans, Pogba est devenu un élement clé du dispositif turinois, permettant notamment à son club de remporter le championnat en 2013 et 2014. Ce n’est pas la première fois que le natif de Lagny-Sur-Marne est victime de démonstrations racistes : en 2013, à l’occasion de la rencontre Milan AC-Juventus, les supporters milanais avaient accueilli Paul Pobga avec des cris de singe.
Carlo Tavecchio n’a pas tardé à réagir aux accusations : « J’accepte toutes les critiques mais pas l’accusation de racisme ; toute ma vie témoigne du contraire ». Pourtant, le mal est fait : la classe politique italienne, notamment le Parti Démocrate, condamne fermement ces propos et demande le retrait de la candidature de l’actuel vice-président de la Fédération.
Des débordements banalisés en Italie
L’Italie du football a connu son lot de scandales, fascistes et racistes, au fil des années, et ce malgré les mesures drastiques prises désormais à l’encontre des fautifs. On se souvient, par exemple, que durant l’intégralité de sa carrière à la Lazio de Rome (1985-1990 et 2004-2006), Paulo Di Canio avait effectué à plusieurs reprises le salut fasciste en direction de supporters laziales pour célébrer un but. L’attaquant n’aura été sanctionné qu’une seule fois : une amende de 10 000 euros assortie d’un match de suspension.
Mais les champions de la bêtise restent, et de loin, les supporters. La Serie A, aujourd’hui encore, continue d’être le théâtre de chants racistes, cris de singes, jets de bananes… Les arbitres ont depuis reçu l’autorisation d’interrompre le match le temps que l’ordre soit rétabli ; au-delà, ils ont reçu le pouvoir de renvoyer les 22 acteurs aux vestiaires. Avec Carlo Tavecchio comme président de la Fédération Italienne de football, la lutte contre le racisme dans les stades et sur les terrains ne risque pas de s’intensifier dans les années à venir…