La page Facebook Women Against Feminism a été créée aux Etats-Unis le 3 janvier 2014. Depuis, elle ne désemplit pas, et pour cause : plusieurs dizaines de femmes se prennent en photo, tenant dans leur main une pancarte expliquant les raisons pour lesquelles elles n’ont pas besoin du féminisme dit «moderne».
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Une jeune américaine rejoint le mouvement « women against feminism » en se prenant en photo (Picture: Tumblr/womenagainstfeminism).
Mettre fin aux préjugés et confusions
Le mouvement fait parler de lui. Le but est simple: plusieurs internautes femmes se mettent en scène pour lutter contre le féminisme. La pancarte qu’elles portent entre leurs mains doit commencer par «je n’ai pas besoin du féminisme car…» , les jeunes femmes devant ensuite développer leurs arguments.
Elles sont étudiantes, ont un emploi ou sont mères de famille et ont toutes un point commun: elles refusent de se voir imposer un féminisme qu’elles disent ne pas avoir souhaité.
Parmi elles on peut lire :
«Je n’ai pas besoin du féminisme car je suis responsable de mes actes; je crois en l’égalité réelle; je ne suis pas une victime; je respecte les hommes et je n’ai pas besoin de les rabaisser pour me valoriser; il est passé d’un mouvement pour les droits à une organisation sexiste, corrompue et haineuse. Voilà à quoi ressemble une anti-féministe.»
«Je n’ai pas besoin du féminisme car être mère au foyer est mon propre choix, et mon mari qui travaille ne devrait pas être harcelé. »
«Je n’ai pas besoin du féminisme car je ne souhaite pas politiser mon genre.»
Le mouvement émerge alors que beaucoup de féministes, comme les Femen, utilisent la force, la violence et la provocation pour se faire entendre. Une initiative qui fait forcément échos à plusieurs dérapages des organisations des féministes extrémistes.
Le visage de l’anti-féminisme d’aujourd’hui
Autre but de la campagne: faire de la lumière sur ces femmes qui ne se disent pas féministes, qui travaillent, gagnent leur vie et ne font pas de la lutte des sexes le combat de leur vie. Beaucoup de femmes ont ajouté à leur pancarte la phrase «Voilà ce à quoi ressemble une féministe » afin de mettre un terme à un imaginaire où la femme antiféministe est une fervente religieuse où une personne âgée aux valeurs obsolètes.
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Parmi elles, toutes n’entendent pas le féminisme de la même manière: certaines veulent faire comprendre la différence qui s’opère entre féminisme et égalitarisme. D’autres réclament leur droit à vouloir entretenir une existence «traditionnelle» et à exercer un rôle de mère au foyer qui leur tient à cœur.
D’autres enfin, sur un ton beaucoup plus léger, affirment n’être aucunement dérangées par le regard insistant d’hommes sur leur corps. Mais la majorité des femmes se rejoignent en réalité contre un «féminisme imposé» qu’elles subissent. Beaucoup affirment que la culture du féminisme devient un totalitarisme. Elles réclament ainsi un droit de regard diffèrent sur leur conception du bonheur, un droit à une famille patriarcale et non à une émasculation du sexe opposé.
Un accueil mitigé
Alors que certaines femmes se sentent concernées par cette entreprise et se félicitent que l’on mette fin à ce tabou, d’autres sont consternées.
Plusieurs internautes tournent en dérision les déclarations du site WomenAgainstFeminism :
«Je n’ai pas besoin du féminisme parce que les appels au secours de ma voisine, battue par son mari, ne m’empêchent pas de dormir»
« Je n’ai pas besoin du féminisme car 200 femmes violées chaque jour en France ce n’est pas tant que ça !»
Les réponses sont tellement virulentes que s’est improvisée une véritable «guerre» entre féministes et antiféministes. Sur le site Total Soronity Move, des femmes ont décidé de répondre une par une aux photos postées sur le site. Le site indique « Le problème, c’est que ces filles n’ont clairement rien compris à ce que signifie le féminisme aujourd’hui », réplique TSM. « C’est assez ironique parce que les idées qu’elles défendent au fond sont des valeurs féministes. »
Une fois encore, c’est la définition même du terme «féminisme» qui reste au cœur du débat car aucun des deux sites, y compris celui qui s’en revendique, ne s’accordent sur une définition fiable qui permettrait à certaines femmes de se positionner en dehors de cette idéologie.
