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Horloge inversée en Bolivie: «Un acte symbolique de décolonisation»

01.07.2014 par La Rédaction
Horloge inversée en Bolivie: «Un acte symbolique de décolonisation»

Entretien avec Laurent Lacroix, SOGIP-EHESS, qui mène une grande partie de ses recherches actuelles sur l’Etat plurinational et les mouvements autochtones en Amérique latine.

Depuis quelques jours, le Parlement bolivien sur la Plaza Murillo, à La Paz, arbore un objet qui attise la curiosité des passants: une horloge dont le sens des aiguilles est inversé. Cette mesure symbolique, prise par le gouvernement pour dénoncer la domination de l’hémisphère Nord sur le Sud et revendiquer l’identité des peuples du Sud, s’inscrit dans la démarche de décolonisation d’Evo Morales, pilier de la gauche radicale en Bolivie, premier indien Aymara à tête de l’Etat.

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JOL Press : Une horloge inversée a été accrochée sur la façade du Parlement bolivien pour dénoncer la suprématie de l’hémisphère nord sur les pays du sud. Cette mesure symbolique anti-impérialiste reflète-t-elle la politique d’Evo Morales ?
 

Laurent Lacroix : Oui et non. Sur la scène internationale, la politique d’Evo Morales repose sur une démultiplication des actions symboliques : un grand travail d’imagerie est réalisé par le cabinet du président, autour de la figure indienne qu’incarnerait le premier chef d’Etat d’origine Aymara, présenté comme un grand défenseur de la nature et des droits peuples autochtones.

La démarche de cette horloge, dont le sens des aiguilles a été inversé, s’inscrit dans les actions désormais régulières menées par le gouvernement bolivien pour dénoncer l’impérialisme et proposer des alternatives. Il s’agit d’un acte symbolique de décolonisation: le gouvernement de Morales affirme vouloir décolonialiser les esprits et les institutions, en cherchant une identité propre qui s’inspire d’une expérience, d’une morale ou d’une philosophie autochtone. Tout cela est évidemment objet de politisation. Une rhétorique indianiste parfaitement huilée qui fonctionne bien auprès d’une communauté internationale assez crédule.

C’est un acte très secondaire qui a pris une grande ampleur grâce à la couverture médiatique. Ce n’est pas la première fois qu’Evo Morales mène des actions symboliques de la sorte : on se rappelle par exemple de son intronisation symbolique sur les ruines préincaïque de  Tiwanaku à l’issue de son élection en 2006 puis 2009.

JOL Press : Les élections présidentielles en Bolivie auront lieu en octobre prochain. Le président Evo Morales se présentera pour un troisième mandat. Quel bilan peut-on tirer de ses huit années à la tête de l’Etat ?
 

Laurent Lacroix : Le premier mandat d’Evo Morales a été relativement positif, bien accueilli, en termes d’application du programme politique.

La conjoncture particulière du deuxième mandat le rend un peu plus complexe. La mise en place de la Constitution a fait l’objet d’enjeux et d’attentes très particulières. A partir de la mise en place de la nouvelle Constitution, quelques fissures sont apparues au sein de l’alliance autour du Movimiento al Socialismo (MAS), entre les différents secteurs sociaux. C’est globalement, un mandat beaucoup plus terne que le premier.

Ce double mandat aura été marqué par une suractivité politique du cabinet d’Evo Morales : de nombreuses de réformes ont été réalisées : des réforme territoriales, des réformes de la justice. Des politiques sociales ont également été menées dans le secteur de la santé, de l’éducation, au niveau du salaire minimum ou encore de l’instauration de la retraite. Des réformes, très appréciées par toute la population.

JOL Press: En 2011, Evo Morales a fait face à de nombreux conflits sociaux, notamment au mouvement de protestation des organisations Indigènes …Quels sont les points de blocage ?
 

Laurent Lacroix : Il faut tout d’abord rappeler le contexte politique dans lequel Evo Morales a été élu en 2006 : à la fin d’un cycle de conflits sociaux importants et de cinq années d’instabilité politique et sociale.  

Il a été élu sur la base de deux grands objectifs : la nationalisation des hydrocarbures et la mise en place d’une assemblée constituante chargée d’élaborer d’une nouvelle constitution. Depuis 2004-2005, il y a donc eu, dans ce contexte, une alliance entre les principales organisations autochtones, le parti d’Evo Morales et d’autres mouvements sociaux.

Mais en 2006-2007, les premières déconvenues entre les organisations autochtones et le gouvernement du MAS se sont faites sentir: d’abord autour de la question de la participation et de la représentation politique des autochtones au sein de l’Etat. Rappelons que la Constitution prévoit l’instauration d’un Etat dit « plurinational »: c’est-à-dire un Etat qui reconnaît les autochtones comme des identités juridiques et politiques constitutives à l’Etat, au même titre que les citoyens. Les organisations autochtones attendaient plus d’espace d’expression, mais le gouvernement d’Evo Morales n’a pas véritablement tenu parole concernant ces questions.

L’arrivée d’Evo Morales, n’a pas amélioré la situation concernant la question territoriale, fondamentale pour les organisations autochtones. En 2010-2011, le projet de route qui devait traversé un territoire autochtone, le Territoire Indigène et Parc National Isiboro Sescuré (TIPNIS), a focalisé l’attention de tous, et a constitué le point de bascule posant le problème du non-respect des territoires et de la consultation des peuples autochtones, alors que la constitution bolivienne reconnaît l’intégralité de la déclaration des nations unies sur le droit des peuples autochtones.

JOL Press : Les organisations Indigènes qui avaient soutenu sa candidature pourraient-elles aujourd’hui  s’opposer à un troisième mandat en 2014 ?
 

Laurent Lacroix : Le mouvement autochtone et paysans est vraiment divisé, de par l’action même du gouvernement du MAS qui cherche a contrôler l’ensemble des mouvements sociaux : dès qu’il y a des contestations en interne, au sein de la coalition, le gouvernement fait en sorte que  les organisations se déchirent pour les affaiblir. Aujourd’hui, dans la perspective des élections de 2014, une partie du mouvement autochtone et paysan soutient  la candidature d’Evo Morales, et l’autre partie va entrer en concurrence avec le MAS, en s’alliant ou en soutenant des leaders d’opposition.

Propos recueillis par Louise Michel D. pour JOL Press

La Rédaction


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