Les démocraties sont régulièrement la cible d’attaques terroristes. L’émergence du mouvement Daech et les attentats de Paris en janvier dernier ont mis en évidence un contexte inédit : des moyens financiers très importants, un endoctrinement fait sur Internet, le recours à des « loups solitaires »… Ces nouvelles menaces obligent la France à revoir sa stratégie de lutte contre le terrorisme, tout en s’interrogeant sur l’efficacité de son modèle d’intégration.
Depuis trois ans, la France n’a cessé de renforcer son arsenal technique et juridique pour s’adapter aux modes opératoires du terrorisme. La loi sur le renseignement autorise et encadre le recours à de nombreuses méthodes d’espionnage telles que les écoutes, la pose de caméras ou de logiciels espions, dont les fameuses « boîtes noires ». En plus de recueillir le soutien de la population – 63% des Français sont favorables à une restriction de la liberté individuelle sur Internet pour lutter contre le terrorisme –, cette loi a été déclarée conforme à la Constitution. S’y ajoutent de nouveaux outils juridiques et financiers, comme l’abaissement du plafond de paiement en espèces ou la création d’un délit d’entreprise terroriste individuelle. Enfin, 2 680 postes seront créés d’ici trois ans dans le domaine du renseignement.
La répression est-elle suffisante ? Non, d’après les spécialistes qui plaident pour un volet complémentaire, de nature éducative. Certaines initiatives ont déjà été mises en œuvre, comme l’introduction d’un enseignement moral laïque dans les programmes scolaires, la formation de 300 000 enseignants dès la rentrée 2015, ou la signature par les parents d’élèves d’une charte de la laïcité. Des associations accompagnent les familles de jeunes radicalisés ou enseignent de manière ludique l’histoire des religions aux enfants. Au niveau local, les élus organisent le dialogue interconfessionnel pour aborder des problématiques comme la construction de lieux de culte ou le choix des menus de cantine. Des entreprises publient des recommandations pour les cadres confrontés à des revendications religieuses sur le lieu de travail.
Si les attentats de Paris ont ébranlé des certitudes, ils ont aussi été l’occasion d’une formidable mobilisation populaire en faveur des valeurs de la République.