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Idées

Les noces difficiles de la Mauritanie et du Maroc

29.10.2015 par Paul Benguella

Le lien entre le Mauritanie et le Maroc a quelque peu été malmenée par l’histoire. Il faut dire que l’amour n’est plus tout jeune dans cette région où le moindre geste en faveur des uns chagrine les autres. Les deux voisins ont depuis une demi douzaine d’années un rapport volatile, tant caractérisée par des provocations puis des déclarations amicales, sur fond d’alliance historique.

Et dire que tout commençait si bien. En 2008, alors que Mohamed Ould Abdelaziz arrive au pouvoir en Mauritanie, il annonce qu’il ne changera pas la position du pays sur la délicate question du Sahara occidental, province cédée au Maroc et à la Mauritanie en 1975 lors des accords de Madrid. La décision est largement saluée par Rabat et quand le territoire réclame son indépendance, le Maroc et la Mauritanie s’opposent ensemble aux séparatistes du Front Polisario, soutenus par l’Algérie et la Libye. Aujourd’hui, alors que ce conflit n’est toujours pas résolu (le Maroc occupe toujours militairement 80 % du territoire du Sahara occidental), il ne se passe une semaine sans que la presse ne remette sur la table la détérioration des relations entre le Maroc et la Mauritanie.

On peut observer, au cours de la nouvelle décennie, une multiplication d’incidents mineurs de nature à faire douter les dirigeants quand aux intentions de leur voisin et allié. En décembre 2011, le directeur de l’agence de presse marocaine MAP est expulsé de Mauritanie. Il est accusé d’espionnage. À l’époque, la diplomatie marocaine avait laissé entendre qu’il avait pu faire les frais d’un « lobby » désireux de « régler ses comptes, au détriment du Maroc. » Un an plus tard, au lendemain de sa réélection, en 2014 Mohamed Ould Abdelaziz doit se contenter lors de la cérémonie d’investiture de la présence du président de la Chambre des représentants marocaine, Rachid Talbi Alami. Dernier affront en date, en mai 2015, pour sa tournée africaine annuelle, Mohammed VI a snobé la Mauritanie, pour se contenter de ses alliés subsahariens l’Ivoirien Alassane Ouattara, le Gabonais Ali Bongo Ondimba et la Guinée-Bissau. Le souverain marocain n’aura en définitive jamais été en Mauritanie.

Les analystes font remonter ce froid à l’investiture d’Abdelaziz à la présidence. En 2009, au lendemain de son élection, le président mauritanien prépare sa première tournée internationale et multiplie les appels de pied aux autorités marocaines. L’invitation officielle de Rabat, tant attendue, tarde à arriver, ce qui pousse Aziz à visiter d’abord Alger afin de mettre les points sur le « i » et montrer que la Mauritanie devait être prise au sérieux. La tiédeur de Rabat, et les rapports extrêmement tendus dans la région depuis la guerre du Sahara occidental, ont imposé à la diplomatie mauritanienne de jouer les funambules entre les deux grandes puissances rivales du Maghreb, l’Algérie et le Maroc. La Mauritanie suit aujourd’hui une ligne qu’elle qualifie de « neutralité positive », alors que la moindre petite attention adressée à l’un des voisins provoque immanquablement le courroux de l’autre.

En choisissant de claquer la porte de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) en 1999, la Mauritanie a cessé de faire le pont entre le monde arabe et l’Afrique subsaharienne. Ce choix a amené le pays à se tourner vers l’Union du Maghreb arabe (UMA), dont le Conseil des chefs d’État ne s’est plus réuni depuis 1994. De fait, sa politique régionale a fait les frais d’un climat glacial, détérioré par plus de trente ans de désaccord autour de la question du Sahara occidental. Nouakchott a des intérêts auprès des deux sœurs ennemies du Maghreb, et si la ligne politique qu’elle suit est délicate, la Mauritanie peut tirer son épingle du jeu si elle est suffisamment adroite. Ainsi, les Premiers ministres algérien et mauritanien, respectivement Abdelmalek Sellal et Moulay Ould Mohamed Laghdaf, ont organisé à Nouakchott en mars 2013 la commission algéro-mauritanienne. Un mois plus tard, le pays accueillait le chef du gouvernement marocain, Abdelilah Benkirane, pour présider la commission maroco-mauritanienne.

Cet équilibre fragile est aujourd’hui à nouveau menacé, par des tensions propres à la Mauritanie cette fois. Le milliardaire mauritanien Mohamed Ould Bouamatou, également cousin du président, est en bisbille avec le régime de Nouakchott. Trois des sociétés de l’homme d’affaire le plus puissant du pays font l’objet d’un redressement fiscal pour un montant d’environ 4 milliards d’ouguiyas (11 millions de dollars). Afin de fuir les feux du fisc, ce dernier s’est exilé à Marrakech, mais ses réseaux restent puissants en France et en Mauritanie. Fou de rage de voir son empire ainsi attaqué, il tire des ficelles et occupe le terrain médiatique pour embarrasser le régime de son cousin – avec notamment le lancement le 8 août à Bruxelles, d’une Fondation pour l’égalité des chances en Afrique, qui semble prendre spécifiquement pour cible la présidence. Elle offre en effet une véritable plateforme pour attaquer son cousin, le président Aziz. Le slogan de la fondation en dit long : « faire en sorte que le pouvoir ne soit pas un raccourci pour l’enrichissement »

En parallèle, l’organisme de presse français Mondafrique – au sein duquel Bouamatou détient 10 % des parts, et dont il a largement financé le lancement en 2014 – s’est lancé dans une véritable croisade contre le régime de Nouakchott, avec plus de 70 articles virulents contre Abdel Aziz. Le journal a d’ailleurs récemment été condamné pour diffamation dans un procès l’opposant au secrétaire général du FLM, Amar Saâdani. Ses manœuvres afin de déséquilibrer la présidence ne s’arrêtent d’ailleurs pas au seul Maroc. Le 3 janvier 2015, le site d’informations mauritanien Taqadoumy avait révélé, dans son édition en ligne que le président sénégalais avait accordé une audience à Mohamed Ould Bouamatou. La prétendue audience, début janvier 2015 à Dakar, entre le richissime homme d’affaires mauritanien et le président sénégalais Macky Sall, s’est révélée n’être qu’un canular. Ce dernier s’est empressé de passer un coup de fil à son homologue mauritanien afin de démentir cette rumeur.

Un nombre croissant de commentateurs estime que l’entreprise de sape dans laquelle Bouamatou s’est lancé constitue une tentative de retour dans les sphères d’influence de son pays d’origine, avec dans le viseur la présidentielle de 2019. Qu’il mène son plan à terme ou non, force est de constater que les tractations de ce dernier ont considérablement affecté les rapports entre le Maroc et la Mauritanie.

Paul Benguella


Bouamatou Espionnage Maroc Mauritanie
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