L’organisation islamiste qui contrôle la bande de Gaza a modifié, lundi soir, son programme politique, acceptant notamment un Etat palestinien limité aux frontières de 1967. Le Hamas a aussi insisté sur le caractère « politique » et non religieux de son conflit avec Israël.
Le Hamas – mouvement islamiste armé de Palestine – a annoncé lundi soir avoir mis à jour son programme politique. La modification de ce texte, inchangé depuis près de 30 ans, montre un visage modéré pour cette organisation que nombre d’états occidentaux considèrent comme un mouvement terroriste – notamment les Etats-Unis et l’Union européenne. L’organisation y estime que « l’établissement d’un Etat palestinien entièrement souverain et indépendant dans les frontières du 4 juin 1967, avec Jérusalem pour capitale, (…) est une formule de consensus national ».
Pour Khaled Mechaal, le chef du Hamas en exil, ce texte « plus modéré, plus mesuré (…) permet de se prémunir contre les accusations de racisme, d’antisémitisme ou de contravention au droit international ». Le Hamas y dit notamment « faire la différence entre les juifs comme communauté religieuse d’une part et l’occupation et le projet sioniste d’autre part ». Ce faisant, il s’aligne ainsi sur la position de l’Organisation de libération de la Palestine, dirigée par Mahmoud Abbas. Cette dernière est à la tête de « l’autre Palestine », la Cisjordanie.
Le mouvement prend par ailleurs ses distances avec les Frères musulmans égyptiens. « Idéologiquement, nous faisons partie de l’école frériste (…) mais nous ne suivons aucun mouvement en termes d’organisation », a précisé Khaled Mechaal. « Le Hamas est un mouvement vivant qui se renouvelle », a-t-il plaidé lors d’une conférence de presse à Doha. « Nous sommes prêts à coopérer avec quiconque pouvant nous aider à obtenir » notre Etat unique – un Etat limité à la Cisjordanie, la bande de Gaza et Jérusalem-Est – a-t-il ajouté.
Il s’agirait d’une tentative de renouer le dialogue avec « plusieurs capitales étrangères », dont beaucoup refusent actuellement de dialoguer avec le Hamas, d’après un de ses responsables, qui a parlé à l’AFP sous le couvert de l’anonymat. Cette annonce intervient deux jours avant la première rencontre entre le président américain Donald Trump et son homologue palestinien officiel, Mahmoud Abbas. Israël n’a pas manqué de dénoncer « l’opportunisme » de ce document « mensonger ».
Le Cogat, l’organe du ministère israélien de la Défense en charge des Territoires occupés, a mis en garde contre une tentative « de se présenter avec ce soi-disant document comme une organisation éclairée et développée ». « Ils creusent des tunnels pour mener des actes terroristes et tirent des milliers et des milliers de missiles sur des civils israéliens » a rappelé David Keyes, un porte-parole du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.