Le ministre britannique de l’Économie, Philip Hammond, a menacé l’UE de « changer de modèle » fiscal et économique si son pays n’obtient pas un accès au marché européen. Une condition exclue de fait par les autres membres de l’Union, dès lors que le Royaume Uni met un terme au principe de libre circulation des personnes. La mise en garde britannique de de baisser l’impôt sur les sociétés divise le pays, et a notamment provoqué les critiques du chef de l’opposition, Jeremy Corbyn.
Alors que les négociations autour d’un maintien de l’accès britannique au marché européen après le Brexit semblent avoir atteint un point mort, le Ministre de l’économie Philip Hammond a dégainé une nouvelle arme de dimanche dans une interview accordée à un journal allemand die Welt. Il a menacé, s’il n’obtient aucune concession de Bruxelles, de « changer de modèle » fiscal et économique – en d’autres termes, de baisser drastiquement son taux d’imposition pour être plus compétitif s’il ne bénéficie plus du même accès au marché européen que les autres pays, encore membres de l’UE.
« Nous devrions être capables de trouver un accord pour permettre, sur une base de réciprocité, l’accès à nos marchés respectifs sans l’intégration politique que l’adhésion à l’UE a impliquée » justifiait le Ministre. Un point de vue rejeté en bloc par les pays membres. Pour eux un maintien de liberté de circulation des marchandises est inacceptable sans un maintien de liberté des personnes. Depuis le « non » au référendum de maintien dans l’Union du 23 juin, les 27 autres pays de l’Union européenne s’opposent fermement aux propositions « à la carte » du gouvernement de Theresa May.
« La plupart d’entre nous qui avons voté pour rester (dans l’UE) aimeraient que le Royaume-Uni demeure une économie au style reconnaissable européen avec un système d’impôts de type européen, un système de régulation de type européen » a expliqué M. Hammond, qui s’était opposé au Brexit au moment de la campagne. « Mais vous pouvez avoir la certitude que nous ferons ce que nous avons à faire » a-t-il prévenu.
Des propos qui ont écho à ceux de George Osborne, le chancelier de l’Échiquier – l’équivalent du ministre des Finances – dans une interview au Financial Times, qui annonçait envisager de faire passer cette taxe sous la barre des 15 % d’ici à 2020. Un cadeau fiscal alors que les augures sont noires au Royaume-Uni : les prévisions disent qu’un quart des entreprises envisagent de geler les nouvelles embauches et qu’un cinquième d’entre elles ont annoncé vouloir délocaliser tout ou partie de leurs activités dans un autre pays de l’UE (dont EasyJet, Vodafone, VISA, Tata ou RyanAir)/
Pour le leader travailliste Jeremy Corbyn, la pratique du dumping fiscal est une ligne politique « au rabais sur les rives de l’Europe » avant de poursuivre « nous perdrons la moitié de notre marché d’exportation ». Le leader de l’opposition estime Theresa May s’apprête à se lancer dans « une guerre commerciale » inféconde avec l’UE. « Cela me semble être une stratégie extrêmement risquée » a-t-il conclu.